En novembre 2010, la rédaction d'Objectif News enquêtait sur "Pierre Fabre, l'homme le plus puissant de Midi-Pyrénées". L'industriel, très rare dans les médias nous avait alors accordé un entretien. Le fondateur des laboratoires pharmaceutiques évoquait ses projets et la stratégie de son groupe.

Vous avez toujours farouchement défendu l'indépendance de votre groupe. Considérez-vous qu'il est de taille à lutter face aux big pharmas ?
J'ai observé bien sûr les concentrations qui sont intervenues dans notre secteur. Il est vrai que dans certains domaines, les moyens requis pour développer une molécule innovante sont considérables, mais il est aussi vrai que dans bien des cas ces concentrations se traduisent par des réductions considérables d'effectifs et sont destinées à améliorer ou maintenir des taux de rentabilité très élevés pour les actionnaires. Ce n'est pas notre modèle économique, ni ma conception de l'entreprise. Nos bénéfices sont réinvestis pour assurer notre développement.
Et vous savez, l'effet de taille n'est pas la panacée. La créativité peut être plus importante dans des structures plus légères comme la nôtre. Dans certains cas nous devons simplement pouvoir, le cas échéant, réaliser des alliances avec de grands groupes pour assurer le développement de nos produits en phases cliniques avancées ou pour une commercialisation conjointe.

L'export fait-il partie de vos priorités ?
Dans le médicament, la croissance d'une firme comme la nôtre se fera à l'étranger. Les contraintes réglementaires en France sont lourdes et nos investissements en recherche et développement, avec un portefeuille de molécules intéressant dans plusieurs secteurs, ne peuvent se valoriser qu'au niveau mondial. Et à cet égard, c'est une chance pour nous que de pouvoir compter sur le Français qui a l'une des expériences internationales les plus réussies et abouties dans notre métier. Et cette expérience nous sera utile aussi dans nos autres métiers que sont les produits de santé et la dermo-cosmétique.

Envisagez-vous pour le groupe un avenir mêlant toujours trois activités, avec un pôle dermo-cosmétique très rentable et deux autres proches de l'équilibre ?
Dans un premier cycle de la vie de notre entreprise, nous aurions eu beaucoup de mal à développer une activité dermo-cosmétique sans le soutien de notre branche médicament. Inversement, nous pourrions difficilement consacrer autant d'investissements en recherche et développement pharmaceutique que nous le faisons actuellement sans le soutien de notre activité dermo-cosmétique.
Notre but est d'arriver à une contribution équilibrée des activités de notre groupe et d'ici quelques années j'ai dans l'espoir d'y arriver. L'avenir de notre groupe est donc bien fondé sur la croissance de trois piliers qui convergent tous vers l'officine, qui reste le centre de nos préoccupations.

Que représente pour vous le déploiement du groupe sur le site de l'Oncopôle ?
D'abord l'espoir de faire fructifier la recherche contre le cancer à travers la fertilisation des collaborations entre les secteurs privés et publics. Nous nous installons actuellement sur le site de l'Oncopôle. Dans quelques années, la Clinique universitaire du cancer nous rejoindra comme vont le faire d'autres unités du secteur public dédiées à la recherche et à l'enseignement supérieur.
Après le drame d'AZF, les élus locaux ont imaginé de reconvertir le site avec un projet futuriste, un concept innovant auquel j'ai immédiatement adhéré et essayé de donner une impulsion en décidant de concentrer sur un même site nos entités de recherche et développement en oncologie jusqu'à présent un peu disséminées.


La rédaction
Photo© Rémi Benoit