Le Bourget 2011 : l'heure du bilan

Après quatre jours réservés aux professionnels, le Salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget a ouvert ses portes au public ce vendredi 24 juin. L'essentiel des contrats ont maintenant été révélés. Quelles sont les grandes leçons du salon ?

Après quatre jours réservés aux professionnels, le Salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget a ouvert ses portes au public ce vendredi 24 juin. L'essentiel des contrats ont maintenant été révélés. Quelles sont les grandes leçons du salon ?

Nombreuses commandes
Moins bien que 2007, année de tous les records, mais bien mieux qu'une édition 2009 très morose 2009. Le bilan de ce 49e Salon du Bourget est, commercialement parlant, très bon. C'est particulièrement vrai pour Airbus, porté par l'A320neo, version remotorisée de son best-seller. L'avionneur a annoncé la bagatelle de 730 commandes, soit 72,2 milliards de dollars au prix catalogue. Les 180 appareils achetés par IndiGo ne sont pas comptabilisés dans ce total car la commande, confirmée lors du salon, avait été annoncée en début d'année).
Boeing est loin derrière avec 22 milliards de dollars. Rien d'étonnant à cela, l'Américain étant plutôt coutumier d'annonces au fil du temps, contrairement à Airbus qui privilégie l'annonce de ses gros contrats lors des salons.
L'attrait pour les moyens-courriers s'est confirmé lors de ce salon. A lui seul, l'Airbus A320neo a fait l'objet de 667 commandes, la compagnie AirAsia en ayant acheté 200 soit la transaction la plus importante de l'histoire en termes de volume. Lancé en décembre dernier, l'A320neo frôle la barre des 1030 exemplaires commandés : là encore, c'est le meilleur démarrage d'un avion de ligne tous genres confondus. Pari validé pour Airbus, alors que Boeing n'a toujours pas annoncé s'il comptait remotoriser son B737 ou lancer un nouvel appareil.
ATR a vécu un excellent salon, le meilleur de son histoire. Le constructeur de turbopropulseurs, basé à Blagnac, totalise 78 commandes depuis le début de l'année, ce qui va le conduire à augmenter fortement ses cadences de production. Embraer et Bombardier ainsi que Comac se sont fait discrets. Annoncé comme bientôt fragilisé, le duo Airbus-Boeing a encore une belle longueur d'avance.


Les longs-courriers à la peine

Le bémol de ce salon vient des gros porteurs. Airbus enregistre 12 commandes pour l'A380, mais aucune de la part de Qatar Airways, pourtant pressentie : la négociation n'a pas été finalisée à temps. Et 6 engagements pour le futur A350, dont deux des trois versions ont été repoussées. Boeing fait à peine mieux avec 27 B777 et 17 B747-8 Intercontinental commandées.


Un Zhest d'innovation
Paris-Tokyo en 2h30 au lieu de 15h actuellement ? C'est l'objectif d'EADS qui a présenté lors du salon du maquette de son projet baptisé Zhest, pour « zero emission high speed transport ». Capable de voler à plus de 5000 km/h, d'une capacité de 50 à 100 places, ce n'est ni un avion ni une fusée, mais plutôt les deux à la fois. Moteurs classiques alimentés en biocarburant pour le décollage, moteurs-fusées utilisant l'hydrogène et l'oxygène lors du vol au-dessus de l'atmosphère et stratoréacteurs : ce Zhest hypersonique utiliserait trois motorisations mais promet un bilan carbone nul à horizon 2050. EADS y travaille avec l'Onera et le Japon.


Latécoère redémarre.
L'équipementier toulousain cherche toujours un partenaire, financier ou industriel, et espère annoncer son choix avant la fin de l'année. Pendant que les tractations se poursuivent, l'entreprise confirme son redressement, avec une croissance et un profit qui repartent. Président du Conseil de surveillance, Pierre Gadonneix a répondu à nos questions lors du salon (retrouvez ici la vidéo).


Galiléo repart de l'avant.
On ne s'attendait pas à des miracles pour le secteur spatial lors de ce salon. Morosité confirmée avec peu d'annonces de la part des leaders, Astrium et Thales Alenia Space, tous deux fortement implantés à Toulouse. Le premier a notamment présenté un projet révolutionnaire de satellite d'observation de la terre, le plus précis au monde : le GO 3S. Thales Alenia Space a lui annoncé la signature attendue d'un contrat avec l'Agence spatiale européenne pour le développement et le déploiement du segment sol de mission et du centre de sécurité Galileo. Autrement dit, le cœur du futur système de positionnement européen. D'un montant de 281 millions d'euros, ce contrat couvrira près de quatre ans d'activités en comptant la maintenance. La direction d'ensemble sera assurée par le site toulousain. Par ailleurs, le lancement des deux premiers satellites opérationnels de la constellation est prévu le 20 octobre prochain. Deux bonnes nouvelles qui viennent relancer ce programme majeur.


Midi-Pyrénées en force.
Sur les 97 PME hébergées par le stand Aerospace Valley Aquitaine Midi-Pyrénées, nombreuses étaient celles de la région. Toutes rapportent avoir vécu un bon salon, en terme de contacts noués et de visibilité. Le pôle de compétitivité a fait le bilan à l'occasion de ses six ans (voir la vidéo ici). Toulouse a profité de l'événement pour annoncer la tenue de l'année Antoine de Saint-Exupéry, série de manifestions qui débutera en juillet (retrouvez ici la vidéo).


Sous-traitance.
Deux entreprises régionales vont bénéficier d'aides à la réindustrialisation: 10 M€ pour Figeac Aéro (hausse des capacités de production, 250 emplois créés d'ici 3 ans) et 1,5 M€ pour Mecahers (28 emplois à créer en 3 ans). Une annonce effectuée par Eric Besson, ministre chargé de l'Industrie à l'occasion du Comité stratégique de la filière aéronautique lors du Salon.


Mikaël Lozano

photo © Rémi Benoit

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