Cantonales : les duels à suivre au second tour

Dimanche 20 mars, le 1er tour des cantonales 2011 en Midi-Pyrénées s'est avéré historique à double titre. Par l'abstention record (47%), et par la forte poussée du Front National, comme ailleurs en France, qui place 12 candidats au second tour. En Haute-Garonne, l'UMP 31 a finalement exclu tout vote en faveur du FN... sans appeler à voter pour le PS pour autant.

Dimanche 20 mars, le 1er tour des cantonales 2011 en Midi-Pyrénées s'est avéré historique à double titre. Par l'abstention record (47%), et par la forte poussée du Front National, comme ailleurs en France, qui place 12 candidats au second tour. En Haute-Garonne, l'UMP 31 a finalement exclu tout vote en faveur du FN... sans appeler à voter pour le PS pour autant. Tour d'horizon des cantons à suivre ce dimanche 27 mars lors du 2e tour.

A l'heure de tirer un premier bilan, les membres du trio de tête se sont efforcés de positiver tout en tirant joyeusement sur leurs concurrents. Le Parti Socialiste de Haute-Garonne retient que « le PS reste la première force politique de la Haute-Garonne puisque ses candidats sont quasi-systématiquement au second tour, le plus souvent en étant arrivés en tête » et que « les candidats de la droite sarkozyste se sont fait vampiriser leur électorat par le Front national ». L'UMP 31 tire d'autres enseignements en relevant « une érosion du PS dans ¾ des cantons. De même, le nombre de candidats socialistes élus dès le 1er tour recule : de huit en 2004, il n'y en a aujourd'hui plus que quatre. Dans davantage de cantons qu'en 2004, des candidats UMP ou soutenus par notre formation sont en bonne position et peuvent l'emporter. »

Le Front National, lui, se maintient dans 12 cantons (contre 4 en 2004) dont 6 en Haute-Garonne. De quoi donner le sourire à son représentant en Haute-Garonne et candidat sur le canton de Muret, Serge Laroze : « L'UMP n'a pas fait très fort, c'est un euphémisme. De notre côté nous avons localement doublé ou triplé nos scores de 2004, dans une région archi-rouge où les socialos sont au pouvoir. Pour le 2e tour, je ne suis pas Madame Soleil mais je pense qu'on peut attendre les 30% dans certains cantons comme Muret ou Fronton. »

Valse-hésitation

Côté UMP, la valse-hésitation nationale a trouvé un écho en Midi-Pyrénées. Quelle attitude adopter vis-à-vis du Front National ? Jean-Luc Moudenc, président de la fédération départementale de l'UMP 31, était sur la même ligne que Jean-François Copé en début de semaine, et ne voulait « ni cautionner le FN, ni conforter l'hégémonie du PS. Le 2e tour de dimanche doit être l'occasion d'introduire plus de pluralisme et de démocratie au sein de l'assemblée départementale. » Une « ambiguïté dangereuse » pour le Rassemblement de gauche qui demandait « à tous les partis de gouvernement d'adopter la seule attitude qui soit responsable et républicaine : appeler au vote contre l'extrême-droite. » Un groupe Facebook baptisé "Dans le 31 comme ailleurs, pas un canton pour le FN !" comptait hier après-midi près de 250 membres...
Jeudi 24 mars, Jean-Luc Moudenc, dans un communiqué, a finalement dû réagir et donner des consignes plus claires, bien que partielles. Appelant les abstentionnistes à voter au nom « de la démocratie, du pluralisme et de l'intérêt local », « dans la ligne qui est la mienne depuis toujours », il a exclu le vote FN. Motif : « Il ne saurait être question de se prononcer en faveur d'un candidat qui ne répondrait pas à ce critère fondamental et indiscutable que je place en tout premier. Le vote pour le FN est donc exclu. » Plus loin : « Dans 13 cantons, les candidats modérés de sensibilités très diverses (UMP, centristes, radicaux, indépendants et sans étiquette) incarnent la meilleure chance de faire progresser le pluralisme au sein de l'assemblée départementale. Dans 3 autres cantons, ce sont des candidats de gauche (2 Verts-Europe Ecologie et 1 PRG) qui, de fait, représentent cet objectif de pluralisme et méritent pour cette raison notre vote. » Une communication qui n'évoque pas les cantons (Toulouse 14, Fronton, Muret, Tournefeuille...) qui verront une opposition PS - FN...

