Jean-Michel Cambot se voit en "dompteur d’intelligence artificielle"

Le fondateur de la startup montpelliéraine TellMePlus entend empêcher que "les algorithmes contrôlent le monde de demain" avec une solution permettant de prévoir les défaillances et pannes des objets connectés. Celui qui fut au début des années 1990 l’un des précurseurs de l’informatique décisionnelle - il est l’auteur initial de Business Objects – anime une masterclass le 13 novembre à l’occasion de Biznext Toulouse, organisé par La Tribune.
Jean-Michel Cambot a été récompensé aux Trophées de l'aéronautique.

 De Business Objects à Predictive Objects. De l'informatique décisionnelle à l'intelligence artificielle appliquée à l'internet des objets. La trajectoire de Jean-Michel Cambot, fondateur de la startup montpelliéraine TellMePlus, fait preuve d'une certaine continuité au-delà des secteurs apparemment très différents.

L'ambition de Jean-Michel Cambot : être un "dompteur d'intelligence artificielle":

"Le risque c'est que les algorithmes contrôlent le monde de demain. Si on les laisse faire, les objets connectés n'en feront qu'à leur tête. Avec Predictive Objects nous rendons les objets intelligents mais sous le contrôle et pour le bénéfice des humains".

Le challenge est énorme. D'ici à peine plus d'une décennie, le monde pourrait compter plus de 200 milliards d'objets connectés, soit 30 par être humain.

La solution Predictive Objects, développée par TellMePlus, crée des logiciels prédictifs, c'est à dire capables de prévoir les défaillances à venir des machines connectées, de la voiture, aux outils industriels en passant par le chauffage central. Si on les écoute bien, les objets connectés sont capables d'annoncer leurs futures pannes, annonce Jean-Michel Cambot. "Notre solution place des outils d'intelligence artificielle à l'intérieur même des objets connectés ou des machines industrielles", détaille le fondateur de TellMePlus qui anime pour La Tribune une masterclass sur le sujet le 13 novembre à l'occasion de Biznext Toulouse.

Les technologies brevetées par la startup (partenaire du CNRS et de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique-Inria) mettent à profit le machine learning et le big data pour automatiser la création de modèles prédictifs et renforcer les compétences des experts humains pour des prévisions plus rapides et plus précises. Embarqué dans les objets connectés, Predictive Objects décèle les signaux faibles des capteurs intégrés et prescrit des solutions rapides.  « Sur les réseaux de machines industrielles, nous apportons des solutions en quelques heures, là où il fallait des mois auparavant », se réjouit Jean-Michel Cambot. Predictive Objects tire parti de toutes les données disponibles de l'entreprise - y compris les signaux faibles - pour permettre aux entreprises de mieux exploiter leurs données concernant leur internet des objets et améliorer leur prise de décision. On retrouve les grands principes de Business Objects.

Car Jean-Michel Cambot n'est pas vraiment un inconnu dans l'informatique professionnelle. C'est lui qui à l'aube des années 1990 crée la première version du progiciel qui va ouvrir la voie à l'informatique décisionnelle : Business Objects. En plongeant au coeur des données informatiques de l'entreprise et de ses bases de données, celui-ci permet leur analyse rapide par des experts métiers. Le succès est rapidement au rendez-vous. En 2000, il s'était vendu 2 millions de licences de Business Objects depuis sa création ; la société conquiert 10 % du marché mondial de l'informatique décisionnelle. À tel point qu'en 2008, Business Objects fait l'objet d'une OPA amicale réussie par le groupe allemand SAP, valorisant la société à environ 4,8 milliards d'euros.

Las, Jean-Michel Cambot n'est pas actionnaire de la pépite informatique... Devenu depuis un spécialiste des applications liées à l'intelligence artificielle, le quinquagénaire revendique son statut de « self-made-man » : « je n'ai pas suivi de cursus universitaire, j'ai juste eu une bonne idée assez tôt avec Business Objects. ». Après l'aventure de l'informatique décisionnelle, il travaille  comme consultant indépendant, notamment aux Etats-Unis où il participe à la création de start-ups comme Neocase Software, qui développe des solutions sur le cloud pour les centres de services partagés en ressources humaines ou finance.

De retour en France, il crée en 2011 TellMePlus. L'idée de départ est de développer une application sur smartphone qui présente des produits et des offres en réalité augmentée avec une intelligence artificielle qui apprend les goûts des utilisateurs et adapte les propositions faites au fur et à mesure.

La start-up pivote trois fois pour s'adapter au marché. En 2013, Jean-Michel Cambot décide de se concentrer sur le moteur d'intelligence artificielle et  se détourne du grand public pour le BtoB. L'année suivante, lors d'un concours d'innovation de la SNCF, il se fait remarquer avec une technologie embarquée dans des drones de surveillance de lignes ferrées capable de prédire en vol les risques de chutes d'arbres. La version actuelle de TellMePlus vient de naître. La startup s'adresse à de nombreux secteurs : le transport (avec pour clients Airbus, Airbus Helicopters), l'énergie (l'indien Adani Group), l'industrie 4.0 (Renault), mais aussi banques et assurances (LCL, La Poste).

En janvier 2016, TellMePlus réalise une levée de fonds pour 4,2 M€ auprès de fonds d'investissements, dont Ventech, Sferen Innovation (Macif & Matmut) et d'investisseurs privés. Cet argent lui permet d'industrialiser sa technologie. En mai dernier, la start-up rejoint le programme d'accélération de Cisco (Predictive Objects sera embarqué dans les routeurs de Cisco afin de proposer des services d'analyse prédictive). Simultanément, elle devient partenaire de Google afin d'intégrer ses solutions dans les plates-formes de gestion des objets connectés (éoliennes, avions, voitures connectées).

Poussée par ses partenaires (GE, Cisco...), TellMePlus envisage une prochaine nouvelle levée de fonds d'ici à la fin de l'année. Objectif : lever 30-50 M€ afin d'accélérer le développement à l'international notamment les marchés asiatiques : Inde, Chine, Japon. Pour cela, Jean-Michel Cambot prévoit d'ouvrir une représentation aux Etats-Unis, vraisemblablement dans la Silicon Valley, « épicentre de l'intelligence artificielle ».

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