EADS opère un virage stratégique majeur et adopte le nom de sa filiale emblématique : Airbus. Un changement hautement symbolique, voulu par Tom Enders, qui arrive neuf mois après l'échec du projet de fusion qu'il avait négocié avec le britannique BAE Systems pour détrôner Boeing.

Par ailleurs, EADS se restructure. La nouvelle organisation, qui sera mise en place au 1er janvier 2014, réunira sous son aile trois divisions au lieu de quatre actuellement : Airbus, qui tire les performances du groupe, chargé de toutes les activités d'avions commerciaux, Airbus Defence and Space, et Airbus Helicopters (nouveau nom d'Eurocopter). En regroupant ses activités spatiales et de défense et en y intégrant l'aviation militaire, l'entreprise se dote d'une organisation semblable à celle de son grand rival américain : Boeing.

Nouvelle structure : comment ça marche ?
Mis à part le changement d'identité, Airbus et Airbus Helicopters ne connaissent pas de modification de leurs activités et seront toujours dirigées respectivement par Fabrice Brégier et Guillaume Faury. En revanche, la création de la division "Défense et Espace" donne lieu à de nombreux changements. Elle regroupera Astrium (espace), Cassidian (drones, missile et systèmes de défense) et Airbus Military (avions militaires, notamment l'A400M). L'ensemble devrait peser 14 Md€ de CA. À sa tête : l'Allemand Bernhard Gewert, actuel président exécutif de Cassidian.

"Le groupe a décidé de regrouper les divisions Espace et Défense, Airbus Military, Astrium et Cassidian en réponse à l'évolution du marché qui se caractérise par une stabilisation et même une réduction des budgets défense et espace dans les pays occidentaux. Cette restructuration permettra d'optimiser l'accès au marché, de réduire les coûts et globalement d'améliorer la compétitivité du groupe. Elle donnera également une meilleure visibilité du leader européen de l'espace et de la défense", indique EADS dans un communiqué de presse.

Réduction des niveaux hiérarchiques
Le groupe Airbus espère également accroître sa rentabilité : s'il n'a pas encore chiffré les économies qu'il réalisera avec sa nouvelle organisation, il devrait bénéficier du regroupement de certains sièges sociaux et de la réduction des niveaux hiérarchiques. Cette nouvelle réorganisation va d'ailleurs transformer les actuels PDG de puissantes filiales comme Airbus, Astrium et Eurocopter en patrons de division. Cela aura-t-il une influence sur les relations entre ces grands patrons, souvent à cheval sur leur pouvoir et leur visibilité ? Le PDG d'Astrium, François Auque, travaillera désormais sous la houlette de Bernhard Gerwert, tout comme le patron d'Astrium Satellites, Éric Béranger, ou encore l'Espagnol qui préside Airbus Military, Domingo Urena-Raso.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit