Entreprises, pourquoi le dialogue social est une source de compétitivité

Cinq mois après la promulgation de la loi sur la sécurisation de l'emploi, instaurant un nouvel équilibre entre la sécurité nécessaire pour les salariés et les possibilités d'adaptation indispensables aux entreprises, la question du dialogue social est plus que jamais d'actualité. Hier soir 20 novembre, la société Altedia Consultants, dont la nouvelle directrice régionale est Dominique Faure, a organisé une table ronde sur le sujet à Toulouse. Avec au cœur des débats une question simple : et si le dialogue social était source de performance économique ?

Les choses ont changé. Depuis juin dernier, les rapports sociaux sont régis par une nouvelle loi, dite de "sécurisation de l'emploi". Cette loi, qui fait suite à un accord national interprofessionnel signé par la majorité des organisations syndicales et des représentants patronaux, instaure de nouvelles relations, sur un mode considéré par les signataires comme gagnant-gagnant. Le début d'une nouvelle ère ? C'est en tout cas ce que veut croire Grégory Martin, secrétaire général de la CFDT Midi-Pyrénées : "Nous démontrons aujourd'hui que le syndicaliste n'a plus vocation à être un partenaire social, mais à être un partenaire économique et social."

Lorsque les enjeux économiques s'invitent dans les rapports sociaux, c'est tout un mode de relations qui se transforme, pour faire du dialogue social un atout de l'entreprise. "L'entreprise humaine place le dialogue social au cœur de ses préoccupations et de son modèle économique, estime Alain Di Crescenzo, président de la CCI de Toulouse. Un dialogue social nourri et serein est un gage essentiel de compétitivité."

"Pas de compétitivité sans dialogue social"
Grégory Martin ne dit pas autre chose. "L'entreprise est avant tout un lieu de participation collective à un projet commun, estime-t-il. Pour y trouver un sens, chacun - à sa place - doit participer à son élaboration. Il faut réconcilier définitivement l'économique et le social. Il n'y a pas d'un côté les patrons, qui gèrent l'entreprise, et, de l'autre, les représentants de salariés, qui organisent l'arbre de Noël. Tout le monde ne joue pas encore le jeu, mais on se rendra bientôt compte que ceux qui souhaitent que la compétitivité de leur entreprise progresse s'inscriront dans cette démarche de co-construction."

Pour Catherine d'Hervé, directrice régionale de la Direccte Midi-Pyrénées, "on a trop souvent considéré comme opposés les mots 'compétitivité' et 'dialogue social' ". Pour la représentante de l'État, des relations saines et équilibrées entre chefs d'entreprise et représentants des salariés peuvent indéniablement constituer une force. "Il n'y a pas de compétitivité sans dialogue social, assure-t-elle. L'information est au cœur des enjeux. Et tous ceux qui sont producteurs de richesse ont le droit à l'expression."

"Ne pas faire l'économie de l'information"
Cette nouvelle donne, Florence Durand, directrice des ressources humaines du Crédit Agricole Toulouse 31, l'avait anticipée dès 2009. "À l'époque, nous avons inscrit le dialogue social comme l'une des conditions de réussite de notre plan stratégique, explique-t-elle. Nous sortions alors d'un moment difficile. Un projet de réorganisation de notre réseau s'était très mal passé du point de vue du dialogue social. Par ailleurs, nous avions identifié l'attachement des salariés à l'entreprise et à son développement comme étant l'un des nos atouts. Nous souhaitions préserver cette force. Enfin, nous sommes conscients qu'un dialogue social apaisé se traduit par de meilleures relations entre nos collaborateurs et nos clients."

Autant d'arguments qui ont amené la banque à signer un accord de méthode avec ses partenaires sociaux. "Nous avons choisi de recueillir leur avis sur notre plan stratégique, et ils ont adhéré, explique Florence Durand. Nous avons fait œuvre de pédagogie, sans faire l'économie de l'information. C'est primordial. Nous veillons à être cohérents sur l'information que nous fournissons à nos managers et à nos partenaires sociaux." Une démarche qui semble avoir porté ses fruits. "Nous venons de boucler un dossier de réorganisation de notre réseau et, cette fois-ci, nous avons obtenu un avis favorable", sourit la DRH.

Des salariés-actionnaires
Transformer en profondeur la nature de son dialogue avec ses partenaires sociaux, c'est également ce qu'a choisi de faire le groupe immobilier toulousain GA (CA : 200 M€) depuis 2003. À l'époque, le groupe familial est cédé à plusieurs fonds d'investissement étrangers. L'occasion pour la nouvelle direction en place d'offrir la possibilité à ses salariés de rentrer au capital. "55 personnes, sur les 400 collaborateurs que compte le groupe, sont devenues actionnaires, explique Christian Vandewalle, directeur général de GA. Au fil des années et des sorties de nos différents investisseurs, le nombre de salariés-actionnaires a grandi, pour atteindre aujourd'hui 190 personnes, représentant un capital de 27 M€."

Le chef d'entreprise le concède : un tel montage financier génère "un dialogue social qui peut paraître parfois un peu particulier". Et pour cause : la majorité des membres du comité d'entreprise sont eux-mêmes actionnaires. "C'est par conséquent un dialogue multidimensionnel, à 360 degrés, confie Christian Vandewalle. Mais attention, nous ne sommes pas une Scop. Le management maîtrise l'actionnariat salarié. C'est notre engagement". L'initiative permet à GA de réaliser certaines économies. "Un actionnaire a tendance à faire un peu plus attention à ses notes de frais, car c'est son argent", sourit le directeur général.

Alexandre Léoty
© photo AL

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