Emmanuelle Lassalle-Michel, Fnaim 31 : "La loi Alur détruira des emplois dans les agences immobilières du département"

Emmanuelle Lassalle-Michel, présidente de la Fnaim 31, alerte l'opinion sur la menace économique de la loi Alur. Elle estime que 10 % des effectifs des agences immobilières pourraient disparaître en Haute-Garonne. Interview.
Emmanuelle Lassalle-Michel, présidente de la Fnaim 31

Vous profitez de votre assemblée générale annuelle pour redire votre opposition à la loi Alur, qui a pourtant été votée. N'est-il pas trop tard pour se mobiliser ?
Même si elle a déjà été votée en grande partie, il n'est pas trop tard, car à ce jour aucun des décrets d'application n'est encore connu. Nous sommes dans le flou le plus total pour certains aspects d'une loi censée s'appliquer en partie dès 2014. Nous souhaitons attirer l'attention sur cette loi qui, définitivement, n'a pas été mise au point en concertation avec les agents immobiliers. D'ailleurs, les représentants des trois principaux syndicats, la Fnaim, la SNPI et l'Unis, sont mobilisés. Concernant les questions d'honoraires, par exemple, ils seront plafonnés par décret, mais nous ne savons toujours pas pour quel montant nous serons rémunérés. Sur ce point, Cécile Duflot met en avant des économies pour les locataires, mais il y aura perte de bénéfices pour les professionnels de l'immobilier. Or, nous rappelons qu'il y a une réalité économique et des entreprises à faire fonctionner.

Comment estimez-vous les répercussions pour la profession en Haute-Garonne ?

Nous tablons sur la perte de près de 40 % de notre chiffre d'affaires, ce qui conduira inévitablement à des destructions d'emplois dans les agences pratiquant la location. En Haute-Garonne, le secteur immobilier compte environ 3.000 salariés, et cette loi pourra conduire à la perte d'au moins 10 % des effectifs. Il faut rappeler que les agences immobilières sont majoritairement des TPE. Et en France, 70 % des agences immobilières réalisent moins de 500.000 € de chiffre d'affaires annuel.

Quels sont les autres aspects de la loi qui vous posent problème ?

L'encadrement des loyers, d'une part, car la loi, qui prend le loyer médian comme référence, ne permettra pas de tenir compte de la diversité des biens et de leurs particularités bonnes ou mauvaises. Cela conduira à une forte inertie des loyers, réduira toute perspective de rentabilité et éloignera les investisseurs à terme. Cette mesure, que nous qualifions de très "parisienne", aura un impact négatif sur les investisseurs et elle est inadaptée à des villes comme Toulouse ou Nantes. Enfin, la garantie universelle des loyers, qui devrait s'appliquer à partir de 2016, aura un coût qui n'a pas été évalué à ce jour. C'est invraisemblable !

Propos recueillis par Béatrice Girard
© Photo Rémi Benoit

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