A400M d'Airbus : premier vol réussi à Séville le 11 décembre

Le premier vol de l'avion militaire A400M s'est déroulé sans encombre le 11 décembre à Séville, où se situe l'usine d'assemblage. Un soulagement pour Airbus et EADS, qui accusent un retard de plus de trois ans sur le calendrier initial. Ambiance sur le tarmac espagnol.Airbus et EADS peuvent pousser un soupir de soulagement. L'A400M a bouclé aujourd'hui avec succès son premier vol.

Le premier vol de l'avion militaire A400M s'est déroulé sans encombre le 11 décembre à Séville, où se situe l'usine d'assemblage. Un soulagement pour Airbus et EADS, qui accusent un retard de plus de trois ans sur le calendrier initial. Ambiance sur le tarmac espagnol.

Airbus et EADS peuvent pousser un soupir de soulagement. L'A400M a bouclé aujourd'hui avec succès son premier vol. Près d'un millier de personnes avaient fait le déplacement : l'Etat major d'Airbus et d'EADS avec Louis Gallois, Tom Enders et Fabrice Brégier, le Roi d'Espagne, les ministres de la Défense français, espagnol et allemand, un important contingent d'invités (industriels, personnels des armées, fournisseurs...) ainsi qu'une centaine de journalistes.


L'appareil est longtemps reste exposé à la vue du public avant de rejoindre le bout de la piste de l'aéroport. Délaisssant les gradins, les spectateurs se sont alors massés le long des grillages délimitant la zone Airbus Military avant l'envol, à 10h15 précises, salués par des applaudissements nourris. Ce premier vol, qui a duré 4 heures, soit plus longtemps que prévu, a été effectué à près de 10.000 pieds au-dessus du territoire espagnol. Edward Strongman (pilote), Ignacio Lombo (co-pilote), les ingénieurs Eric Isorce, Didier Ronceray, Jean-Philippe Cottet (Senior Flight Test Engineers) et Gerard Lescapit (Test Flight Engineer) ont participé au vol inaugural de trois heures. Leur objectif était de tester les qualités de manœuvrage de l'avion à différentes vitesses (élevée et réduite) et dans différentes configurations de contrôle. Les équipes d'Airbus ont suivi les performances et les réactions de l'appareil en temps réel à Séville et à Toulouse. Un prélude à la campagne de test de 3.700 heures de vols par un total de cinq avions.

A cette occasion, Edward Strongman a déclaré : « Ce premier vol est très concluant : les performances au décollage sont impressionnantes et nous avons exploré une grande partie de l'enveloppe de vol opérationnelle. C'est un plaisir d'opérer dans un poste de pilotage si bien conçu, doté d'une interface très conviviale avec tous les systèmes classiques et militaires. Je suis sûr que les pilotes de nos clients l'apprécieront autant que nous ! »

Et Nacho Lombo d'ajouter : « Dès le début du vol, nous avons été impressionnés par l'aisance avec laquelle l'avion se pilote, qui correspond en tous points aux sensations éprouvées sur simulateur. L'avion, les systèmes et les performances des moteurs ont donné entière satisfaction. Nous percevons d'emblée l'immense potentiel de ce magnifique appareil. Tous les membres d'équipage seront à jamais honorés d'avoir pris part au vol inaugural de l'A400M, comme toutes les autres personnes impliquées dans ce programme ».

Pour sa part, Domingo Ureña-Raso, PDG d'Airbus Military, a déclaré : « J'aimerais féliciter Ed Strongman, Nacho Lombo ainsi que les autres membres de l'équipe d'essai en vol d'avoir assuré brillamment ce premier vol de l'A400M. Je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance envers celles et ceux qui ont œuvré à la conception, à la fabrication et aux premières opérations de ce programme qui, pour devenir réalité, aura nécessité un travail colossal et mobilisé toutes les énergies ».

Quant à Tom Enders, Président et CEO d'Airbus, il a souligné : « J'espère que nous serons prochainement en mesure de confirmer que nous allons poursuivre le programme A400M. C'est ce qu'attendent tous ceux qui, tant chez Airbus que chez nos partenaires et sous-traitants, ont déjà contribué activement au succès d'aujourd'hui. C'est aussi le cas des forces armées qui veulent cet avion ».

L'appareil militaire de grande capacité, construit par Airbus Military, possède une envergure de 42,4 mètres et 45,1 mètres de longueur pour un poids de 127 tonnes. Le fuselage, plus large que celui d'un Airbus, permet d'embarquer deux hélicoptères d'attaque Tigre ou un véhicule blindé léger.

Airbus savait qu'il s'engageait avec l'A400M dans un véritable défi avec un avion totalement nouveau, à un prix nettement plus avantageux que ses concurrents Boeing et Lockheed Martin, à concevoir dans un délai très court de moins de sept ans. Mais les difficultés rencontrées se sont avérées plus importantes que prévu. La conception du système de navigation aérienne et surtout les 4 turbopropulseurs du consortium Snecma - Rolls Royce - MTU, les plus puissants en Occident, ont posé problème. Une complexité technologique assortie de difficultés industrielles qui ont entraîné de lourds retards, plus de trois ans.

Le retard en lui-même n'a rien de choquant car les programmes industriels en font souvent l'objet. Mais si ce premier vol s'est déroulé sans encombres, le programme n'est pas encore sorti d'affaire, financièrement parlant. Le cabinet d'audit PriceWaterhouseCoopers, missionné par les pays clients, estime à 5 milliards d'euros les surcoûts liés aux retards. D'autres sources font état de 7 milliards d'euros. Le débat ne porte pas sur le montant de la facture mais plutôt sur qui va payer. PriceWaterhouseCoopers juge qu'EADS est capable de financer l'intégralité du surcoût. Le groupe aéronautique, qui a provisionné 2,4 milliards d'euros, ne l'entend pas de cette oreille et abandonnera le programme si cette solution est choisie. Il a proposé de payer les frais de développement a venir, les coûts de production restant à la charge des Etats. EADS estime que chacun doit régler une partie de la facture, via une augmentation de tarif ou d'une réduction de commandes à prix constant. L'Allemagne a déjà réclamé « un geste » financier de la part d'EADS. Une réunion était prévue ce vendredi à Séville entre le groupe et les Etats partenaires pour trouver une solution. Les partenaires s accordent à dire qu'une solution doit être trouvée avant fin décembre.

Le programme A400M a été impulsé par sept pays (Allemagne, France, Royaume-Uni, Espagne, Belgique, Luxembourg et Turquie). Le contrat initial, signé en 2003, s'élève à 20 milliards d'euros pour 180 avions. Ces Etats ont ensuite été rejoints par la Malaisie (pour 4 appareils) et l'Afrique du Sud. Cette dernière s'est finalement retirée devant l'ampleur des retards.

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