Boeing, qui privilégiait au départ le lancement d'un nouvel avion, a finalement choisi de suivre la même stratégie qu'Airbus et de remotoriser son B737, dont il annonce les premières livraisons en 2017. Dans un communiqué, le constructeur affirme même que ce B737 Max permettra une économie de carburant de 16% par rapport à un A320 classique et de 4% par rapport à un A320neo.

Des propos qui n'ont pas plu à Toulouse, au siège d'Airbus : "Une fois encore, Boeing est dans le déni. La version remotorisée du 737 ne peut absolument pas égaler l'efficacité en matière de carburant et les économies de coûts de maintenance de la famille de l'A320neo » affirme John Leahy, directeur commercial du constructeur européen qui estime par ailleurs qu' Airbus possède une longueur d'avance. En faisant le choix d'améliorer l'A320, gros succès commercial avec plus de 7.700 ventes dans le monde, Airbus a fait « le bon choix », estime de son côté Jacques Rocca, directeur adjoint des relations médias du groupe. « C'était la solution la moins coûteuse et la plus rapide. »

Le constructeur américain précise également dans son communiqué avoir enregistré 496 commandes de cinq compagnies. « En juillet, quand American Airlines a acheté des A320neo, ils ont aussi commandé des Boeing à condition qu'ils soient remotorisés, ce qui a contraint Boeing à s'adapter. Mais cela sera plus compliqué pour eux que pour nous car la voilure des B737 est plus basse que celle des A320, ce qui rend plus difficile l'installation de moteurs plus grands », explique Jacques Rocca.

Ce choix du constructeur américain s'explique aussi par le fait qu'une grande quantité d'appareils utilisés sur les lignes domestiques, notamment aux États-Unis, font partie de l'ancienne génération. Les 757 et 767 doivent être remplacés assez rapidement, ce qui représente un marché potentiel conséquent pour le B737 Max. Par ailleurs, Boeing consacre une large part de ses ressources au nouveau B787 Dreamliner et doit trouver un concurrent à l'A350 XWB d'Airbus. Investir dans un tout nouvel appareil aurait été trop gourmand en termes de trésorerie et d'ingénierie. « Ce choix de Boeing est aussi une réaction, avec 8 mois de retard, au succès du neo puisque nous commencions à gagner des parts de marché, poursuit Jacques Rocca. Aujourd'hui, le marché parle pour nous puisque Airbus a déjà vendu plus de 1.200 A320neo en sept mois, ce qui est un record. »

Paul Périé

En photo : Le nouveau Boeing B 737 Max veut concurrencer l'A320neo (crédit Boeing)