Quel avenir pour Continental Toulouse qui fête ses 30 ans ? Interview du directeur du site

Entretien avec Jean-Marc Nozeran, directeur de Continental Automotive Toulouse. Le site toulousain, qui produit des capteurs et éléments électroniques pour l'automobile, vient de fêter ses 30 ans. Au sortir d'une année 2009 très mouvementée (chômage partiel, plan de départs volontaires), le directeur fait le point et dresse un bilan positif des mesures prises. Il s'attend à une année 2010 avec des hauts et des bas et prévoit un début de reprise en 2011.Continental Toulouse fête ses 30 ans. Comment célébrez-vous cet anniversaire ?

Entretien avec Jean-Marc Nozeran, directeur de Continental Automotive Toulouse. Le site toulousain, qui produit des capteurs et éléments électroniques pour l'automobile, vient de fêter ses 30 ans. Au sortir d'une année 2009 très mouvementée (chômage partiel, plan de départs volontaires), le directeur fait le point et dresse un bilan positif des mesures prises. Il s'attend à une année 2010 avec des hauts et des bas et prévoit un début de reprise en 2011.

Continental Toulouse fête ses 30 ans. Comment célébrez-vous cet anniversaire ?
Nous venons d'accueillir pendant deux jours des clients et les autorités locales qui nous ont accompagnés lors de notre développement. C'est l'occasion de revenir sur les étapes du site, d'insister sur les facteurs du succès et de faire une projection pour le futur. C'est aussi pour nous un moyen de monter que malgré un marché morose, nous gardons le moral et que ce n'est pas parce que nous avons vécu une année 2009 très difficile que nous allons nous laisser abattre. Enfin, il est temps de tirer des enseignements de ces 30 années.

Comment le secteur a-t-il évolué en 30 ans ?
Nous avons vécu le début d'une industrie. Il y a 30 ans, l'électronique automobile n'existait pas. Nous avons vécu cette histoire depuis le début grâce à Renault qui avait eu cette vision de l'automobile. Aujourd'hui, les systèmes embarqués réalisent 80% des innovations des automobiles, représentent un coût équivalent au quart du véhicule. Le fait d'être présents en région toulousaine est important pour nous : avec les systèmes embarqués de l'aéronautique, avec la domotique, etc... une industrie transverse est en train de naître. Cet ancrage régional a été une chance pour nous. Aujourd'hui, la région peut se trouver une chance supplémentaire avec ces compétences mutualisées en systèmes embarqués. Deux PME, LDL et Aboard Technologies, sont ainsi parties de chez nous avec des technologies venant de Continental appliquées à d'autres domaines, la moto par exemple.

Comment avez-vous traversé l'année 2009 ?
Le personnel a mis en place de nombreux plans pour traverser l'année. Économies, efforts de chacun, chômage partiel donnent aujourd'hui des résultats très positifs. Nous constatons également une certaine reprise du marché, les commandes ont augmenté en octobre, novembre et décembre. Après la cure de poids du début d'année, nous sommes désormais extrêmement compétitifs maintenant. Nous avons pu regonfler nos fonds propres et améliorer notre profitabilité sur les derniers mois de l'année. Nous allons en faire profiter le personnel à travers les dispositifs d'intéressement et de participation.

Quelles mesures ont-elles été appliquées ?
Nous avons évité un plan de sauvegarde de l'emploi en réalisant un plan d'adaptation des effectifs uniquement basé sur des départs volontaires. Nous avons proposé aux gens qui avaient un projet ou qui étaient à quelques années de la retraite de les aider à concrétiser leurs idées ou à partir plus tôt. Nous avons compté au total une centaine de départs sur les trois sites de Toulouse, Boussens (Haute-Garonne) et Foix (Ariège).

Le climat social s'est-il apaisé dans l'entreprise ?
Oui. Quand on finit l'année comme ça, quand on voit que Continental Clairoix ferme, que Freescale a décidé de fermer sa fabrication, que Molex a fermé, les gens se rendent compte que nous avons eu raison de prendre ces mesures et que nous avons évité des mesures beaucoup plus drastiques qui nous auraient été imposées par l'extérieur.

Que prévoyez-vous pour 2010 ?
En Midi-Pyrénées, Continental Automotive compte 2.000 personnes à Toulouse, 2.600 au total dans toute la région. Nous ne devrions pas avoir besoin de plan d'adaptation des effectifs. Nous bénéficions d'une bonne visibilité sur les premiers mois, on voit que ça va. Ce n'est pas formidable, mais ça va. En revanche, nous craignons tous le 2e et le 3e trimestre 2010. Là, il est possible que l'on ait recours à du chômage partiel. Nous cherchons surtout à mettre en place de la mobilité entre nos sites. Certains garderont vraisemblablement une charge alors que d'autres verront cette charge baisser pendant quelques mois. Nous aiderons les salariés qui le souhaitent dans cette mobilité temporaire ou définitive.

A quand situez-vous la sortie de crise ?
Elle ne va disparaître d'un coup, 2010 sera sûrement assez difficile avec des hauts et des bas. On sait que 2011 correspondra à une reprise assez douce et que nous retrouverons en 2012 et 2013 des chiffres comparables à ceux de 2007.

Quelle est la spécificité de Continental par rapport à ses concurrents ?
Nous avons choisi sur un même lieu d'assurer le développement et la fabrication, contrairement à ce que l'on voit dans les délocalisations. L'automobile nécessite des cycles d'apprentissage extrêmement courts pour progresser en qualité en permanence. Chaque fois que nous rencontrons un problème en production, nous envoyons des ingénieurs qui corrigent immédiatement le problème. En quasiment une semaine, nous sommes capables de faire évoluer les produits pour qu'ils atteignent très vite un seuil de qualité optimal. Nous baptisons cette approche le « high tech low cost » : on conçoit des produits avec des briques de base standardisées et on s'arrange pour que l'assemblage de ces briques normalisées soit fortement automatisé. Dans nos produits, nous comptons 5 à 10% de main d'œuvre directe. Les gains que nous pourrions constater en délocalisant sont très vite compensés par l'effort qu'il faudrait mettre dans le transport, dans la surveillance qualité d'usines à des milliers de kilomètres, etc. Nous avons pu le prouver à nos clients. Le paradoxe qui nous rend très fier concerne la Logan de Renault, produite dans des pays low cost comme la Roumanie ou le Maroc et dont nous sommes pourtant le fournisseur n°1 en exportant vers ces pays. Notre démarche s'oppose au « high tech high cost » pratiqué en Allemagne par exemple ou du « low tech low cost » chinois.

En photo : Jean-Marc Nozeran, directeur du site toulousain de Continental Automotive. (photo © Continental)

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