Jean-Pierre Bel, président du Sénat : "Jamais la France n'a eu autant l'opportunité de se réformer". Interview

Jean-Pierre Bel était l'invité d'honneur du Cercle Capitolium, présidé par Olivier Piquemal, jeudi 13 février à Toulouse. Devant 80 chefs d'entreprise et élus, il a évoqué la réorganisation territoriale, la levée de l'immunité parlementaire de Serge Dassault et la gravité de la situation économique.
Jean-Pierre Bel, président du Sénat

Jean-Pierre Bel était l'invité d'honneur du Cercle Capitolium, présidé par Olivier Piquemal, jeudi 13 février à Toulouse. Devant 80 chefs d'entreprise et élus, il a évoqué la réorganisation territoriale, la levée de l'immunité parlementaire de Serge Dassault et la gravité de la situation économique.

Les sénatoriales ont lieu en septembre prochain. La gauche peut-elle perdre le Sénat ?


Non, je pense sincèrement que la gauche va conserver la majorité. C'est peut-être un peu paradoxal, mais en regardant les choses de près, en analysant la situation avec attention, je crois que nous avons beaucoup de raisons d'être confiants. D'ailleurs, les responsables de droite sont eux-mêmes assez convaincus que la gauche va conserver le Sénat.

Quelle est votre réaction suite à la crise interne qui a secoué le Sénat après la demande de levée de l'immunité parlementaire de Serge Dassault ?
Soyons clairs, je ne fais d'acharnement contre personne. Mais en créant l'alternance, le Sénat a incarné quelque chose de nouveau. Et je suis très attaché à l'image qu'il donne. Nous avons fait beaucoup d'efforts pour installer de la modernité et de la transparence. Or, la manière dont l'opinion publique a ressenti la décision précédente (qui consistait à ne pas lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault, NDLR) a constitué une marche en arrière qui m'a posé problème. Il fallait laver cette tache. Nous ne devons pas donner le sentiment que nous protégeons les parlementaires.

Le 8 janvier dernier, en effet, lors d'un premier vote, deux voix de gauche - anonymes - avaient manqué pour lever l'immunité de Serge Dassault. Vous aviez alors dit : "C'est la pire journée que j'aie vécue au Sénat depuis mon élection à sa présidence".

Ces deux voix de gauche, je n'ai jamais bien compris ni "qui" ni "pourquoi". Chacun doit prendre ses responsabilités, y compris sur ce type de décision. J'ai donc réagi en demandant la levée du secret du vote.

Et finalement, le 12 février dernier, l'immunité de Serge Dassault a été levée...
En décidant de lever cette immunité parlementaire, nous avons montré notre responsabilité.

La situation économique vous inquiète-t-elle ?
Il faut avoir conscience de la gravité de la situation. La crise est extrêmement dure avec un affaiblissement terrible du tissu productif. Nous devons arrêter la fuite en avant du déficit. Je suis donc complètement en phase avec le président de la République et le Pacte de responsabilité qu'il propose. Pour ce qui concerne la fiscalité, il faut tout remettre à plat car les chefs d'entreprise ont besoin de savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Jamais la France n'a eu autant l'opportunité de se réformer. Quand on propose un pacte de responsabilité, il faut laisser de côté les petits jeux habituels. La seule question aujourd'hui est de savoir si chacun va prendre ses responsabilités. Nous le saurons très vite, dans les semaines qui viennent.

Quelle est votre vision des enjeux des prochaines élections municipales locales, notamment à Toulouse ?

Je soutiens naturellement tous mes amis, notamment dans cette ville de Toulouse. J'estime que Pierre Cohen est un maire qui a une vision de l'avenir de sa ville. Il pense Toulouse pour ce qu'elle sera demain. Il a su développer des dossiers structurants et il est très proche des besoins quotidiens des habitants. Je suis par conséquent enthousiaste de savoir qu'il a les plus grandes chances de continuer à diriger cette ville.

Que pensez-vous de l'évolution possible du périmètre des régions ? Ce phénomène de fusions pourrait-il concerner Midi-Pyrénées ?
Midi-Pyrénées est, en superficie, la plus grande région de France. Ce qui a été dit par le président de la République, c'est que certaines régions avaient vocation à se regrouper. Mais il s'agit à mon sens des régions les plus petites en taille. Il ne faut pas être frileux dans les réformes. Il y a en effet des avancées à faire dans le périmètre des régions pour leur donner de la force économique, à l'image des länder allemands.

Propos recueillis par Alexandre Léoty et Emmanuelle Durand-Rodriguez
© photo Rémi Benoit

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