Bilan du Congrès du PS : temps forts et réactions

Le Congrès du PS s'est achevé ce dimanche 28 octobre à Toulouse par l'intronisation attendue d'Harlem Désir à la tête du parti. Premier rassemblement du Parti Socialiste depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande, ce congrès était également l'occasion d'affirmer l'unité derrière le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et son gouvernement.
Le nouveau premier secrétaire du PS Harlem Désir entouré de Martine Aubry, à qui il succède, et du Premier ministre Jean-Marc Ayrault

Le Congrès du PS s'est achevé ce dimanche 28 octobre à Toulouse par l'intronisation attendue d'Harlem Désir à la tête du parti. Premier rassemblement du Parti Socialiste depuis l'arrivée au pouvoir de François Hollande, ce congrès était également l'occasion d'affirmer l'unité derrière le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et son gouvernement. Harlem Désir a lui pris des engagements vis-à-vis des Français, allant parfois plus loin que le gouvernement, comme sur le vote des étrangers.

Le grand rassemblement des socialistes aura été marqué par trois temps forts, trois discours. Celui de l'ancienne candidate à la présidentielle et première secrétaire sortante Martine Aubry, celui du Premier ministre Jean-Marc Ayrault et les premiers mots d'Harlem Désir dans son nouveau costume. Les seuls moments où la foule a laissé entendre son enthousiasme.

Martine Aubry : l'unité
« Je souhaite au PS le meilleur : une France qui se redresse, des Français qui reviennent avec nous pour changer notre pays. » Cette phrase est à l'image du discours de Martine Aubry, « venue dire merci ». Un discours rassembleur, de l'avis de beaucoup l'un de ses meilleurs, au moment même où la maire de Lille quitte la scène nationale. Un discours qui a fait se lever la salle tout entière.

Se posant en « principale militante et principal soutien à Jean-Marc Ayrault », elle s'est réjouie d'un congrès sans « guerre des chefs, un congrès des idées pour la France ». L'ancienne première secrétaire a d'ailleurs réaffirmé sa volonté de voir le non-cumul des mandats ou le vote des étrangers devenir des réalités pendant le quinquennat. « On peut être fiers que 20 des 60 propositions de François Hollande soient déjà réalisées ou sur le point de l'être ».

Martine Aubry a rappelé l'ampleur de la tâche qui attend le gouvernement et appelé à la patience après seulement 100 jours de pouvoir. « L'essentiel, c'est l'emploi, l'emploi, l'emploi », a-t-elle martelé. Très applaudie, elle a quitté la scène non sans avoir tapé sur la droite « qui éructe, qui agresse et n'a aucune leçon à donner avec son bilan ».

Jean-Marc Ayrault : au combat
Très attendu, le Premier ministre a voulu faire preuve d'autorité, alors que les critiques et les attaques à son encontre se font de plus en plus dures. Il « assume et revendique sa méthode », celle du dialogue social. « Les Français sont conscients de la gravité de la situation, ils veulent que les efforts soient justes », a-t-il rappelé, dans un discours proche d'un discours de campagne.

Axant son intervention sur le « nouveau modèle français », Jean-Marc Ayrault a largement repris les engagements de campagne de François Hollande. « Nous choisissons d'être audacieux en actes plutôt que radicaux en paroles », a-t-il notamment déclaré, comme pour fustiger une « vieille droite bourgeoise dont le pays ne veut plus ».

Pour Martin Malvy, le Premier ministre « a eu raison d'insister sur l'indécence de ceux qui ont quitté le pouvoir et laissé la France dans cet état. Il a eu raison de tracer une route qui définit un nouveau modèle de gouvernance. » Le président du Conseil régional regrettait cependant à demi-mot qu'il ne soit pas allé plus loin dans ses annonces sur la nouvelle organisation territoriale.

Jean-Marc Ayrault a également tenu a défendre l'action de son gouvernement, insistant sur l'importance de « la vérité et de la sincérité ». « Les premières mesures donnent tout son sens à notre action et notre action, c'est la justice, a répété le Premier ministre. (...) Le budget 2013 est un budget de combat contre la crise. » Un discours jugé « sérieux et rassembleur » par Pierre Cohen, « plein d'énergie et de force, à l'image de son caractère ». Pour Christophe Borgel, député de la 9e circonscription de la Haute-Garonne, « il était important de remettre en perspective les premiers mois du gouvernement, qu'il souligne tout ce qui a été fait ».

