Thierry Lanuque, le président du Groupe 3A, a confirmé ce jeudi à Toulouse le rapprochement entre la coopérative laitière midi-pyrénéenne (2 000 salariés et 750 M€ de chiffre d'affaires) et le géant du secteur Sodiaal (presque 5 Md € de chiffre d'affaires). "Nous préparons cette fusion depuis plusieurs mois dans la plus grande sérénité. Elle arrive au bon moment pour se préparer aux bouleversements de 2015." En effet à cette date disparaîtront les quotas laitiers qui permettent de garantir les prix en limitant, et en stabilisant la production laitière en Europe. "En s'adossant à une coopérative française de poids, et avec la quelle nous travaillions déjà, nous assurons l'avenir de nos salariés et restons un acteur majeur de la filière laitière" justifie encore Thierry Lanuque, qui assume que 3A soit absorbé par le géant du secteur. "N'ayons pas peur des mots, il s'agit bien d'une fusion-absorption, mais l'ensemble de nos 21 sites de production n'est absolument pas menacé."

Quand la fusion sera effective, début 2014, le nom de 3A disparaitra. La nouvelle entité pèsera alors plus de 5Md € de CA et sera le premier collecteur de lait de France avec 14 000 producteurs (dont 2 000 en provenance de 3A).

Pas de menace sur l'emploi
Philippe Carré, le directeur général de 3A approuve : "Cette association n'aura aucun impact sur l'emploi, nos sites de production ne sont pas en concurrence avec ceux de Sodiaal, ils sont complémentaires. Les investissements réalisés chaque année les rendent compétitifs, nous n'avons rien à envier à notre partenaire." Par ailleurs, Thierry Lanuque rappelle que la politique des AOP contraint à produire les fromages sur des territoires bien précis : "de fait, nous sommes obligés de maintenir nos sites de production de Cantal, de Roquefort, de Saint-Nectaire, et ceux des Pyrénées".
En revanche, "nous devons rester compétitifs" nuance le directeur général : "l'éternelle équation prix / coût de production nous force à employer moins d'intérimaires et de CDD."

Gouvernance
"Chaque directeur de filiale gardera son poste" a expliqué Thierry Lanuque. " Elles restent des business unit à part entière dans le nouvel ensemble". Ainsi, après fusion, l'ensemble se divisera en 4 pôles : Les Fromageries Occitanes feront partie du pôle "Fromages", aux cotés des filiales de Sodiaal, Entremont et Monts et Terroirs. Le pôle "Produits secs" (sérum à destination du lait en poudre) regroupera Eurosérum, Régilait, Nutribio (filiales de Sodiaal), et Bonilait (3A). Candia (Sodiaal) et Beuralia (3A) formeront le pôle "Lait", et Yoplait (Sodiaal), Yéo et Boncolac (3A) le pôle "Ultra-frais /surgelés".

Par ailleurs trois représentants de 3A feront leur entrée au conseil d'administration de Sodiaal, chacun venu d'Aquitaine, de Midi-Pyrénées ou d'Auvergne. Thierry Lanuque, actuel président de 3A, deviendrait président de Sodiaal Sud-Ouest. "C'est ce qui sera proposé à l'AG qui validera la fusion, à la fin de l'année" précise-t-il.

"Début du processus"
Thierry Lanuque entame une campagne d'information auprès de tous les producteurs de 3A, sur 17 départements, pendant 10 jours. "J'ai hâte de présenter le projet, je n'ai aucune crainte" déclare-t-il. "Nous n'en sommes qu'au début du processus" rappellent les deux hommes. Si la fusion a été largement approuvée en conseil d'administration chez 3A et Sodiaal, il faut encore effectuer une procédure d'information et de consultation des représentants du personnel, puis une validation du projet en AG, et obtenir l'aval de l'Autorité de la concurrence.

Sophie Arutunian
©photo Rémi Benoit

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