Législatives partielles : derniers arguments de campagne pour Laurence Arribagé et Laurent Méric

Dimanche soir 1er juin, les habitants de la 3e circonscription de Haute-Garonne auront un nouveau député. En lice, la candidate UMP Laurence Arribagé (44,14 % des voix au premier tour), et Laurent Méric, son challenger PS (24,16 %). Affaire Copé, dissensions à gauche, débat sur la seconde rocade, cumul des mandats... À deux jours du scrutin, les deux candidats affutent leurs derniers arguments et fourbissent leurs armes.
Laurence Arribagé (UMP) affronte Laurent Méric (PS)

La campagne s'achève officiellement ce soir. Dimanche 1er juin, les électeurs de la troisième circonscription de Haute-Garonne seront amenés à élire leur député. Un second tour des législatives partielles qui opposera Laurence Arribagé, adjointe au maire UMP de Toulouse, arrivée en tête au premier tour avec 44,14 % des voix, à Laurent Méric, le candidat socialiste qui avait rassemblé 24,16 % des suffrages au tour précédent.

Laurent Méric a notamment positionné sa campagne sur le sujet du développement économique. Le candidat socialiste se dit "pleinement en phase" avec la politique du gouvernement Valls. "Il faut redonner aux entreprises la capacité d'investir, au service de l'emploi, estime-t-il. Mais en même temps, il faut exiger des contreparties. Cela ne doit pas être un chèque en blanc." Ingénieur chez EDF, le candidat du PS a fait de la transition énergétique un autre de ses chevaux de bataille. "Je pense qu'il ne faut pas avoir sur ces questions de position dogmatique, explique-t-il. Il est de notre responsabilité de nous engager dans cette transition énergétique, pour les générations futures. Ce sera par ailleurs une formidable opportunité en termes de création d'emplois."

De son côté, Laurence Arribagé a choisi d'axer sa campagne sur les questions de fiscalité et de lutte contre le chômage. "Car c'est cela qui préoccupe prioritairement les habitants de notre circonscription", estime-t-elle.

La seconde rocade au cœur des débats
Mais l'un des grands sujets sur lesquels les deux candidats se sont affrontés est purement local. Il s'agit du projet de seconde rocade, initié par Jean-Luc Moudenc et pleinement soutenu par Laurence Arribagé.

Laurent Méric, lui, y est clairement opposé. "La rocade, je la prends tous les jours pour aller travailler, et il n'y a pas beaucoup de camions et de véhicules avec des plaques d'immatriculation qui ne soient pas de Haute-Garonne, lance-t-il. Créer une rocade de contournement ne règlerait donc rien. Avec les deux milliards d'euros que coûterait cette rocade, nous pourrions trouver d'autres solutions pour résorber les difficultés de circulation, comme la multiplication de parkings-relais aux portes de l'agglomération et le renforcement de la fréquence des transports en commun aux heures de pointe." Et d'ajouter : "Par ailleurs, une telle rocade viendrait couper notre circonscription en deux. Ce serait intolérable, par respect pour l'environnement, mais aussi pour nos concitoyens."

Un argumentaire que dénonce la candidate UMP, Laurence Arribagé. "Monsieur Méric ne doit pas prendre la rocade tous les matins et tous les soirs, estime-t-elle. Nous le savons, le périphérique toulousain est complètement saturé. Défendre ce projet de contournement est de bons sens. Monsieur Méric agite la peur en disant aux habitants de telle et telle commune que la rocade va passer dans leur jardin. Or, nous ne connaissons pas encore le tracé qu'elle empruntera. Des études vont être lancées et l'objectif sera bien entendu d'impacter le moins possible les habitations." Si elle vante un projet "sérieux et solide", la candidate se dit cependant pragmatique. "Tout n'est pas figé, assure-t-elle. Nous étudierons toutes les solutions. Mais si nous ne faisons rien, dans dix ans, ce sera pire."

Cumul des mandats ?

Sur la forme, au cours de la campagne, les deux candidats ont joué des partitions assez proches, axées sur la proximité avec les habitants. "Je suis une militante parmi les militants, résume Laurence Arribagé. Si je suis élue, je serais sur le terrain. Il n'y aura pas de commune oubliée." Laurent Méric, qui a pris la décision de se mettre "en disponibilité" en cas d'élection, attaque cependant sa concurrente - par ailleurs adjointe au maire de Toulouse en charge des sports et des loisirs - sur la question du cumul des mandats. "Je suis convaincu que pour mener à bien cette mission, il faut s'y consacrer pleinement, explique-t-il. On ne peut pas tout faire à la fois."

Une attaque que la candidate UMP balaye du revers de la main : "Je n'envisage pas de démissionner de mon mandat d'adjointe au maire de Toulouse. Pour moi, un ancrage local est un atout pour réussir un mandat national. Cela permet de garder les pieds dans la réalité, dans le quotidien."

Un risque d'abstention
Laurent Méric se dit "optimiste" quant à ses chances d'être élu député dimanche. "Cette victoire est possible, estime-t-il. Et je sens que de l'autre côté, des doutes sont en train de naître." Pas de "doutes", selon Laurence Arribagé, mais plutôt "de la vigilance". "Nous avons fait un bon premier tour, c'est vrai, et je suis confiante. Mais nous ne devons pas pécher par orgueil ou arrogance, confie-t-elle. Une élection n'est jamais gagnée d'avance. Nous ne mesurons pas le niveau d'abstention qu'il pourra y avoir ce week-end. Le scrutin n'est en effet pas porté par les élections européennes comme il l'était dimanche dernier. Et il tombe pendant un long week-end."

"À gauche, ils ne s'entendent pas"
Pour espérer l'emporter face à sa concurrente, Laurent Méric souhaite jouer la carte du rassemblement, même si les autres forces de gauche du premier tour - Xavier Bigot (EE-LV) et Martine Croquette (PC - Front de Gauche) - n'ont pas appelé à voter pour lui. "Je veux dire aux électeurs écologistes que je suis celui qui est à même de mieux représenter leurs aspirations et à mes amis du PC et du Front de Gauche que je suis celui qui peut faire battre la droite, lance-t-il. Nous devons nous réunir pour gagner ensemble." Un positionnement dont s'amuse Laurence Arribagé. "C'est ça leur problème : à gauche, ils gouvernent ensemble, mais ils ne s'entendent pas."

Impact de l'affaire Copé
Reste la question du contexte national. En pleine affaire Bygmalion et après la démission du président de l'UMP Jean-François Copé, la droite pourrait se trouver fragilisée. "Cette affaire pourrait desservir ma concurrente, c'est vrai, reconnaît Laurent Méric. Mais pour ma part, je suis très loin de ce genre de considérations et de microcosmes."

Laurence Arribagé, elle, se dit confiante. "La séquence n'a pas trop duré et Jean-François Copé a rapidement pris la décision de démissionner, constate-t-elle. Je ne pense pas que tout cela impactera le vote de dimanche. En tout cas, au cours de tous les déplacements que j'ai pu effectuer, personne ne m'a parlé de cela. Les gens font la part des choses. Dimanche, c'est leur député qu'ils vont élire."

Alexandre Léoty
© photos Rémi Benoit / DR

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