L'urbaniste en chef du centre-ville toulousain, choisi par le Grand Toulouse pour réhabiliter le cœur de la Ville rose, dévoile les détails de la première tranche de travaux sur le point de démarrer. Les premiers aménagements concerneront le Capitole et les bords de Garonne et doivent laisser plus de place aux vélos.

Vous étiez à Toulouse ce week-end pour une réunion de concertation avec les toulousains. Que leur avez-vous annoncé ?
Nous lançons des opérations pilotes visibles concrètement dans la ville dès les prochaines semaines. La première concerne la rue Pargaminières dans laquelle nous allons, dans un premier temps, remplacer tous les réseaux existants qui sont en mauvais état. Ensuite, nous donnerons plus de place aux piétons et aux vélos dans cette rue. Il n'y aura plus de trottoirs, mais nous imaginerons un calepinage différent côté bâtiment (des pavés délimiteront la partie réservée aux piétons). La seconde opération pilote concerne la rue Gambetta sur laquelle nous allons enlever les potelets et lancer une opération d'embellissement, améliorer l'éclairage et créer des placettes plantées d'archipels d'arbres dont les essences ne sont pas encore arrêtées. Lorsque l'on se promènera dans la ville, ces placettes nous guiderons jusqu'au fleuve.

Qu'en est-il des bords de Garonne ?
La troisième opération concerne la place Saint-Pierre, si belle mais en mauvais état. Nous enlèverons le parking pour aplanir le sol et élargir les trottoirs. Nous allons à cet endroit enlever une ligne de voitures pour créer deux voies dédiées aux vélos, mais sans toucher au stationnement résident. Enfin, il est prévu dès cet été de modifier la circulation sur la place du Capitole. Les sens d'entrée et de sortie dans le parking seront inversés. L'entrée se fera par la rue du Poids de l'huile et la sortie par la rue Gambetta. On va rendre piéton les deux autres côtés de la place (côté Arcade et la partie comprise entre la rue du Taur et la rue Rémusat). Ainsi les rues de Rémusat et Lafayette deviendront beaucoup plus tranquilles.

Votre projet prévoit de diminuer sensiblement la place accordée aux voitures dans la ville, de quelle façon ?
En élargissant les trottoirs, en diminuant les voies automobiles et en créant des voies dédiées aux vélos. Au Capitole, par exemple, le parking de 900 places qui est toujours complet va être sensiblement modifié. Nous allons réserver une grande partie du premier étage pour les vélos, car c'est une bonne chose d'introduire le vélo en ville, mais il faut donner aux gens la possibilité de se garer, tandis que la moitié du reste du parking deviendra résident. Notre stratégie est de montrer que l'on peut modifier les choses avec les espaces existants. Il faut arriver à diminuer ce flux quotidien de 2.000 voitures qui traversent le centre-ville. Peu à peu, les gens qui auront besoin de venir en voitures seront incités à se garer dans les parkings existants au niveau de la ceinture de l'octogone, c'est-à-dire les boulevards. Pour autant, il n'est pas question de vider le centre-ville de voitures, car nous sommes conscients que le cœur de la ville développe une activité économique importante. Il faut simplement trouver le bon équilibre.

Vous aviez évoqué aussi des projets de passerelles et d'objets flottants au dessus de la Garonne, ont-ils été validés ?
Pas encore à ce jour. C'est par la place de la Daurade que les travaux vont commencer. En haut de la place, nous ne conserverons qu'une ligne de circulation pour les voitures et introduirons deux voies pour les vélo. Par ailleurs, nous élargirons les trottoirs et les arbres existants seront conservés. La partie basse ne verra quant à elle que des changements minimalistes, notamment l'introduction d'espèces végétales qui permettront la transparence avec le fleuve, tout en apportant un peu d'ombre. Nous réfléchissons toujours à la possibilité de navettes avec le port Viguerie et à disposer des piscines flottantes amovibles sur la Garonne en été. Ce genre d'équipement existe et connaît un grand succès dans des villes comme Zurich ou Copenhague. Les réaménagements de l'octogone et de Jean Jaurès interviendront dans un second temps. À ce jour, les phasages n'ont pas été déterminés.

Propos recueillis par Béatrice Girard

En photo : Joan Busquets lors de la présentation de son projet (© Rémi Benoit)