L'Adil 31 place l'autonomie et l'habitat au cœur des débats

L'Agence départementale d'information sur le logement de Haute-Garonne (Adil) a consacré hier 26 novembre un colloque aux enjeux de l'autonomie dans les politiques de l'habitat et de l'aménagement, au Centre de congrès Pierre Baudis, à Toulouse. Acteurs du logement, élus, spécialistes de la démographie et associatifs ont rappelé l'impérieuse nécessité de s'adapter.
Un colloque organisé hier par l'Adil 31, en partenariat avec Objectif News

À la veille du projet de loi 2014 qui prévoit une adaptation de la société française au vieillissement, et donc aux personnes âgées et dépendantes, l'Adil a organisé la première édition d'un colloque sur les questions d'habitat et d'autonomie. "Notre agence est un formidable lieu d'observation des évolutions sociétales, explique Alain Gabrieli, président de l'Adil 31. Nous menons une mission de conseil dans l'élaboration des différents PLH (programmes locaux d'habitat, NDLR). Notre volonté, avec ce genre de débats, est donc bien de bousculer les idées reçues."

Adaptation des logements
En effet, la France, comme ses voisins européens, est plus que jamais concernée par le vieillissement des populations, mais aussi par une urbanisation grandissante et par l'évolution des statuts d'occupation des ménages. "Les trois-quarts des 65-79 ans sont aujourd'hui propriétaires de leur logement en France, et 1,5 million de propriétaires de plus de 80 ans occupe une maison, décrit Béatrice Herbert, chargée de mission à l'Agence nationale pour l'information sur le logement (Anil) et spécialiste des politiques publiques. Par ailleurs, les personnes âgés représentent un quart des locataires. Le sujet de l'adaptation des logements est donc majeur." En Haute-Garonne, par exemple, on compte actuellement plus de 90.000 propriétaires de plus de 65 ans, dont près de 30.000 ont plus de 80 ans. Parmi les locataires du parc privé, 16.000 ont plus de 65 ans et 6.500 plus de 80 ans. Ils sont 10.500 dans le parc social, dont 3.500 de plus de 80 ans.

Logements modulables
En réalité, le statut d'occupation varie peu après la retraite, et vieillir chez soi reste la préférence d'une majorité de personnes âgées et/ou dépendantes. Tandis que l'âge du départ en maison de retraite s'est considérablement retardé. Quelles sont alors les attentes des séniors et personnes dépendantes en matière d'habitat ? Comment produire un flux de logements neufs conformes à leurs besoins ? Peut-on adapter les stocks de logements anciens pour les rendre plus accessibles ?

Du côté des promoteurs privés, comme des bailleurs sociaux, l'appel semble entendu. "Nous avons acté le principe d'accessibilité comme une priorité et sommes en train de dresser une cartographie de notre patrimoine pour mener un programme de réhabilitation", annonce Philippe Pacheu, président du directoire de Promologis, qui gère 23.000 lots. Même préoccupation au Crédit Agricole Immobilier. "Nous tablons sur les logements modulables, et donc adaptables, qui correspondent aux évolutions des modes de vie des gens", indique Philippe Poilleux, directeur de l'activité résidentiel du groupe. Le groupe des Chalets développe de son côté une offre de logements adaptés, suite à une demande émergente de la part des séniors. "Il s'agit de résidences avec espaces communs accessibles et des services spécifiques", décrit Jean-Paul Coltat, directeur général du groupe.

La question du coût

L'adaptabilité. C'est ce que réclament avec force les associations de soutien aux personnes handicapées sur le terrain. Une position réitérée par Vincent Assante, président de l'Association nationale pour l'intégration des handicapés moteurs, qui pointe cependant un retard à l'allumage sur ces questions. Le coût reste le principal frein, se défendent les intéressés. En réalité, si un millefeuille de normes a plombé le coût de la construction ces dernières années, les normes d'accessibilité ne seraient pas forcément en cause. "Elles ne pèsent que 3 à 5 % dans le coût de la construction", nuance l'architecte toulousain Jean-François Martinie, spécialiste du logement.

C'est finalement Tina Schou, conseillère de l'ambassade du Danemark qui tranche en soumettant la solution danoise. Au Danemark, en effet, le logement des personnes âgées et dépendantes a été anticipé de longue date en privilégiant les soins et le maintien à domicile. "Une solution plus économique à terme et qui favorise l'autonomie", estime-t-elle. Seul détail : le pays y consacre 2,2 % de son PIB ! À méditer...

Béatrice Girard
© photo Rémi Benoit

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