Lancé par Louis XIV, achevé 15 ans plus tard sous la houlette de Colbert, le canal du Midi a été le chantier du 17e siècle, qui a révolutionné le transport fluvial dans le Midi de la France. Depuis dix ans, c'est à un autre chantier du siècle qu'il a fallu s'attaquer. Celui de la préservation de cette merveille (inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1996). Car le canal, longtemps utilisé pour le transport de marchandises et désormais le tourisme, est atteint par une maladie mortelle. Nombre des 42 000 platanes qui le bordent sur plus de 240 kilomètres sont attaqués par un champignon microscopique, le chancre coloré, qui se développe par les racines et le tronc. De quoi tuer les arbres en quelques années seulement.

Face à ce fléau qui attaque la voûte arborée caractéristique du canal, VNF a décidé d'agir et de mobiliser toutes les énergies pour défendre cette grande cause. Une course contre la montre s'est engagée pour lutter contre cette maladie très contagieuse. Il a fallu identifier les platanes malades, les abattre et replanter de nouvelles essences, mais aussi consolider les berges et poser des nichoirs pour les oiseaux et les chauves-souris. Un chantier de reconstruction démesuré - pour un financement tout aussi gigantesque.

Accélérer le mouvement

Chaque année, ce sont près de 9 millions d'euros qui sont investis par l'Etat, les collectivités locales et VNF pour la restauration du canal du Midi. En outre, VNF, à travers sa Mission Mécénat et son Club des entreprises mécènes, mobilise depuis 2013 les entreprises et le grand public. Ce soutien de dizaines d'entreprises et de milliers de donateurs est vital pour l'avenir du canal du Midi.

« En 10 ans, nous avons collecté près de 10 millions d'euros pour le programme de replantation du canal du Midi, dont 70 % de dons des entreprises du Club des mécènes », précise François Cholet, chef de la Mission Mécénat, qui s'empresse d'ajouter qu'il n'y a pas d'objectif en ce qui concerne les sommes collectées. Mais plus les fonds seront abondants, mieux ce sera pour le canal... « La collecte nous permet d'accélérer le mouvement », indique-t-il. Déjà, le bilan est positif. En effet, en dix ans, ce sont 31 500 platanes malades qui ont été abattus et 18 000 arbres d'essences différentes replantés. En outre, 65 kilomètres de berges ont été restaurés et 1 500 nichoirs installés.

Des entreprises qui agissent pour leur territoire

Aujourd'hui, plus d'une soixantaine d'entreprises font partie du Club des mécènes. Certaines, comme les laboratoires Pierre Fabre ou Fibre Excellence, ont un intérêt particulier à préserver la biodiversité, puisqu'elles s'appuient sur des produits de la nature pour leurs activités. D'autres interviennent dans le domaine de l'environnement, comme Philip frères, et veulent préserver cette richesse naturelle. D'aucunes, comme Le Boat, spécialiste de locations de bateaux, ont évidemment envie de voir les clients séduits par la beauté du site. Enfin, la très grande majorité - des banques et compagnies d'assurance (CIC, Banque Populaire, Crédit Agricole, Caisse d'Epargne, Axa...), des acteurs du secteur de la construction (Actis, LP, Promomidi, Angelotti), des entreprises technologiques ou de l'aérospatiale (Mecano ID, Liebbher), des spécialistes de l'énergie (EDF) ou de la transition énergétique (Téréga), font du mécénat en faveur du canal du Midi un axe de leur stratégie RSE (responsabilité sociale et environnementale des entreprises). Une belle façon pour elles de concrétiser leurs engagements en termes de développement durable du territoire. Et, bien sûr, d'être actrices de ce changement. « Les profils de mécènes, les tailles de sociétés, les localisations géographiques sont variés, mais toutes les entreprises qui nous épaulent ont le souci de protéger le territoire et ses richesses », relève Julie Birs, responsable du Club des entreprises mécènes du canal du Midi. Et d'ajouter : « C'est un club ouvert et éco-responsable ».

La plupart sont fidèles. Et généreuses. Si le don moyen s'élève à 10 000 euros (soit 4 000 euros après défiscalisation), certaines font bien plus. Et toutes sont fières d'appartenir à ce Club. « Nous mettons l'accent sur la coopération entre parties prenantes : entreprises (salariés et clients), associations, écoles... », relève François Cholet. Et « nous organisons trois grands évènements par an », renchérit Julie Birs. Une croisière, une remise de trophées et un gala caritatif où les mécènes peuvent réserver une table pour leurs invités. « Cette année, à l'occasion du gala, qui se tient le 5 décembre au Palais de Niel, à Toulouse, nous donnons également la possibilité à des non-mécènes d'avoir une table », précise-t-elle. Malgré la fidélité des donateurs actuels, la recherche de nouveaux est permanente...

Ces initiatives sont d'autant plus importantes que « nous avons encore 20 ans d'efforts devant nous », poursuit François Cholet. En effet, si, en 2023, 1 300 arbres seront replantés, 250 nichoirs installés et 8 kilomètres de berges restaurés, le programme, pour les prochaines années, reste colossal, avec pas moins de 24 000 arbres à replanter, 300 kilomètres de berges à restaurer et 350 nichoirs à installer.