Seulement 30 % des entreprises créées en Midi-Pyrénées en 2006 l'ont été par des femmes. Ces chiffres issus de l'enquête SINE (Système d'information sur les nouvelles entreprises) de l'INSEE ont été évoqués par le préfet de Région Henri-Michel Comet et les 18 femmes qu'il a invitées à un petit-déjeuner ce 8 mars à Toulouse.

Des femmes qui occupent des postes à responsabilité et sont agricultrices, chef d'entreprise ou exercent dans la fonction publique. « Les avis étaient partagés lors du petit-déjeuner mais pour certaines, être une femme n'est pas en soi une difficulté pour avoir un poste important », explique le préfet. En revanche, toutes les femmes présentes étaient d'accords pour dire qu'en dehors de l'unité qu'elles dirigent, leur image reste décalée par rapport à leurs responsabilités.

En décalage également, le salaire médian annuel qui en 2003 était de 12 100 € pour les femmes contre 15 190 € pour les hommes. Une inégalité salariale de l'ordre de 20 %. « La première raison invoquée est physique, c'est celle de la maternité. Pour beaucoup, on part encore de la logique de la mère qui garde les enfants », souligne Nathalie Faidherbe, co-gérante de C&N traiteur.

« Que ce soit dans le secteur public ou privé, les femmes gagnent moins que les hommes à la sortie de l'école. Les employeurs se disent qu'elles devront gérer le foyer, la crèche, l'école... », regrette Catherine Hugonet, déléguée régionale aux droits des femmes et à l'égalité. Autre frein que l'élu dénonce, « la maladie française du présentéisme ». Elle rappelle que l'enjeu est l'information. « Les femmes ne savent pas que si elles prennent un mi-temps, leur évolution de carrière sera plus difficile. »

La formation comme solution ?

Certaines carrières peuvent se dérouler sans encombres. C'est le cas d'Anne-Marie Bleuzet, présidente du groupe de meubles Cerezo, qui a témoigné à la préfecture. « Être une femme n'a jamais été un inconvénient pour moi. Je travaille avec beaucoup d'hommes, il n'y a pas de différence. Je ne pense pas que je suis une femme, je ne pense qu'au travail », assure la chef d'entreprise. Elle note néanmoins que dans « certains milieux, comme des clubs très fermés », la femme est moins reconnue.

La solution est selon elle la formation. « Il faut continuer à ouvrir les métiers qui auparavant étaient interdits aux femmes. » Sur le même plan, Midi-Pyrénées fait figure de bon élève. En 2005, le taux d'activité des femmes était de 67 % pour les femmes contre 65 % en France. Il y a tout de même un bémol, avant 25 ans, ce taux est inférieur à la moyenne nationale.

Pour dénoncer ces problèmes récurrents ainsi que ceux du harcèlement au travail, de la précarité...environ 350 personnes ont manifesté cet après-midi dans les rues de Toulouse pour que cette Journée ne soit pas seulement un « symbole ». La manifestation qui a pris la forme d'une « Grève des femmes contre l'exploitation salariale, domestique et sexuelle » s'est déroulée dans le calme. Même si un petit groupe de manifestantes se sont montrées assez agressives à l'égard du photographe d'Objectif News.

Wilfried Pinson

© photo Rémi Benoit

Étaient présentes à ce petit-déjeuner : Catherine Verdier, directrice du CFA de Blagnac, Patricia Belmonte, gérante de Belmonte services, Anne-Marie Bleuzet, préisdente du groupe Cerezo, Mme Christine Escoulan, responsable galerie Palladion, Nathalie Faidherbe, co-gérante de C&N Traiteur, Frédérique Jezegabel, déléguée générale UIMM-MP, Marie-Laure Roux, directrice de l'usine Airbus Saint-Eloi, Nathalie Smirnov, directrice de la business unité télécommunications de Thales Alenia Space, Hélène Martin, PDGère Papeteries Léon Martin, Muriel Conte, responsable agence Entreprise Crit Interim, Véronique Foulquier, agricultrice EARL le Puits, Odile Dejean, arboricultrice EARL NEC-POM, Sabine Bottier, commandante de police SDIS 31, Catherine d'Hervé, directrice de la Direccte, Catherine Hugonet, déléguée régionale aux droits des femmes et à l'égalité, Emilie Provensal, chargée de mission départementale DFE, Françoise Catarino, déléguée générale Medef MP.

A noter également :

- Sandrine Floureusses, vice-présidente du Conseil général de la Haute-Garonne, organise une soirée à Fonbeauzard, salle Clairefontaine à 19h00. Le but de la soirée est de mettre en lumière des femmes qui s'engagent dans la vie publique, économique ou politique. Cinq intervenantes venues d'horizons différents témoigneront de leur parcours : Saliha Mimar, conseillère municipale à la ville de Toulouse, en charge des petites entreprises et de l'innovation, Claudie Marcos, maire de Fenouillet et vice-présidente de la Communauté urbaine du Grand-Toulouse, Bernadette Balagué, militante active dans des sphères de réflexion, Marie-Laure Fages, enseignante à l'IEP de Toulouse, membre du Conseil d'orientation du Laboratoire pour l'égalité, Priscille Lacombe, collaboratrice d'Objectif News et ancienne rédactrice en chef de TLT.

- La Ville d'Auch a choisi célébrer la Journée de la Femme, aujourd'hui, en recevant à midi des femmes qui ont su s'imposer dans le monde de l'industrie, des PME, de l'entreprise. C'est le maire Franck Montaugé qui les a reçues à l'hôtel de ville.