Fini le Bizlab et place à Airbus Scale : l'avionneur européen bouscule sa politique d'innovation

Sept ans après la création du Bizlab de Toulouse, l'avionneur européen remanie profondément sa politique d'innovation en créant Airbus Scale à la place. Airbus mise désormais sur des startups plus matures et affiche l'ambition de créer des spin-offs à partir de projets internes. De quoi acquérir de nouvelles technologies mais dégager des revenus pour soutenir sa croissance.
(Crédits : Rémi Benoit)

C'était il y a près de sept ans, autrement dit une éternité dans le monde des startups. En mars 2015, Fabrice Brégier, alors PDG d'Airbus, était venu en personne inaugurer à Toulouse le "Bizlab", un accélérateur dédié à l'innovation dans l'industrie aéronautique et spatiale. À l'époque, ce type de structures pour accompagner les startups ou les projets corporate était en pleine effervescence dans la foulée du lancement de la dynamique French Tech. En l'espace de six mois, l'avionneur européen avait dupliqué le modèle Bizlab à Hambourg en Allemagne et à Bangalore en Inde.

Fabrice Brégier était venu inaugurer le Bizlab de Toulouse en 2015. (Crédits : Rémi Benoit)

Soutenir des startups plus matures

L'annonce est passée relativement inaperçue mais Airbus a officialisé début novembre un changement radical de stratégie en matière d'innovation. Fini le Bizlab et place à Airbus Scale. Au lieu d'accélérer des startups embryonnaires, qui n'avaient pas encore totalement défini leur modèle économique et leur produit, l'avionneur européen compte soutenir des jeunes pousses beaucoup plus matures.

"Nous travaillons par exemple dans le cadre d'Airbus Scale avec la société allemande Reflex Aerospace. Cette startup promet de construire des satellites en seulement six mois alors que cela prend normalement plusieurs années. Nous sommes intéressés par leurs méthodes de travail avec l'utilisation notamment de nouvelles technologies comme la réalité virtuelle ou l'impression 3D. Reflex Aerospace peut profiter de son côté notre compétence industrielle et d'accès au marché. Il s'agit d'un transfert de connaissances dans les deux sens. Les startups bénéficient de nos technologies pour travailler sur des projets conjoints avec l'objectif final que Airbus devienne un client. De notre côté, nous accédons à une technologie que nous n'aurions pas développé autrement ou en prenant beaucoup de temps", détaille Christian Lindener, responsable d'Airbus Scale.

Côté projets internes, là aussi changement de braquet. "Nous sommes à la recherche de technologies déjà développées au sein d'Airbus pour créer de nouvelles sociétés (spin-offs). Par exemple, une machine a été créée en interne pour filtrer le CO2 et générer de l'oxygène. Ce type de technologies peut être utilisé à bord de l'ISS ou dans les sous-marins mais il est également possible de créer une société au service du climat", ajoute-t-il. À Toulouse, Airbus compte également soutenir un projet interne pour fabriquer des respirateurs. Le troisième pilier d'Airbus Scale est de favoriser l'esprit d'entrepreneuriat au sein du groupe.

"Une approche vraiment différente de l'innovation"

"Airbus Scale représente une approche vraiment différente de l'innovation. Nous voulons un retour à la fin en termes de connaissances mais aussi de revenu pour notre société. Airbus le considère comme un levier stratégique pour notre croissance alors que dans beaucoup d'autres entreprises cette innovation est surtout valorisée dans un dossier de marketing", complète Christian Lindener.

Airbus compte donc rentabiliser sa politique d'innovation. Il faut dire que le Bizlab avait eu des difficultés à s'imposer comme un acteur de référence dans l'écosystème des startups et peu de projets ont vraiment percé. Airbus a calculé de son côté qu'entre 2015 et 2021, "le Bizlab a accéléré 90 startups, 70 projets internes et 7 spin-offs pour une valeur totale de 100 millions d'euros".

La fin du Bizlab signe aussi la fermeture des accélérateurs pour accueillir les startups et les projets internes qui avaient été installés à Toulouse ou Bangalore. Les porteurs des projets soutenus pourront travailler directement avec les équipes d'Airbus installées en France, Allemagne et en Espagne. "Les startups avec lesquelles nous allons travailler ont déjà leurs propres bureaux avec des effectifs assez conséquents. Leur proposer des locaux n'a pas de valeur ajoutée", indique le responsable allemand.

20 startups soutenues par an

Concernant les thématiques prioritaires, Airbus ne compte pas se focaliser sur des projets purement aéronautiques ou spatiaux. "Nous avons une équipe formidable de commerciaux et d'ingénieurs qui se chargent de ce type d'innovations. Nous nous intéressons plutôt à de technologies éloignées de ce qu'Airbus produit mais qui sont néanmoins recherchées dans l'industrie aérospatiale. Si nous voulons faire voler un avion à hydrogène en 2035, nous aurons besoin aussi de savoir comment produire un hydrogène vert et l'acheminer vers les aéroports. Airbus s'intéresse de près à ces technologies pour le climat, la logistique, l'hydrogène, les carburants durables, etc",  détaille Christian Lindener.

Airbus s'est fixé pour objectif d'étudier chaque année 200 projets de startups et d'en soutenir 20 par an. Le groupe compte également créer trois startups (spin-off ou spin-in) par an à partir de projets internes. Il n'est pas question d'investir directement dans le capital des startups via Airbus Scale. L'avionneur européen dispose déjà d'un fonds d'investissement, Airbus Ventures, dédié à cet effet.

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Commentaires 2
à écrit le 11/01/2022 à 18:42
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Bizlab , Airbus Scale, ah le français , quelle jolie langue ! Même mon correcteur Google en perd son franglais 😁

à écrit le 11/01/2022 à 18:40
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Bilan, Airbus Scale ... ah le français, quelle jolie langue !

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