À Toulouse, près de 1700 chefs d'entreprise manifestent pour "décadenasser" l'économie française

À l'appel de la CGPME, de l'UPA et de la FFB, près de 1 700 chefs d'entreprise ont défilé dans les rues de Toulouse à l'occasion de la première journée de la semaine de mobilisation du patronat. Principale revendication : l'abrogation du compte personnel de pénibilité qui devrait entrer en application en janvier. En fin de cortège, un important contingents de buralistes réclamait quant à eux un moratoire sur les hausses de prix du tabac.

Huées, sifflets et pétarades. Malgré le froid, les chefs d'entreprises étaient bien décidés à se faire entendre ce lundi matin, lors de la première manifestation de la semaine de mobilisation du patronat. "Libérez les entreprises !" De la Place du Salin à la place Saint-Étienne, le slogan était repris en boucle par les chefs d'entreprise qui ont manifesté ce lundi matin à Toulouse. "Hollande démission" scandaient aussi certains manifestants. Arrivé à la préfecture, le cortège de 1 700 personnes environ (4 000 selon les organisateurs, 1 500 selon la préfecture) s'est entouré d'une chaine composée de dizaines de cadenas. Une façon symbolique de dénoncer le carcan qui "cadenasse" les entreprises.

Première journée de la semaine de mobilisation annoncée par les chefs d'entreprises, cette manifestation était menée par la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises (CGPME), et par l'Union professionnelle artisanale (UPA). La Fédération française du bâtiment (FFB) et les buralistes étaient présentes également.

Revoir le compte pénibilité

"Nous en avons assez du poids des taxes et du droit social qui est de plus en plus complexe. Cela nous empêche de travailler et d'embaucher, explique Martine Labadie, vice-présidente de la CGPME Haute-Garonne. Avec le compte pénibilité et l'interdiction du temps partiel de moins de 24h par semaine, les entreprises ne sont pas libres. On nous parle tous les jours de la simplification administrative mais c'est le contraire qui se passe et nous faisons plus d'administratif que de business."

Même analyse du côté des artisans. "Nous avons trop de contraintes administratives et de charges. Le label RGE (Reconnu Garant de l'Environnement) par exemple nous coûte

500€ par an

sans promesse de marché, s'exclame Roland Delzers, président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment. Le compte pénibilité est inapplicable. Il doit être revu. Nous demandons qu'à l'avenir, le gouvernement nous écoute et discute avec nous des prochaines mesures."

Tout de rouge vêtus, les buralistes de la région formaient une partie importante du cortège. "Nous disons non à la hausse de 30 centimes du paquet de tabac en janvier, non aux paquets génériques, non à la hausse du prix des cigarillos, et nous demandons une harmonisation européenne, détaille Alain Vieilledent, président des buralistes d'Aveyron. L'État récupère 81,10% du prix du tabac. Il devrait également faire quelque chose contre la contrebande."

Le Medef, absent du cortège

Associé à cette semaine de mobilisation, le Medef n'a de son côté pas appelé à manifester. Une absence diversement appréciée dans le cortège. "Nous n'avons pas les mêmes valeurs", constate un chef d'entreprise. "Ils se mobilisent depuis leurs bureaux. Nous avons choisi d'aller dans la rue", ajoute un autre. "Pierre Gattaz dit des choses intéressantes mais lorsqu'il parle de l'ISF, ce n'est pas notre réalité, juge Jean-Nicolas Piotrowsky, animateur de la CGPME en Haute-Garonne. Il y a une fracture entre les PME et les grands groupes. Par exemple, ma société de 25 salariés paye plus d'impôts que Total, mais ce sont ces grandes entreprises qui profitent le plus du crédit d'impôts compétitivité emploi (CICE)". En tête de cortège, Roland Delzers de l'UPA réclamait d'ailleurs le remplacement de cette aide par une baisse de charges.

À chacun sa forme d'expression se défend le Medef. "Il n'y a pas de fracture puisque cette semaine est une mobilisation unitaire, assure Pierre-Marie Hanquiez, le président du Medef de Haute-Garonne. La CGPME a choisi d'être dans la rue. Vu le contexte toulousain, il nous a semblé que ce n'était pas la place des chefs d'entreprises. Qui plus est, ce n'est pas notre forme d'action. Nous préférons être constructifs. Des opérations unitaires auront lieu cette semaine. Elles sont en cours de finalisation."

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