Toulouse n'accueillera pas l'Euro 2016 de football

Sauf désistement improbable d'une des villes hôtes, Toulouse n'accueillera pas de matchs de l'Euro 2016 de football. La Ville rose était en compétition avec 11 autres concurrentes mais la Fédération française de football l'a placée, avec Saint-Étienne, sur la liste des stades réservistes. Au Capitole on se dit "victime de la géopolitique footballistique" et on évoque une décision "injuste" ; les opposants de la municipalité n'ont pas tarder à dégainer.

Onze concurrentes, neufs retenues et deux sur la touche. Saint-Denis (Stade de France), Paris (Parc des Princes), Lille, Bordeaux, Nice, Lyon, Marseille, Lens et Nancy : voici les neufs villes choisies par la Fédération pour accueillir l'Euro 2016, qui se jouera intégralement en France. Toulouse, comme Saint-Étienne, seront réservistes et n'accueilleront de matchs de la compétition que si l'une des neuf gagnantes se désiste. Ce qui est assez peu probable.

Lens était la dernière ville en balance pour accueillir des rencontres de l'Euro 2016 avec Toulouse et Saint-Étienne. Les stades neufs de Bordeaux, Nice, Lille et Lyon, malgré le retard sur le projet de Grand Stade, étaient en effet quasiment assurés de figurer dans la liste. De même que le Stade de France, le Parc des Princes, le Vélodrôme de Marseille et le Stade Marcel-Picot à Nancy.

Si Toulouse avait été choisie, la rénovation du Stadium aurait dû être engagée pour un coût de 50 à 60 millions d'euros afin de le mettre aux normes de l'UEFA. Un chantier important en termes de confort, d'accessibilité, de nombre de places, d'accueil de la presse ou de billetterie électronique... Le ministère des Sports avait communiqué la semaine dernière les enveloppes qu'il comptait attribuer à chacune des 11 villes pré-retenues pour les rénovations. 6 M€ étaient réservés à Toulouse.

Pour Pierre Izard, président du Conseil général de la Haute-Garonne, "cette décision est une déception. L'Euro 2016 était un grand rendez-vous sportif pour lequel la Ville, le Conseil général et le Conseil régional étaient totalement mobilisés. Nous espérions d'autant plus une décision positive que cette candidature, appuyée sur un dossier argumenté, permettait également de rééquilibrer la répartition géographique des villes sélectionnées pour accueillir cette compétition européenne."

Pour Jean-Luc Moudenc, chef de file de l'UMP 31, "c'est avec regret que j'apprends que notre ville, Toulouse, n'a pas été sélectionnée pour accueillir l'Euro 2016. Nous avions pourtant réussi, dans le passé à accueillir la Coupe du Monde de football en 1998 et la Coupe du Monde de rugby en 2007 ; ces deux expériences nous avaient permis de constater et d'apprécier les nombreuses retombées positives tant pour la notoriété de la ville que pour l'économie et le tourisme. Aussi, la décision d'aujourd'hui amène à s'interroger sur la qualité du dossier présenté par la municipalité toulousaine et sur le degré de motivation de celle-ci, notoirement divisée sur ce projet. Après l'échec de la candidature de Toulouse Capitale européenne de la culture en septembre 2008, c'est la deuxième fois dans le mandat municipal actuel que notre ville n'est pas capable de ramener ici un grand évènement international."

François Briançon, adjoint au maire de Toulouse en charge des sports : "Je ne m'explique pas ce choix, compte tenu des atouts que présentait la candidature de Toulouse. Le projet de financement était simple, de même que les travaux. Notre ville présentait des garanties en termes de qualité de vie et de qualité d'accueil. De plus, sa situation géographique et la proximité avec l'Espagne avaient été mises en avant lors de la candidature de la France à l'Euro 2016. La Fédération n'a même pas eu l'élégance de nous téléphoner pour nous expliquer son choix. Je pense malheureusement que ce sont des petits arrangements entre amis pour la préparation de l'élection du nouveau président de la Fédération française de football. Ce n'est pas nouveau dans le football français, cela dure depuis la Coupe du monde. Nous sommes victimes de la géopolitique footballistique. Je regrette en tout cas cette décision un peu partiale et injuste car beaucoup de gens ont soutenu ce projet. C'était un plus incontestable pour Toulouse, pour les commerçants... Maintenant, la Fédération nous propose d'être un stade de réserve mais de réaliser tout de même les travaux. Peut-être allons-nous faire les travaux nécessaires pour améliorer le confort du TFC et du Stade Toulousain mais pas forcément tout le dispositif prévu en cas d'organisation de matchs pour l'Euro 2016." Réagissant aux attaques de l'UMP : "La réaction de Jean-Luc Moudenc est pitoyable. C'est à se demander s'il aime réellement Toulouse. Il n'y aucun intérêt à jeter du sel sur les plaies. Il faut savoir prendre de la hauteur."

Martin Malvy, président du Conseil régional : "C'est une déception. Candidate, la 4e ville de France méritait d'être retenue. Nous avions donné notre accord de principe à la Ville pour participer aux investissements nécessaires qui auraient d'ailleurs servi ultérieurement à d'autres disciplines."

Jean-Jacques Bolzan, secrétaire départemental du Parti radical : "C'est le deuxième échec en trois ans que subit notre Ville (nous avons perdu Toulouse 2013 pour la culture) mais aussi notre Région. C'est une grosse déception pour toutes celles et ceux qui aiment le foot mais aussi pour les professionnels du tourisme. C'est aussi, encore, un manque à gagner pour l'économie locale. On peut dire que depuis 2008, Toulouse est mal aimée. Les dossiers mal argumentés et mal négociés associés au manque d'ambition évident de la municipalité toulousaine laissent encore Toulouse sur le bord du chemin."

Mikaël Lozano et Paul Périé

En photo : le Stadium de Toulouse (© Rémi Benoit)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.