Privat est sauvée : le libraire Benoît Bougerol reprend l'enseigne toulousaine

Le libraire Benoît Bougerol, propriétaire de La Maison du Livre à Rodez, a signé ce matin l'acte de vente, sous conditions suspensives, de la librairie du 14 rue des Arts. Sous réserve que les travaux de mises aux normes du bâtiment soient terminés avant la fin du mois d'août, il sera l'heureux propriétaire de la librairie Privat au 1er octobre 2013. Il garantit de maintenir les emplois, et ambitionne de doubler le chiffre d'affaires de la boutique.
Benoît Bougerol


"Cela se fera avant la fin de l'été ou ne se fera pas." Benoît Bougerol avait prévenu dès le mois de mai, les négociations exclusives menées avec Actissia, propriétaire de la librairie Privat, seront rapides. Il ne s'était pas trompé. Le libraire indépendant, déjà propriétaire de La Maison du Livre de Rodez, peut partir en vacances avec le sentiment du travail accompli. À la rentrée, il occupera les murs du 14 rue des Arts. Le document a été signé ce matin à Toulouse avec un représentant d'Actissia, actuel propriétaire des murs. Benoît Bougerol rachète également la librairie spécialisée en médecine et sciences de la rue Gambetta, à Toulouse, et maintient la totalité des 16 emplois concernés.

Une condition seulement pourrait annuler la vente : la mise au normes des bâtiments. "Depuis plusieurs années la commission de sécurité émet un avis défavorable. Je veux que le propriétaire actuel termine les travaux de mise aux normes avant la fin de l'été, sinon je n'achète pas. Je ne suis pas inquiet", affirme cependant le libraire de 56 ans.

Quatre partenaires financiers
Benoît Bougerol a racheté la librairie historique dans le cadre de la création d'une nouvelle société, filiale de sa holding personnelle, Hokmah, créée au moment du rachat de La Maison du Livre, à Rodez. "Cette opération ne fragilise pas La Maison du Livre. Les deux librairies auront le même actionnaire mais restent deux structures séparées", explique-t-il.

Trois autres partenaires participent au montage financier, chacun à part égale : l'Adelc (Association pour le développement de la librairie de création) et le Centre national du livre (dépendant du ministère de la Culture) sous forme de prêts à taux zéro, et "un prêt bancaire classique, sur 7 ans".

Ambition : doubler le chiffre d'affaires
Benoît Bougerol rachète ainsi le fonds de commerce, dont le montant est tenu secret, mais qui est "largement inférieur aux 650 000 € soi-disant proposés par une marque de vêtements" selon lui. Il acquiert également les stocks des deux magasins, évalués à 450 000 €. Il récupère le personnel (16 personnes), et financera également une refonte totale du système informatique (la librairie devrait fermer pour l'occasion une semaine au mois d'octobre).

Son objectif, "redonner à Privat le rôle de grande librairie de cœur de ville qu'elle n'aurait jamais dû perdre" et doubler le chiffre d'affaires, aujourd'hui de 2,4 M€. "À Montpellier Sauramps fait 22M€. Ombres Blanches, le plus gros chiffre d'affaires en librairie à Toulouse, fait 8 M€. Nous pouvons au moins atteindre la moitié de ce résultat." La librairie de Benoît Bougerol à Rodez, la Maison du Livre, atteint 3,6 M€ de chiffre d'affaires. Pour parvenir à ses fins, Benoît Bougerol souhaite redorer le blason des "rayons maltraités" : parmi eux, la jeunesse et l'histoire.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

En savoir plus:

Pierre Cohen a réagit par communiqué de presse dans l'après-midi, il salue le rachat de la librairie Chapitre par Benoît Bougerol:
"C'est une double bonne nouvelle pour le livre à Toulouse et pour les salariés qui étaient menacés de perdre leur emploi, Toulouse est aujourd'hui, après Paris, la ville qui possède le plus grand nombre de librairies indépendantes. Cette spécificité mérite d'être sans cesse défendue !"

Jean-Luc Moudenc, député UMP a également réagit: "La librairie des Arts - Privat est sauvée. Je suis soulagé. La disparition de cette enseigne aurait coûté cher au dynamisme culturel du centre-ville.Une PME locale a fait obstacle à l'appétit vorace d'un fonds de pension. Quel beau symbole ! Je salue le courage de Monsieur Bougerol, patron de la Maison du Livre à Rodez. Oui, il existe des solutions pérennes pour maintenir la diversité commerciale en ville. A Toulouse, nous pourrons désormais nous targuer d'avoir une 'jurisprudence Privat' ! Je souhaite qu'il n'y ait pas de récupération politique de cette victoire, car tous les élus ont su agir dans le même sens."

Marie Déqué, Toulouse Métropole d'Europe: "L'annonce du rachat par le libraire ruthénois Benoit Bougerol de la librairie de la rue des Arts est non seulement une excellente nouvelle pour les nombreux lecteurs toulousains mais aussi un signe fort qu'en temps de crise la culture résiste. Autant que la pérennisation d'une institution chère au cœur des Toulousains, le sauvetage de la librairie Privat (qui s'accompagne du maintien des 16 emplois) confirme la place essentielle de la littérature et, plus largement, de la culture dans la vie des Toulousains. Depuis l'Académie des Jeux floraux jusqu'au Marathon des Mots, Toulouse a toujours su démontrer son attachement au livre et la Ville Rose, plus qu'aucune autre, a su conforter la place des librairies indépendants. Continuons ce combat pour la culture qui est l'un des marqueurs identitaires forts de notre Ville. "

Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées: "C'est évidemment une très bonne nouvelle, d'une part, pour les emplois qui sont sauvés, et d'autre part, pour le réseau régional des librairies indépendantes qui ainsi s'agrandit. Nous accompagnerons cette nouvelle structure, notamment dans le cadre de notre aide à l'informatisation, comme nous le faisons depuis plusieurs années pour ce type de librairie. Le secteur du livre est fragile, sa défense est une des priorités de nos politiques culturelles."

Pierre Izard, président du Conseil général Haute-Garonne: "Comme nous l'espérions, Privat continue d'inscrire son indépendance dans le paysage culturel toulousain. C'est une très bonne nouvelle pour la culture en Haute-Garonne et pour tous ceux qui considèrent que le livre n'est pas une marchandise comme les autres."


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