Troisième région française en termes de trafic aérien, l'Occitanie compte pas moins de 10 aéroports : Toulouse, Montpellier, Perpignan, Carcassonne, Tarbes, Béziers, Nîmes, Rodez, Castres et Brive (situé en Corrèze mais qui attire des voyageurs lotois). Si les plus grandes plateformes comme Toulouse (8 millions de passagers en 2016) ou Montpellier (1,7 million de passagers) drainent un trafic conséquent, dans les plus petites structures la fréquentation est nettement plus négligeable : à peine 42 000 passagers sur un année à Castres et 70 000 passagers à Rodez. De quoi s'interroger : y a-t-il trop d'aéroports en Occitanie ? Pour répondre à cette question, le Conseil régional a commandé une étude à un cabinet de conseil (le Bipe) afin d'évaluer les retombées économiques de chaque aéroport. Par ailleurs, les élus ont réalisé cet automne un tour régional des aéroports avec des réunions dans chaque ville.

85% du trafic aérien entre Toulouse et Montpellier

Côté fréquentation, d'après les chiffres pris en compte par le Bipe, les aéroports de Toulouse et Montpellier concentrent à eux seuls 85% de l'ensemble du trafic aérien régional (11,5 millions de passagers en 2016 sur les 10 aéroports). La Cour des comptes notait déjà dans un rapport sur l'ex-région Languedoc-Roussillon : "les flux de passagers sont très inégaux. La chambre constate la concentration de la fréquentation globale des aéroports du Languedoc-Roussillon sur l'aéroport de Montpellier, la fréquentation résiduelle étant répartie entre les quatre autres aéroports... situés entre le 32e et le 46e rang national". Cette situation est similaire à celle observée dans le reste de l'Hexagone.

"Il y a 84 aéroports en France réalisant des vols commerciaux. Or, 16 aéroports concentrent 95% de l'activité, ce sont ceux qui dépassent le million de passagers annuels. Les 68 restants ne représentent que 5% de l'activité (44 d'entre eux rassemblent à peine 0,5% de l'activité passagers)", fait remarquer Jean-Pierre Sauvage, président du Bar (Bord of Airlines Represantatives) qui regroupe les compagnies aériennes.

Certains aéroports sont très proches les uns des autres. "Il faut seulement 1h aux habitants de Béziers pour rejoindre Montpellier, c'est autant que du centre-ville de Paris à l'aéroport d'Orly. Quel intérêt d'avoir un aéroport dans les deux villes ?", s'interroge Jean-Pierre Sauvage.

De plus, la Cour des comptes observe que les petits aéroports "s'ils participent à l'arrivée de touristes étrangers sur le territoire régional, apparaissent aujourd'hui fragiles car très dépendants d'une seule compagnie aérienne : Ryanair". Les aéroports de Carcassonne, Béziers et Nîmes figurent même "dans le top 5 des aéroports français les plus dépendants des compagnies à bas-coût" avec entre 98,1% et 99,6% des mouvements d'avions réalisés par la compagnie irlandaise à prix cassés. Or, quand Ryanair a décidé l'an dernier de supprimer certains vols en France, certains petits aéroports ont beaucoup souffert, à l'image de celui de Beauvais qui a enregistré une baisse de 10% de son activité.

Enfin, tous les aéroports sont astreints à d'importantes normes de sûreté aérienne (notamment pour les postes d'inspection des bagages). La taxe aéroportuaire est majorée dans les grands aéroports au nom de la préréquation pour soutenir les petits aéroports régionaux dans la mise aux normes.

1% du PIB de la région

Les 10 aéroports d'Occitanie bénéficient d'un soutien conséquent de la Région, "environ 11 millions d'euros par an dont 8 millions d'euros pour les dépenses de fonctionnement" selon Didier Cordorniou, vice-président en charge des aéroports. Mais l'étude du Bipe relève des retombées économiques importantes sur le territoire : "L'activité aéroportuaire en Occitanie génère localement près de 19 000 emplois et 1,5 milliard de valeur ajoutée, soit 1% du PIB régional". Didier Cordorniou complète : "Celui de Carcassonne par exemple rapporte 110 millions d'euros de valeur ajoutée c'est plus de 10% du PIB du département de l'Aude. La plateforme attire les touristes en visite à la cité médiévale, classée au patrimoine mondial de l'Unesco".

D'ailleurs pour l'élu, ces aéroports trustés par Ryanair, attirent un nouveau public qui ne voyageait pas forcément via Toulouse ou Montpellier. "Et puis avec l'explosion annoncée du trafic aérien, les grands aéroports pourraient être saturés d'ici 2035, les aéroports de proximité ont dans ce contexte un rôle à jouer dans les vingt prochaines années", assure-t-il.

Une nouvelle structure régionale pour développer les aéroports d'Occitanie prévue au printemps 2018

Au delà de l'activité de transports de passagers, les aéroports régionaux ont également un rôle stratégique pour attirer les entreprises. "La présence d'un aéroport est souvent un pré-requis pour l'installation d'un industriel", confirme Jean-Pierre Sauvage. "Tous les aéroports ne misent pas sur les vols commerciaux. L'essentiel est que deux aéroports très proches ne soient pas en concurrence en termes d'activité", résume Nicolas Paulissen, délégué général de l'Union des aéroports français. Sur ce point, la Région cherche à identifier les spécificités de chaque plateforme. L'ensemble des acteurs va se réunir courant janvier à Carcassonne pour faire le bilan de la concertation menée par le Conseil régional. "Elle devrait déboucher sur la création d'un conseil de développement des aéroports d'Occitanie en avril 2018", annonce Didier Codorniou, vice-président du Conseil régional en charge de l'économie maritime et des aéroports.