Qui sont les grands absents des réseaux sociaux parmi les élus de Haute-Garonne ?

À l'heure de l'instantanéité et du besoin de transparence, un élu peut-il se tenir totalement à l'écart des réseaux sociaux ? En Haute-Garonne, plusieurs élus revendiquent leur absence de Twitter et Facebook et dénoncent l'arrivée de nouveaux outils numériques dans la société.
Certains élus revendiquent leur absence sur la toile.

Blog, compte Facebook ou Twitter... À l'heure de l'omniprésence des réseaux sociaux, les élus peuvent-ils se permettre d'ignorer ces nouveaux modes de communication ? Si certains élus sont très actifs sur les réseaux (voir notre article "Qui sont les 10 élus toulousains les plus influents sur Twitter?") ou se mettent aux blogs (lire aussi "À Toulouse, l'opposition municipale mise sur les blogs"), en Haute-Garonne, trois députés socialistes (Gérard Bapt, Françoise Imbert et Patrick Lemasle) ainsi que deux sénateurs (Alain Chatillon LR et Claude Raynal PS) ont fait le choix de se passer de Twitter et sont beaucoup moins actifs sur les réseaux. Le socialiste Claude Raynal assume :

"J'ai toujours refusé de me mettre sur Twitter, c'est le monde de l'immédiateté, de la pensée courte. Cela donne souvent des résultats catastrophiques au niveau politique."

Le sénateur dispose en revanche d'une page Facebook où il poste de temps en temps des prises de position et il travaille avec ses équipes pour relancer un site internet.

facebook

 Dernière publication de Claude Raynal sur son compte Facebook en mars 2015.


De son côté, le député Patrick Lemasle, ne dispose ni de compte Twitter, ni de Facebook et encore moins de site internet :

"Je suis peut-être un élu à l'ancienne. J'ai fait le choix de ne pas être présent sur les réseaux sociaux car je suis opposé à cette immédiateté de l'information et ce manque de réflexion que l'on trouve aussi sur les chaînes d'information en continu. Il existe des côtés positifs et certains élus arrivent à utiliser cet outil de manière mesurée mais, pour d'autres, cela relève plutôt du besoin existentiel. Dernièrement, lors de l'annonce du projet de loi El Khomri, certains ont réagi sur Twitter avant même la sortie du texte."

Une absence de plus en plus difficile à tenir

Mais être totalement absent de la toile est une position de plus en plus difficile à tenir pour un élu. La pression sociale se fait particulièrement ressentir à l'approche des élections : "Bien sûr, on m'a fortement conseillé d'être présent sur les réseaux sociaux, notamment lors des dernières législatives mais je ne pense pas qu'une élection se joue sur les réseaux sociaux mis à part si le scrutin est très serré. Et encore...", rétorque Patrick Lemasle.

Totalement absent des réseaux sociaux, le premier adjoint de Toulouse Métropole Michel Aujoulat lâche de son côté dans un soupir : "Je vais finir par m'y mettre mais de manière contrainte et forcée car je trouve que les réseaux sociaux relèvent du voyeurisme."

"On ne peut pas s'opposer à Internet"

Ces élus dont la moyenne d'âge se situe dans la soixantaine ont souvent une vision caricaturale des réseaux sociaux. "Je n'ai pas envie de glisser des onomatopées ou des sigles en quelques caractères", répond Claude Raynal quand on lui parle de Twitter. Pour d'autres élus, le rejet des réseaux sociaux relève d'un questionnement plus global de la société numérique.

"Bien sûr, on ne peut pas s'opposer à Internet mais je n'aime pas les SMS et les mails, je trouve que les SMS déforment la pensée, estime Michel Aujoulat, l'élu de 59 ans qui se qualifie lui-même de "vieux jeu". Aujourd'hui, on peut contacter sa banque, son médecin ou son avocat par internet mais cela me fait peur. Je pense que c'est un danger d'être prisonnier de Google ou de la machine pour la gestion de nos données."

Ce regard d'une partie de nos élus sur la révolution numérique peut éclairer le phénomène de "déconnexion des élites" observée par la journaliste Laure Belot dans l'ouvrage du même nom. Dans une interview accordée il y a quelques semaines à Luc Bretones, vice-président de l'institut G9+, un cercle de réflexion apolitique consacré à la transformation digitale, elle déplorait :

"Le problème des politiques, c'est qu'ils sont très en retard par rapport aux citoyens et aux entreprises. Comment la France pourrait-elle tirer profit de la révolution numérique quand certains concepts de base, sans même parler de leurs enjeux énormes de transformation, ne sont toujours pas compris par nos responsables politiques ?"

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