Les trois priorités de Jean-Marc Ayrault pour l'innovation

Pour le premier anniversaire du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, le Premier ministre va présenter des nouvelles mesures en faveur de l'innovation afin de favoriser la compétitivité des entreprises. Trois priorités ont été définies : stimuler la culture de l'innovation, soutenir les écosystèmes innovants, et refondre la politique de soutien public à l'innovation.
Le Premier ministre va présenter des mesures en faveur de l'innovation

Le gouvernement est bien décidé à ne pas laisser pas l'occasion. Alors que l'opinion publique, et notamment les entreprises, reprochent bien souvent à l'exécutif l'absence de visibilité, de cap donné par l'action publique, le gouvernement a décidé de leur donner tort. La plupart des membres du gouvernement est sur le pont, surtout les sept logés à Bercy ainsi que Michel Sapin, le ministre du Travail et Geneviève Fioraso, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Mercredi, une réunion à l'Elysée a été organisée ex abrupto pour préparer le premier anniversaire du Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi présenté le 6 novembre 2012 par Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre. Lors de cet événement, le gouvernement reviendra sur les mesures marquantes décidées par le gouvernement depuis un an. Un document est déjà en ligne sur le site du ministère de l'Economie.

Une nouvelle étape, trois priorités pour soutenir l'innovation
Mais c'est surtout l'occasion pour l'exécutif de passer à la prochaine étape. Parallèlement au plan Big Data que la France souhaite pousser à Bruxelles, Jean-Marc présentera un nouveau plan pour redresser la compétitivité des entreprises françaises, plan concocté par les services de Fleur Pellerin, la ministre des PME et de l'Economie numérique. Austérité oblige, ce plan ne contiendra pas de mesures onéreuses pour les finances publiques. Il n'y aura pas de crédit d'impôt pour la compétitivité (CICE) bis !

Selon nos informations, les mesures qui seront annoncées par le Premier ministre auront une priorité : favoriser le développement de l'innovation en France. Trois axes ont été retenus par Fleur Pellerin, qui a été fortement influencée par le rapport "L'innovation, un enjeu majeur pour la France", réalisé par Jean-Luc Beylat, le président d'Alcatel-Lucent Bell Labs, et Pierre Tambourin, chercheur à l'Inserm et présentée en avril 2013.

Développer la culture de l'innovation
La première priorité est de stimuler la culture de l'innovation en France. Elle va de pair avec celle accordée au développement de la culture économique prévu par le projet de refondation de l'école porté par Vincent Peillon, le ministre de l'Education nationale. Initié par les Assises de l'entrepreneuriat en avril, ce chantier s'est accéléré la semaine dernière avec la création du Comité national éducation économie (CNEE) et le lancement du statut d'étudiant entrepreneur.

Sur ce point, le rapport Beylat-Tambourin recommande notamment de réviser les méthodes pédagogiques de l'enseignement primaire et secondaire pour développer les initiatives innovantes, notamment à travers la création de mini-entreprises à l'école, l'apprentissage de la programmation informatique dès le primaire et le secondaire.

Soutenir les écosystèmes innovants
Autre priorité retenu par Fleur Pellerin : le soutien aux écosystèmes innovants. Une nouvelle fois, son action sera fortement inspirée par le rapport Beylat-Tambourin qui supplie l'État de décloisonner les efforts en faveur de l'innovation de tous les acteurs, publics et privés pour que les résultats de la recherche se traduisent en gain de compétitivité et d'emplois dans le futur.

Parmi les nombreuses recommandations formulées dans ce rapport, le gouvernement s'intéresserait particulièrement à l'essaimage à partir des grands groupes dans le secteur privé. L'idée est de donner leur chance à des "innovations potentielles qui, si elles ne trouvent pas leur place au sein du groupe, sont tuées en interne pour des raisons d'allocation des ressources, de marché potentiel marginal par rapport à l'activité du groupe, ou tout simplement de non-alignement avec la stratégie du groupe", indique le rapport.

Dans le public, refonder le transfert, c'est-à-dire le processus qui permet de passer d'une invention, issue de la recherche publique ou de la recherche industrielle, à l'innovation, pourrait être retenu, notamment en prenant en compte le transfert dans l'évaluation des carrières des chercheurs et en favorisant les transferts à destination des PME-ETI. Le décloisonnement doit également être géographique, le rapport souhaitant le soutien des initiatives locales en renforçant le pouvoir d'animation des Régions.

"Il n'y a pas d'écosystème performant sans un partage globale des travaux de recherche, sans une fluidité des échanges, des informations ; Il faut que tous les acteurs parviennent à travailler ensemble, qu'ils soient issus du public ou du privé, qu'ils soient installés à Paris ou dans les métropoles régionales", a martelé Pierre Beylat mercredi lors de la présentation de la nouvelle plate-forme de coordination des écosystèmes de l'innovation en France.

Refonder la politique publique en faveur de l'innovation
Enfin le troisième axe de ce plan "Innovation" plaide pour une refondation du soutien public à l'innovation. Le rapport suggère de clarifier les rôles et les relations de l'ensemble des acteurs publics, nationaux, régionaux et locaux pour permettre de définir enfin une véritable stratégie de l'innovation qui puisse être évaluée. La création d'une nouvelle structure ne serait pas à l'ordre du jour. La BPI, via sa branche Innovation, pourrait devenir l'interface unique du financement de l'innovation en France

Le gouvernement réfléchit aussi aux moyens de permettre à la commande publique de promouvoir l'innovation. Pour l'instant, elle n'y parvient pas, les acheteurs publics n'étant absolument pas encouragés à le faire. En outre, ils ne sont pas autorisés à acheter des biens et service qui n'ont pas de concurrent sur le marché !

Des efforts à poursuivre
Ce nouveau plan d'actions ne sera pas superflu. Une étude dévoilée ce jeudi par COE-Rexecode constate certes que la compétitivité se redresse après une chute ininterrompue depuis le début des années 2000. Beaucoup d'indicateurs sont en effet passés dans le vert. Ainsi, les parts de marché de la France à l'exportation dans la zone euro ne reculent plus depuis 2011, stabilisées à 12,8 %. En outre, le taux de pénétration du marché intérieur par les importations s'effrite et la part de la valeur ajoutée de l'industrie en France dans la valeur ajoutée industrielle européenne progresse. "Les politiques de renforcement de la compétitivité menées depuis dix ans en France, avec entre autres la mise en place des pôles de compétitivité et du crédit impôt recherche, commencent aussi à porter leurs fruits", constate Michel Didier, le président de l'institut. Même les résultats d'exploitation des entreprises industrielles ont récemment augmenté. "Mais ils restent proches de leur point bas", relativise Denis Ferrand, le directeur général de COE-Rexecode. "Si les politique engagées depuis plusieurs années ont enrayé le recul de la compétitivité de notre économie, mais pour regagner tout ou partie du terrain perdu, l'effort d'innovation et de recherche doit être poursuivi et amplifié", poursuit-il.

Fabien Piliu
© photo Rémi Benoit

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