22 cantons à renouveler

Dimanche 27 mars, jour du second tour, quelques secteurs seront plus particulièrement à surveiller.

- Le canton de Toulouse 1, le plus emblématique de la Ville rose car le plus peuplé, en hyper-centre, est en balance. En tête avec 31% des voix au 1er tour, la sortante Marie-Christine Lafforgue (PS) y voit « un score encourageant. Réunie, la gauche représente près de 55% des suffrages. Mais on ne peut pas se contenter de cela tant l'abstention a été forte et la poussée du FN importante. » Ses arguments : « Je fais campagne sur un bilan cantonal, sur l'action du Conseil général. La candidate UMP fait campagne sur des thématiques municipales. Par ailleurs, contrairement à elle, j'occupe un mandat unique et suis donc parfaitement présente et disponible pour le canton. »
Sa rivale, la députée européenne UMP Christine de Veyrac (28% des votes), veut ancrer le débat au plan local : « Propreté, insécurité, circulation, logement, crèches, maisons de retraite... Sommes-nous satisfaits ? La conseillère générale sortante, en place depuis sept ans, est la représentante de pouvoirs locaux qui portent la responsabilité de la dégradation de notre qualité de vie quotidienne. Je propose pour ma part d'être la porte-voix des aspirations et des insatisfactions légitimes de nos concitoyens dans notre canton. S'abstenir dimanche... c'est se résigner au maintien de la situation actuelle. »

- Le FN bénéficiera-t-il d'un report des voix de la droite ? Au moins trois cantons semblent hors de sa portée, où des sortants sont bien placés : celui de Blagnac où Bernard Keller (PRG) a viré largement en tête au 1er tour avec 41,51 % des voix, celui de Tournefeuille où Claude Raynal (PS) a atteint les 44% et celui de Toulouse 14 où Sandrine Floureusses (PS) a dépassé les 47%.

- L'union PCF - Front de gauche a placé un candidat au second tour, sur le canton de Saint-Martory. Philippe Gimenez y sera opposé à Joseph Lafuste (socialiste indépendant). Même chose pour le Parti radical valoisien, qui verra sur le canton de Toulouse 7 Jean-Michel Lattes challenger Jean-Jacques Mirassou (PS). A noter que tous deux sont les protagonistes d'un début de polémique : Jean-Jacques Mirassou a ainsi alerté sur le fait que le camion transportant ses professions de foi se serait retrouvé bloqué par les bouchons causés par un accident sur la rocade. Les tracts seraient arrivés avec 20 minutes de retard à la Poste, et devaient donc être distribués par les militants. Une version que Jean-Michel Lattes conteste en tous points et qui a appelé Autoroutes du Sud de la France pour se faire confirmer que le seul accident recensé n'aurait en aucun cas pu causer ce fameux retard... Enfonçant le clou dans son communiqué : outre le retard, "Monsieur Mirassou n'a pas évoqué l'autre élément de la décision de la commission... les documents présentés avec retard étaient incomplets par rapport au volume requis."

- L'Aveyron restera-t-il acquis à la droite ? C'est très probable : 10 des 14 cantons remis en jeu devraient rester dans son giron, sauf dantesque retournement de situation.

- Qui présidera le Conseil général des Hautes-Pyrénées ? Josette Durieu (PS) était titulaire du poste depuis 2008 au bénéfice de l'âge. Mais l'écart entre les deux formations s'est réduit. Le Parti radical de gauche, qui a ravi à la droite le canton de Pié-de-Bigorre au 1er tour, espère remporter suffisamment de suffrages pour décrocher la présidence.

- Deux candidats d'Europe Écologie les Verts se sont maintenus au 2e tour en Haute-Garonne : Patrick Jimena sur Toulouse 13 et Emmanuel Edon à Lanta. A chaque fois face à des candidats PS - Majorité présidentielle. Sur ce même canton 13, Jean-Jacques Bolzan, candidat du Parti radical éliminé au 1er tour, a déposé un recours en annulation ce vendredi 25 mars. Il estime que « sur le mémento du candidat FN, les mentions de la profession de foi, du bulletin de vote et des affiches ont pu entrainer la confusion dans l'esprit des électeurs. » A suivre...

Mikaël Lozano

En photo : le second tour des élections cantonales aura lieu dimanche 27 mars. (© Rémi Benoit)

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