Harlem Désir : les promesses
Pour son premier discours de premier secrétaire du Parti Socialiste, Harlem Désir a misé sur l'unité du Parti, l'offensive contre la droite, et les promesses de campagne de François Hollande, reprenant point par point « la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes, les 150 000 emplois d'avenir, le blocage des loyers, l'augmentation du Smic, une nouvelle justice fiscale », etc. Un discours fleuve, qui a enthousiasmé Pierre Cohen, le maire de Toulouse : « Harlem Désir a su trouver les mots justes, le ton juste pour montrer que le PS et notamment Jean-Marc Ayrault, ne se laisse pas déstabiliser ».

Le nouveau premier secrétaire du PS a été plusieurs fois ovationné, particulièrement lorsqu'il a réaffirmé la volonté du parti d'instaurer le mariage pour tous, le non-cumul des mandats et le droit de vote des étrangers (un point que Jean-Marc Ayrault a évité d'aborder la vieille, samedi, lors de son propre discours). En effet celui que l'Élysée, Matignon et les ténors du PS ont choisi pour son caractère consensuel a prévenu : "À tous ceux qui prédisent ou qui redoutent un parti godillot, je dis : vous allez être surpris!". Des propos soutenus par Benoît Hamon, ministre de l'Économie solidaire, qui confiait à la fin du Congrès qu'il « ne faut pas sous-estimer le tempérament d'Harlem Désir ».

Sur la droite, l'ancien président de SOS Racisme n'y est pas allé de main morte. Il a évoqué Marine Le Pen, et le "pain au chocolat" de Jean-François Copé : "Ça suffit la droite UMP-FN! Ca suffit la 'lepénisation' de la droite! Mais où sont les républicains de droite ? Pourquoi se taisent-ils?". Une salve là encore particulièrement applaudie. À l'issue du discours, le ministre délégué aux Anciens combattants, le toulousain Kader Arif a estimé que « les responsables et les militants sont au combat, même si certains pensaient le contraire ». Pour le président de la région Midi-Pyrénées Martin Malvy : « c'est le Congrès de l'élan, de l'unité, de la vérité, de la confirmation des objectifs et des engagements ». Concernant le discours d'Harlem Désir, il estime qu'il s'agit « d'un discours de profonde conviction ».

Le PS, "un grand corps malade"?
Kader Arif assure que "les militants repartent regonflés de ce premier Congrès après la victoire. Il faut assurer la transformation d'un parti d'opposition en parti de gouvernement, qui soit un parti de soutien, de transmission et de proposition" estime le ministre délégué aux Anciens combattants. "Débattre c'est bien, mais il faut trouver des solutions pour les Français", répète de son côté Benoît Hamon, plus prudent. En off, certaines voix se font plus amères, jugeant le Congrès "plat, terne, morose. Le parti est un grands corps malade à force de ne pas trancher les vrais problèmes." L'éternelle question qui hante les Congrès socialistes.

L'exécutif du Parti Socialiste
Après l'investiture officielle de Harlem Désir, l'ensemble des postes du parti va désormais être réparti selon le dosage issu du poids des motions. Le 15 novembre, l'élection des premiers secrétaires fédéraux, des secrétaires et trésoriers de section aura lieu dans chaque département. En Haute-Garonne, Joël Bouche, 59 ans, maire de Saint-Pierre (canton de Verfeil), devrait être élu, secondé par Sébastien Vincini au poste de premier secrétaire fédéral délégué.

Le 20 novembre, le bureau national sera constitué et les secrétaires nationaux désignés. Bertrand Monthubert, désormais président de l'Université Paul Sabatier ne devrait pas demeuré secrétaire national à la Recherche. En revanche, il est question que Nadia Pellefigue, conseillère régionale de Midi-Pyrénées en charge de l'Egalité femme-homme, accède à un secrétariat national.

Paul Périé, Sophie Arutunian et Emmanuelle Durand-Rodriguez

©photo Fred Lancelot

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