Ludovic Le Moan (Sigfox) : "Il nous manque 300 millions d'euros pour une couverture mondiale"

Le PDG de Sigfox, Ludovic Le Moan, est revenu sur son parcours atypique jeudi 4 juillet à l'occasion d'une Matinale organisée par La Tribune. Par ailleurs, l'entrepreneur estime qu'il lui manque "entre 200 et 300 millions d'euros" pour arriver à une couverture mondiale avec son réseau bas-débit des objets connectés.
Ludovic Le Moan était l'invité de la Matinale de La Tribune le 4 juillet 2019.
Ludovic Le Moan était l'invité de la Matinale de La Tribune le 4 juillet 2019. (Crédits : Rémi Benoit)

Il est loin le temps où Ludovic Le Moan rêvait "d'écraser les pions avec sa mobylette". Né d'un père électricien et d'une mère vendeuse de légumes sur le marché, l'actuel PDG de Sigfox (500 salariés) a grandi dans une barre HLM du Havre. Et il lui a fallu quelques années avant de trouver sa voie.

"À 14-15 ans, j'étais fan de Mesrine. J'étais dans la rébellion, je n'écoutais rien en cours. J'ai redoublé ma 3ème mais cette deuxième année était encore pire. J'ai dû abandonner l'idée d'intégrer sports études en gymnastique. Du coup, je suis entré en CAP tourneur-fraiseur", a rappelé Ludovic Le Moan, jeudi 4 juillet, à l'occasion de la Matinale organisée par La Tribune à la CCI de Toulouse.

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Ludovic Le Moan est revenu sur son adolescence rebelle (Crédits : Rémi Benoit).

Il tombe alors sur un professeur qui arrive "habilement" à le motiver. Ayant pris goût aux études, l'adolescent obtient son bac avant de suivre une prépa Maths sup / Maths spé et de décrocher son diplôme d'école d'ingénieur à l'Ensimag de Grenoble.

"Les opérateurs télécoms me considèrent comme une menace pour leur chiffre d'affaires"

La suite, on la connaît. Après dix ans de code informatique chez Schneider, il fonde  deux sociétés : d'abord Anyware revendue sept ans plus tard pour 13 millions d'euros, puis Goojet (curation de contenus web) absorbée ensuite par Scoop.it. En 2010, après avoir fait la rencontre de Christophe Fourtet, surnommé le "Mozart de la radio" et qui a eu l'idée d'un réseau bas-débit pour les objets connectés, naît l'entreprise Sigfox à Labège.

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Sigfox a été fondée en 2010 (Crédits : Rémi Benoit).

Même si la société a levé en près d'une décennie 300 millions d'euros, Ludovic Le Moan estime qu'il est toujours vu comme un "trublion", une image qui lui colle à la peau depuis l'adolescence.

"Les opérateurs télécoms me considèrent comme une menace pour leur futur chiffre d'affaires et leur Ebitda. La maturité technologique des smartphones fait aussi que les opérateurs sont obligés de créer du besoin pour alimenter leur économie. On parle de 5G mais la vraie révolution, c'est de connecter des milliards d'objets connectés", tacle l'entrepreneur.

Avant d'ajouter qu'il faut "en finir avec les oppositions stériles entre Sigfox et les opérateurs télécoms" et qu'il se dit prêt à une collaboration avec l'un d'entre eux.

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Ludovic Le Moan croit en la zéro G (Crédits : Rémi Benoit).

Implanté dans 70 pays d'ici fin 2019

Plutôt que la 5G, Sigfox mise sur la zéro G. Le spécialiste toulousain de l'internet des objets compte sur des composants coûtant quelques dizaines de centimes qui ont besoin de très peu de puissance pour envoyer un message par satellite. "Cela peut être utile si vous n'avez plus de réseau en montagne et que vous devez envoyer un message d'urgence. Il n'y a pas besoin de construire une autoroute pour faire passer une bicyclette", cite le CEO. Pour mettre au point ce dispositif, Sigfox s'est donc allié avec l'opérateur Eutelsat pour concevoir Hello, une constellation de 50 satellites avec un coût de production d'un million par satellite. De quoi augmenter la portée de son réseau bas-débit pour les objets connectés présent actuellement dans 60 pays et vise 70 pays pour fin 2019.

"Il nous a fallu 300 millions d'euros de fonds levés et autant investi par nos partenaires qui développent le réseau dans le monde pour y arriver. Nous avons désormais deux gros enjeux : la Chine et la Russie. Sachant qu'il faudrait un peu moins d'un milliard pour arriver à une couverture mondiale, j'estime qu'il nous manque 200 à 300 millions de fonds", constate Ludovic Le Moan.

Malgré la notoriété acquise par Sigfox, le chef d'entreprise estime qu'"il est toujours difficile de lever des fonds quand on est Toulousain". "J'ai dû faire 72 présentations dans le monde entier pour décrocher la levée de 100 millions d'euros. Et puis aujourd'hui, l'argent est surtout fléché vers les Uber Eats et les trottinettes", considère-t-il.

Alors que Sigfox vient de signer un important contrat avec DHL, Ludovic Le Moan regrette aussi de ne pas avoir pu signer un partenariat similaire avec La Poste en France. "Ils ont essayé de faire leur propre réseau en Lora et ça ne s'est jamais réalisé. Résultat, aujourd'hui leurs concurrents comme DHL vont pouvoir proposer des services sur l'IoT et pas La Poste". La pépite toulousaine compte atteindre les 14 millions d'objets connectés sur son réseau en fin d'année, contre environ 6 millions fin 2018.

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Commentaires 4
à écrit le 19/07/2019 à 15:21
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Venez solliciter les toulousains et français via l'équity-crowdfunding pour une ligne avec Wiseed !

à écrit le 05/07/2019 à 6:13
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300 patates. Qu'il demande a lagarde, pas de pb.

à écrit le 04/07/2019 à 19:51
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Ça s’appelle réécrire l’histoire : Sigfox est issue de Freescale et à été créée par Thierry Bailleul et Christophe Fourtet. Ludovic Le Moan a rejoint l’aventure en 2011, pour le plus grand bien de Sigfox. Ça n’enlève rien à ses mérites, mais c’est ...

le 04/07/2019 à 20:22
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Merci Thierry Bailleul ;-)

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