Le spécialiste toulousain des centrales hydroélectriques Mecamidi attaqué pour concurrence déloyale

Le Toulousain Mecamidi, dirigé par Jean Zekri, est assigné devant le tribunal de commerce de Nancy pour "usage de marque sans droit" et "collusion frauduleuse" par une entreprise lorraine, HydroPowerPlant (HPP). Le patron d'HPP, Patrice Pisterman, parle de concurrence déloyale et accuse Mecamidi de lui avoir volé ses parts et son nom dans l'entreprise HPP Energy India, basée à New Delhi. Mecamidi réfute l'accusation.
Patrice Pisterman et Jean Zekri sont en procès


C'est une affaire complexe où chacun traite son adversaire de "voyou". Il faut remonter en mars 2012. Samuel Zekri, administrateur de l'entreprise toulousaine Mecamidi, annonce alors l'implantation de son entreprise en Inde (lire : le Toulousain Mecamidi s'implante en Inde). Fière de ce développement, l'entreprise annonce une prise de participation majoritaire dans la société HPP Energy India : Mecamidi possède donc dès lors 55 % de HPP Energy India, devenu Mecamidi HPP. Cette acquisition a pour but d'accroître le poids de Mecamidi et de renforcer sa présence en Inde, marché de référence pour l'énergie hydroélectrique.

Une version vivement contestée, il y a quelques semaines, par Patrice Pisterman, dirigeant de l'entreprise HPP, basée en Lorraine. L'homme affirme avoir créé HPP Energy India lui-même au début des années 90. "C'était une joint venture 50 % / 50 % avec trois partenaires indiens, précise-t-il. Mecamidi, avec la complicité de nos partenaires indiens, s'est emparé de nos parts, de nos références et même de notre nom puisqu'il a l'outrecuidance de se faire appeler dans certaines publications 'HPP Mecamidi'", s'insurge le Lorrain, qui a assigné, en septembre dernier, Mecamidi et ses partenaires indiens devant le tribunal de Nancy pour "collusion frauduleuse" et "usage de marque sans droit". "Les Indiens nous ont trahi, Mecamidi nous a escroqué", estime-t-il.

"Tout cela est faux, répond Jean Zekri, PDG de Mecamidi. Patrice Pisterman n'avait que 3 % maximum dans cette société indienne, et l'opération que nous avons menée est parfaitement légale."

Droit français, droit indien ?

Mecamidi a-t-elle vraiment pu s'emparer, via une augmentation de capital, des parts de Patrice Pisterman sans qu'il le sache ? "En droit français, cela est impossible, mais en droit indien, on ne sait pas", affirme un proche du dossier, s'interrogeant même sur la compétence du tribunal de Nancy pour juger cette affaire. Pas de doute en revanche pour l'avocat de Mecamidi, maître Macrez, pour qui "faire juger cette affaire à Nancy, c'est fumeux". "Patrice Pisterman n'avait même pas 5 % dans la société HPP Energy India. Il n'a jamais augmenté son capital. Ses partenaires ont préféré faire des affaires avec Mecamidi, il n'y a rien d'illégal là-dedans", plaide-t-il.

À qui appartient la marque ?
La confusion règne également autour de l'utilisation du nom HPP (HydroPowerPlant). "Nous ne tolérerons jamais d'être spoliés, non seulement financièrement, mais moralement, intellectuellement par le vol délibéré de ce nom dont nous sommes fiers, ''HydroPowerPlant'' ce qui signifie évidemment centrale hydroélectrique, mais plus officieusement "Hydro Patrice Pisterman", affirme Patrice Pisterman. "Cette marque a fait l'objet d'un dépôt à l'Inpi", ajoute un de ses proches. Mais les dirigeants de Mecamidi ne sont pas de cet avis. "HydroPowerPlant est un mot générique", selon l'avocat de l'entreprise toulousaine. "C'est comme si une société qui vend des chaises s'appelait 'vendeur de chaises'. Pisterman entretient volontairement la confusion."

Seule certitude, la procédure va prendre du temps et l'affaire ne sera pas jugée avant l'année prochaine. Pour ajouter un peu de complexité, Patrice Pisterman et Jean Zekri se connaissent de longue date et l'animosité entre eux n'est pas nouvelle, le premier accusant l'autre de "loup", le second traitant le premier de "malhonnête". Patrice Pistermann réclame plusieurs millions d'euros à son concurrent. Le prochain rendez-vous au tribunal sera un simple dépôt de pièces et se tiendra le 29 novembre.

Sophie Arutunian
© photos DR et Rémi Benoit

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