Réorganisation d'EADS : scepticisme au sein de la filiale Astrium

La réorganisation au sein d'EADS annoncée le 31 juillet par son président Tom Enders suscite quelques interrogations au sein de la filiale dédiée au spatial, Astrium, qui compte 2 000 salariés à Toulouse. Pour Thierry Préfol, délégué syndical central CFE-CGC (syndicat majoritaire), "la réorganisation pose plus de questions que de réponses". Interview.Comment ont été vécues les annonces de Tom Enders le 31 juillet dernier au sein d'Astrium ?

La réorganisation au sein d'EADS annoncée le 31 juillet par son président Tom Enders suscite quelques interrogations au sein de la filiale dédiée au spatial, Astrium, qui compte 2 000 salariés à Toulouse. Pour Thierry Préfol, délégué syndical central CFE-CGC (syndicat majoritaire), "la réorganisation pose plus de questions que de réponses". Interview.

Comment ont été vécues les annonces de Tom Enders le 31 juillet dernier au sein d'Astrium ?
Chez Astrium, nous ne sommes pas contre une réorganisation du groupe pour s'adapter à un contexte économique difficile. Le problème, c'est que nous ne voyons pas en quoi la réorganisation prévue va permettre d'améliorer la situation. Les annonces ont apporté plus de questions que de réponses ! Nous avons un objectif financier de court terme : améliorer le résultat de 10% d'ici 2015 afin de créer de la valeur pour les actionnaires. Pourquoi pas, même si cela semble compliqué étant donné le contexte. Mais nous manquons cruellement d'une vision stratégique de long terme.

Avez-vous des craintes concernant une éventuelle réduction du personnel ?
Rien ne permet d'affirmer pour le moment que les emplois sont menacés. Cependant, pour accroître rapidement le résultat du groupe, étant donné le contexte économique, on risque de faire des économies sur les effectifs sous forme de "synergies", voire en supprimant certains sites. L'avenir du site de Sofia Antipolis (50 salariés) a déjà été remis en question. Nous n'avons aucune garantie, ni aucun élément permettant de dire que des sites vont fermer. Nous restons vigilants.

La réorganisation doit permettre de réaliser des synergies entre les différentes activités du groupe, cela sera-t-il efficace selon vous?
J'en doute, car, paradoxalement, la nouvelle structure détruira beaucoup de synergies existantes. Au sein de Airbus Defence&Space seront regroupés Astrium et Cassidian dont certaines activités sont proches. Mais la division comptera également en son sein Airbus Military qui fabrique l'A400M, une activité qui n'a absolument rien à voir avec le spatial, et qui bénéficierait davantage de synergies au sein d'Airbus Aircraft. Idem : Cassidian fabrique des drones, je ne vois pas quelles synergies il y aura avec Astrium. Le but est de regrouper les activités militaires d'EADS, mais les activités de satellites de télécommunication, ou le lanceur Ariane, sont des activités civiles. Par ailleurs, Eurocopter fait du militaire, et ne fait pas partie de la division Airbus Defense&Space.

Comment se porte le marché du spatial en Europe ?

L'activité du spatial était en croissance jusqu'à 2011, puis la situation s'est compliquée. Il y a moins de satellites de télécommunications mis sur le marché car les flottes sont récentes et ont une durée de vie de 15 ans. Côté défense, les budgets sont contraints.

Propos recueillis par Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

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