À Toulouse, les intermittents et précaires se mobilisent pour défendre leurs droits

La Coordination des intermittents et précaires de Midi-Pyrénées organisait aujourd'hui, jeudi 13 mars, une "journée de résistance". Cette mobilisation intervient alors que les négociations Unedic sur la réforme de l'Assurance chômage s'achèveront le 20 mars.
Les manifestants et leurs chaises devant le Théâtre Sorano

Manifester avec des chaises, c'est ce qu'ont fait les intermittents et précaires qui défilaient cet après-midi dans les rues de Toulouse. "Pour s'asseoir, pour monter dessus, faire du bruit", expliquent les organisateurs. À une semaine de la dernière journée de négociations entre syndicats patronaux et salariaux, il était surtout question de montrer le désaccord avec les propositions du Medef concernant l'assurance chômage. Le syndicat patronal souhaite notamment la suppression du "régime spécial" des intermittents du spectacle ainsi que celui des intérimaires et propose de moduler les droits à l'allocation en fonction du nombre de chômeurs. Réponse d'un intéressé : "Les intermittents ne coûtent pas plus cher que les autres chômeurs." L'intéressé en question c'est Mathieu Grégoire, sociologue et membre de l'association "Réseau Salarial", venu s'exprimer ce matin lors d'une conférence-débat au Théâtre Sorano.

Les négociations s'annoncent compliquées
Les positions entre patrons et salariés sont tranchées. Le Medef juge les régimes des intermittents et des intérimaires plus "favorables" que le régime général et estime qu'ils sont une des causes du déficit de l'assurance chômage. De leur côté, les intermittents rétorquent qu'ils ont besoin de leur régime propre, adapté à leur emploi "instable". Ils revendiquent un retour au système de la "date anniversaire", en place avant les accords Medef-CFDT-CFTC-CGC de 2003. L'accès aux indemnités chômage nécessitait alors un total d'au moins 507 heures travaillées sur une période de 12 mois, et ouvrait le droit à 12 mois d'indemnisation. À l'heure actuelle, ces mêmes 507 heures doivent avoir été effectuées en 10 mois pour les techniciens et 10 mois ½ pour les artistes tandis que l'indemnisation est versée pendant 8 mois.

Les intermittents et précaires craignent un accès plus difficile aux allocations chômage dans le cas où les propositions du Medef seraient intégrées dans la nouvelle convention définie par l'Unedic (Union nationale interprofessionnelle pour l'emploi dans l'industrie et le commerce). Pour bénéficier du régime général, il leur faudrait travailler 610 heures sur une période de 28 mois. Sachant qu'ils toucheraient les allocations aussi longtemps qu'ils auraient travaillé (un jour cotisé = un jour indemnisé). Parmi les autres revendications salariales, on trouve la mise en place d'un régime commun aux artistes et techniciens ainsi que d'un plafonnement des revenus. Cette manœuvre permettrait de limiter l'indemnisation de la minorité d'intermittents qui touche déjà d'importants salaires.

Les syndicats mobilisés
Laurent et Gina, tous deux comédiens et manifestants, insistent sur le rôle "mobilisateur" de cette journée. Ils saluent notamment la présence de nombreux syndicats salariaux. "Pour certains, c'est la première fois. Il y a eu une prise de conscience", insistent-ils. Parmi ces syndicats, on retrouve Solidaires31, Sud Culture Solidaires, le Syndicat National des Arts Vivants, la CGT ou encore Solidaires SUD Emploi (syndicat du Pôle Emploi). Ce soutien syndical est d'autant plus important pour les manifestants qu'ils reprochent à l'Unedic de les écarter des négociations. "Ils discutent du sort de gens qui n'y sont même pas représentés", déplore le même Laurent.

Dans un communiqué de presse, Pierre Cohen, maire de Toulouse et candidat à sa réelection, a affirmé son soutien envers les intermittents face aux revendications du Medef.

Adrien Serrière
© photo Rémi Benoit

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