La CGT Airbus craint des mesures de chômage partiel pour l'ingénierie dès 2015

Du chômage partiel chez Airbus ? Le risque paraît bien faible si l'on observe les derniers résultats annoncés par le groupe. Et pourtant, selon la CGT Airbus, la direction envisage cette piste concernant Airbus Ingénierie afin de faire face à une baisse de 25 % de la charge de travail, dès 2015. Une intention assumée par la direction qui constate un "niveau exceptionnellement élevé de personnel à l'ingénierie".
© photo Rémi Benoit

Avec un chiffre d'affaires de 28,8 Md€ sur les neuf premiers mois de 2014, et un Ebit (indicateur de la marge commerciale) de 1,7 Md€, en hausse de 16 % par rapport à 2013, Airbus Aircraft ne connaît pas la crise. Et pourtant, malgré des carnets débordants de commandes, la direction prévoit une baisse de charge à partir de 2015 pour l'ingénierie. "La direction avait annoncé une baisse de la charge de 20 à 30 % sur 3 ans, mais jusqu'à cette année cela n'a pas été perceptible grâce à l'A350 et à l'A400M, explique Xavier Petrachi, délégué central CGT d'Airbus. Nous pensons donc que cette diminution va se faire dès 2015."

Après avoir développé de nombreux programmes, Airbus compte en effet se concentrer sur leur commercialisation. "Nous prévoyons de nous concentrer davantage sur de l'innovation incrémentale permettant d'améliorer continuellement nos modèles d'avions existants, confirme Anne Galabert, la porte-parole d'Airbus. Nous continuons cependant à investir chaque année quelques 2 Md€ en R&D pour améliorer leur efficacité, leur confort, ou encore la réduction de la consommation de carburant." Airbus va par ailleurs lancer, selon La Tribune, la production d'un nouveau Beluga. Une "baleine blanche" à coût réduit puisque développée à partir de l'A330 pour un investissement de 500 M€ au lieu des 1,5 Md€ prévus initialement.

Si la CGT Airbus salue cette annonce, Xavier Petrachi ne se satisfait pas de l'absence de programme de développement. "Cette situation durera au moins jusqu'au remplacement de l'A320 autour de 2030, prévoit-il. Dix ans sans nouveau programme, c'est une première. Nous disons qu'il faut les poursuivre et lancer un ATR de 90 places car cela créera de l'innovation, mais la direction (d'Airbus Group, actionnaire avec l'italien Finmeccanica, NDLR) s'y refuse."

Sans nouveau programme sur lequel plancher, le nombre d'ingénieurs serait-il trop élevé à Airbus ? "Ces dernières années, nous avons dû faire appel à un niveau exceptionnellement élevé de personnel à l'ingénierie pour le développement de nos divers programmes avions tels que l'A400M, A380, A350, A320Neo, expose Anne Galabert. Nous prévoyons de revenir à un niveau normal de la charge de travail à l'ingénierie d'Airbus." Pour la CGT, ce choix fait courir le risque de perdre en savoir-faire. "Je pense qu'il y a une volonté de réduire le nombre d'ingénieurs, craint Xavier Petrachi. Le bureau d'études est la force d'Airbus. C'est un risque pour demain lorsque qu'il faudra concevoir le remplaçant de l'A320."

De la R&D au soutien à la production

La direction souhaite donc redéployer ses effectifs. "6 000 mobilités l'an dernier et autant cette année, affirme Anne Galabert. Airbus a proposé 2,2 millions d'heures de formations à ses salariés afin de leur permettre de développer leurs compétences ou d'acquérir de nouvelles expertises." "Il y a eu des incitations à la mobilité de la R&D vers le soutien à la production, mais cela ne comblera pas la baisse de charge, estime Xavier Petrachi. Les limites de la mobilité ont été atteintes."

Conséquences attendues selon le syndicat : du chômage partiel dans certains secteurs et le recours forcé à l'épargne de temps collective des salariés. "Faire du chômage partiel quand on ne vendait pas, d'accord. Mais là, les carnets sont pleins. Ce n'est pas bon pour l'image d'Airbus", s'inquiète Xavier Petrachi.

Mauvais pour l'image, mais aussi pour les sous-traitants. "Il y a autant de salariés concernés en externe qu'en interne, rappelle le syndicaliste. Ils vont payer les pots cassés. Certaines sociétés ont déjà réduit de 10 à 15 % leurs effectifs. Comment vont faire les entreprises dépendantes à 85 % d'Airbus quand la charge baissera de 25 % ? C'est un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi) déguisé." La baisse de charge de 25 % sera-t-elle davantage encaissée par les sous-traitants ? "Les sous-traitants sont informés des appels d'offres à venir qui varient selon l'activité concernée", répond simplement la direction d'Airbus Aircraft.

D'après la CGT, 11 000 salariés sont concernés par cette baisse de charge sur les différents sites d'Airbus, dont 6 à 7 000 à Toulouse. Et autant en externe chez les sous-traitants. "Ces ingénieurs représentent 12 000 personnes en France, dont la moitié à Airbus", précise quant à elle la Direction.

En octobre, Airbus Group avait par ailleurs confirmé son intention de se séparer de Cimpa, une filiale spécialisée dans l'ingénierie, le conseil en conception et en fabrication, en prévision d'une baisse d'activité.

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