Le 100% véhicule électrique automobile en Europe : un suicide français et européen ! (Jean-Louis Chauzy)

La Tribune publie une lettre ouverte de Jean-Louis Chauzy, le président du Ceser en Occitanie, une Lettre ouverte adressée à Thierry Breton, Commissaire européen au Marché intérieur et à Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Il est question de la fin de la vente des véhicules thermiques en Europe à horizon 2035.
Jean-Louis Chauzy, le président du Ceser en Occitanie, met en garde sur la fin de la vente de véhicules thermiques en Europe et ses conséquences économiques.

Sommes-nous obligés de nous suicider  ?

L'Union européenne, le Parlement européen et le Gouvernement français ont voté la fin des ventes des véhicules à moteur thermique fin 2035. La France l' a acceptée. Le groupe Renault a décidé de concentrer la fabrication de ses véhicules et de sa nouvelle gamme réduite avec une motorisation 100 % électrique, avec l'implantation de deux gigafactories dans les Hauts-de-France.

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Le Groupe Stellantis a, malgré les regrets de son Président Carlos Tavares, fait le même choix pour le site de Trémery en Moselle : 100 % dédié à la fabrication des moteurs électriques, comme en témoigne aussi la gigafactory lancée à Douvrin, près de Lens, avec TotalEnergies.

L'Allemagne change d'avis sans prévenir « ses amis Français» et organise la résistance avec l'Italie, la Pologne, l' Autriche, la Tchéquie et d'autres pays, pour qu'il soit fait un recours aux carburants de synthèse tel que l'hydrogène vert pour prolonger l'usage des moteurs thermiques menacés par l'irruption du véhicule 100 % électrique.

L'Union européenne, avec sa population de 446 millions d'habitants sans le Royaume-Uni, et un marché du véhicule neuf de 15 millions de ventes annuelles sur les 90 millions à l'échelle du monde, ne pourra imposer sa position sur l'automobile. C'est la seule région de la planète qui opte pour la seule technologie électrique afin de faire face au défi de l'amélioration de la qualité de l'air.

Les constructeurs devront continuer à fabriquer des véhicules thermiques et décarbonés, pour être présents sur tous les territoires. Exclure le moteur thermique du marché conduira les constructeurs à les fabriquer hors Europe.

Cette position ne peut être considérée comme une surprise. Depuis 2016, Carlos Tavares explique aux élus européens et français, qu'il leur appartient de fixer les normes des objectifs à atteindre pour la réduction des pollutions, mais qu'ils doivent surtout laisser le choix des technologies pour atteindre ces objectifsaux industriels, et donc aux constructeurs, seuls compétents pour y parvenir.

Le 26 janvier 2018, à l'issue de la réunion que le CESER avait organisée à la préfecture de l'Aveyron dans le cadre du comité de suivi des activités du Groupe Bosch, le représentant de la filière diesel de ce même groupe, M. Pauer, ingénieur, a été invité à intervenir en fin de séance pour expliquer les travaux de recherche en cours pour un carburant de synthèse sans émission de C02, qui prendrait le relais du diesel.

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Le sabordage de la filière par des groupes politiques notoirement incompétents, qui ont déjà sévi pour tuer la filière nucléaire en France, et qui par contre ont permis de relancer les centrales à charbon en Allemagne et les importations d éoliennes terrestres qui sont des énergies intermittentes, se poursuit avec la campagne pour l'interdiction de vente de véhicules à moteur thermique fin 2035.

Pourquoi la France devrait-elle encore sacrifier ce qui lui reste d'industrie automobile qui comptait en 2010 un million de salariés, mais seulement 440 000 aujourd'hui, et qui pourrait bien voir supprimer les 40.000 emplois qui existent encore dans les fonderies, alors que la nécessité de ne pas tout miser sur le véhicule électrique est en train de l'emporter au plan européen.

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Les constructeurs  évaluent à 40 % les pertes d'emploi pour la filière en Europe,  par la conversion au tout électrique.

En soutien aux acteurs de la filière (fédérations syndicales de la métallurgie, équipementiers, concessionnaires automobiles et garagistes), le Ceser demande au gouvernement français de défendre les énergies alternatives que sont les carburants de synthèse et de se prononcer à cet effet lors de la prochaine réunion des États membres.

Nous faisons également appel au soutien du Commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, qui s'est exprimé sur le sujet en faveur de la prolongation du moteur thermique, mais aussi à Bruno Le Maire pour défendre notre industrie et les emplois. La mise en œuvre de la décarbonation de l'industrie automobile doit s'appuyer sur deux technologies pour ne pas supprimer des dizaines de milliers d'emplois dans les territoires ruraux.

En 2050, il y aura encore des véhicules à moteur thermique qui circuleront en Europe et dans le monde. Ne laissons pas les marchés, et donc la vente aux seuls groupes chinois.

Nous ne sommes pas obligés de nous suicider. La partie automobile de la Mecanic Vallée occupait 3.000 emplois de production en 2005, il pourrait n'en rester aucun en 2025 !

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Commentaires 9
à écrit le 13/04/2023 à 10:09
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N'était-ce pas possible d'allier transition écologique et moteur thermique ? A 100% OK pour aller vers des VL sans émission, mais à un prix élevé. Sur le thermique polluant, l'Allemagne a toujours été sur des VL couteux. ALors n'y a-t'il pas d'autres...

à écrit le 27/03/2023 à 8:12
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Vous oubliez les carburants bio. Des sommes faramineuses ont été distribuées pour essayer de sortir une filière non agricoles avec par exemple les algues. Comment mettre aux rebuts ces acteurs ? Où est la logique ? Les carburants de synthèse pour ...

à écrit le 26/03/2023 à 16:08
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Soit, mais le maintient des énergies fossiles est un suicide mondial de l’humanité, au lieu d‘un suicide européen économique.

à écrit le 26/03/2023 à 10:19
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Magnifique stratégie allemande qui fait un barrage assidu au nucléaire français et qui dans ce cas laisse avancer la commission dans l'interdiction programmée du thermique pour y mettre un veto quand les constructeurs français ont accepté. Nos cher...

à écrit le 26/03/2023 à 7:52
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Oui oui le moteur thermique n'est pas mort, et qui plus est, on sait le faire tourner sans polluer, sans particules fines, et ce sur essence ou gas oil, et pour un prix modique, et une installation simple maison, au plaisir de partager sur le sujet q...

à écrit le 25/03/2023 à 23:36
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Bonjour, Je suis effaré de la "neutralité" de cet article ici je pensais avoir une information mais il est clair que les journaux et donc les journalistes ont oublié qu'ils n'ont pas à donner une opinion. Il est important de rester compétitif et je...

à écrit le 25/03/2023 à 18:37
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Merci pour votre article. Ce n’est que du bon sens. Heureusement que certains comme vous , les allemands, Italiens….poussent encore pour la continuité des moteurs thermiques. J’aurais apprécié que les présidents de Renault et Stellantis apportent eux...

à écrit le 25/03/2023 à 16:08
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La position Française pour l’automobile de 2035 répond à une idéologie qui ne repose sur aucune analyse scientifique respectable. Il est urgent de stopper cette idée du 100% électrique qui emmène notre industrie automobile dans le mur . Le moteur th...

à écrit le 22/03/2023 à 19:42
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Sauf que les chinois arrivent déjà en force avec des véhicules électriques comme Seres qui a déjà 40 points de ventes en France .Par ailleurs VW vient de démarrer la construction d'une usine de batteries en Espagne etc...Il ne se passe pas une semain...

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