Comment en êtes-vous venu à proposer des primeurs ?
Je produis des primeurs depuis 1986. À l'époque, les vins Brumont proposaient un goût nouveau et j'ai été contacté par la Place de Bordeaux, très intéressée par les vins primeurs. En 30 ans, mes Madiran sont arrivés dans les 30 meilleures ventes sur 200 primeurs. Mais seuls 35 à 40 % de ma production sont destinés à être vendus en primeurs.

Qu'est-ce qui vous différencie des autres primeurs ?
La régularité de mes vins en termes de qualité constitue un des principaux atouts des Château Bouscassé et Château Montus. De plus, nos vins, 100 % tannat, ont une capacité de garde de 30 à 40 ans sans perdre leurs arômes et leur qualité, là où 80 % des grands vins faiblissent au bout de 15 à 20 ans. Enfin, les prix de nos primeurs sont beaucoup plus abordables. Nos clients, qui sont pour la plupart réguliers, savent que le prix augmente de 2% par an alors que les prix des Bordeaux fluctuent, de -50 % une année à +300 % une autre année.

Quels sont les principaux marchés pour ces vins ?
Ma philosophie est de garder au maximum des vins qui vieillissent bien dans le Sud-Ouest. Cette année, j'ai donc choisi de servir la France en premier pendant 2 mois. Les ventes à l'export ne seront ouvertes qu'à partir du 1er juin alors que la demande est forte. Aujourd'hui, si on laisse faire, 80 % de nos vins partiront à l'export. La Chine reste un marché qui attire beaucoup les différents producteurs mais la demande a évolué. Nous avons envoyé beaucoup trop de vin, parfois de mauvaise qualité et les clients Chinois se méfient aujourd'hui des très grands vins, d'autant qu'il y a eu beaucoup de faux.

Les vins du Sud-Ouest ont-ils selon vous les qualités pour concurrencer les grands vins mondiaux ?
Ces vins souffrent malheureusement d'une mauvaise communication, du fait d'une interprofession moins performante que les autres. À l'étranger, les vins du Sud-Ouest sont connus au travers de Brumont, du Bergerac et de Cahors seulement. Pour réussir, il faut être parrainé, aidé. Ce qui pourrait promouvoir le Sud-Ouest serait la création d'un club des 10 meilleurs producteurs, des 10 icônes du Sud-Ouest. Ceux-là surprendraient beaucoup de monde de par leur qualité et leur spécificité. Ils n'auraient pas à pâlir face aux 10 meilleurs vins espagnols ou italiens. La tenue d'un salon des Vins du Sud-Ouest à Toulouse serait également un bon moyen de promotion.

Propos recueillis par Paul Périé
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