La privatisation de l'Aéroport Toulouse-Blagnac est en marche, l'État cède 49,99 % du capital

La privatisation de l'Aéroport Toulouse-Blagnac est en marche. L'État a annoncé ce vendredi une première cession de 49,99 % de ses parts au capital d'Aéroport Toulouse-Blagnac via un appel d'offres. Le choix du nouvel entrant au capital sera être connu d'ici le mois de novembre. Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, appelle à la "vigilance" sur le choix du nouvel actionnaire. Martin Malvy et Pierre Izard souhaitent que les partenaires publics restent majoritaires.
l'État cède 49,99 % du capital d'ATB

L'État, via l'Agence française des participations, va se séparer de ses actifs dans la société Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB), qui exploite l'aéroport toulousain. Actuellement détenteur de 60 % du capital, l'État va céder 49,99% de ses parts lors d'une première opération, via un appel d'offres. Le choix du nouvel entrant au capital devrait être connu d'ici le mois de novembre. Il n'y a pas d'autres aéroports français concernés par ce désengagement de l'État.

Selon nos sources proches de Bercy, cette privatisation de l'aéroport se ferait en deux étapes. En effet, une deuxième opération de cession devrait se faire plus tard, à hauteur de 11 %. Au total, le nouvel actionnaire détiendrait 60 % de la société ATB.

Actuellement, les autres actionnaires d'ATB sont la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (25%), la Région Midi-Pyrénées (5%), le Département de Haute-Garonne (5 %) et Toulouse Métropole (5 %).
"La Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse sera également invitée à céder une fraction de sa participation aux côtés de l'État, si elle en exprime l'intention" précise un communiqué de presse du gouvernement, qui précise que "l'opération a fait l'objet d'une concertation approfondie au cours des derniers mois avec les actionnaires locaux, qui seront pleinement associés à sa mise en œuvre et avec lesquels l'Etat exercera sa vigilance sur les aspects industriels et sociaux des offres des candidats".

Pour rappel, en 2011, l'État avait dû faire marche arrière sur ce projet face à l'opposition des élus locaux (lire notre article). Il souhaitait, par la vente de ses parts, récupérer 500 millions d'euros.

Les élus locaux appellent à la vigilance

Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole ( actionnaire à hauteur de 5%) voit dans cette nouvelle "la suite logique d'un processus qui a vu entrer la Communauté urbaine, la Région, le Département et la CCI de Toulouse dans le capital de l'Aéroport." "Nous souhaitons rester à 5 %" affirme l'élu, qui apelle à la vigilance quant au choix du nouvel actionnaire : "Je souhaite que l'État, lorsqu'il choisira le nouvel actionnaire, tienne compte des éléments du territoire. L'aéroport est un outil qui participe au dynamisme économique d'une région et d'une métropole. C'est une zone en développement avec le projet de Parc des expositions à proximité et ce Parc des expo doit travailler en résonance avec l'aéroport? Je souhaite donc qu'il y ait un lien de travail avec le nouvel exploitant, car ce sont là deux gros outils de développement économique." " L'État doit s'assurer des intentions du nouvel exploitant. Qu'il exerce ses fonctions régaliennes" ajoute Jean-Luc Moudenc.

Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, rappelle que "Le projet n'est pas nouveau. Nous avions fait valoir en 2011 à l'occasion de plusieurs rencontres ce qu'étaient nos préoccupations, liées à la poursuite du développement de la plate-forme aéroportuaire de Toulouse. Elles demeurent les mêmes avec un objectif de vigilance de la part des partenaires publics, dont nous avions souhaité qu'ils demeurent majoritaires au capital de la nouvelle société. Nous restons sur la même ligne."

Pierre Izard, président du Conseil général, également actionnaire à hauteur de 5%, est sur la même ligne. Il rappelle que "le développement et le succès de l'aéroport de Toulouse - Blagnac sont le fruit d'une gestion publique qui a fait preuve de son efficacité. L'aéroport est actuellement détenu à 100 % par des actionnaires publics, dont le Conseil Général. Je tiens donc à réaffirmer avec force que je serai extrêmement vigilant à ce que cet équipement stratégique continue à être contrôlé par la puissance publique."

L'ancien maire de Toulouse, le socialiste Pierre Cohen, estime que " si l'État cède la totalité de ses parts, ce serait une erreur" et affirme que les collectivités et la CCI " doivent être majoritaires". "L'aéroport est un outil stratégique, même vital pour Toulouse, d'autant plus que la LGV connaît des difficultés de financement". "On joue avec le feu" craint Pierre Cohen, qui redoute un actionnaire privé "trop intéressé par le profit, au détriment du service public et de la préservation de l'environnement".


Sophie Arutunian, Paul Périé et Emmanuelle Durand-Rodriguez
© photo Rémi Benoit

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