Chargé du réaménagement de la rue d'Alsace-Lorraine, l'urbaniste Bruno Fortier présente son projet pour Toulouse et son agglomération et explique les spécificités du tissu urbain de la Ville rose. Il souhaite redonner espace et homogénéité à l'architecture toulousaine, en centre-ville comme en périphérie.

Qu'est-ce qui caractérise le centre-ville de Toulouse, avec quoi a-t-il fallu composer ici ?
La rue d'Alsace-Lorraine est une percée haussmannienne et haute dans laquelle nous avons essayé de libérer de l'espace au sol, notamment en intégrant du mobilier urbain. Notre objectif était d'avoir un espace plus libre. Cela avait été amorcé il y a trois ans avec la première tentative de piétonisation de la rue. Mais quand je travaille dans une ville, j'essaye surtout de m'adapter au site dans lequel j'interviens et la grande difficulté de ce chantier a été de composer en permanence avec les contraintes des livraisons, des voitures, des commerces.

Pour décrire vos réalisations, on parle de sobriété et d'une patte Fortier reconnaissable dans vos différents projets. Comment faites-vous pour améliorer sans homogénéiser ?
On ne fait pas la même chose au Havre et à Toulouse, ici nous avons essayé de tenir compte des couleurs incroyables. Mais au-delà de ça, l'enjeu était vraiment de redonner de l'espace. Pour cela l'éclairage jouera un rôle primordial. Le soir, la nuit, cet endroit va ressembler à un salon de lumières, pour cela, nous aurons sans doute besoin de faire des réglages en matière de couleurs et d'intensité lorsque le chantier sera terminé.

Vous intervenez aussi dans l'agglomération toulousaine, notamment dans la Zac Monges Croix-du-Sud. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce projet ?
C'est un projet qui résume toute la particularité de Toulouse : un centre-ville admirable, mais une ville très étalée au-delà de son périphérique avec un urbanisme peu homogène. Ce projet était l'occasion de faire un urbanisme plus élaboré que de simples lotissements dans un lieu particulier. À Monges Croix-du-Sud, on se retrouve en pleine nature, mais à deux pas d'un des plus grands aéroports européens avec l'activité aérospatiale que l'on sait. Nous avons donc privilégié une architecture d'échelles basses qui se fond dans le paysage, préserve de grands morceaux de nature et s'adapte à une topographie particulière en franges de coteaux.

Propos recueillis par Béatrice Girard

Photo © Rémi Benoit