Premier sommet Occitanie / Nouvelle Aquitaine : les temps forts de la rencontre

C'est un exercice de dialogue et de prospective qu'a proposé ce jeudi 23 mars La Tribune lors du premier Sommet Économique Occitanie Nouvelle Aquitaine. Pour la première fois, un événement de nature économique s'est déroulé au sein d'une université (Paul Sabatier), un symbole de la collaboration grandissante entre entreprises et recherche. Voici les temps forts à retenir et les photos de cet événement qui a accueilli 200 personnes à Toulouse.

Jean-Luc Moudenc : "Il ne faut pas organiser l'affrontement des territoires"

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Jean-Luc Moudenc ©photo Rémi Benoit

Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, a ouvert les débats avec un avertissement :

"Il est dangereux de laisser s'installer cette petite musique selon laquelle les métropoles sont riches et égoïstes, indifférentes à leur environnement periurbain et rural. Il ne faut pas organiser l'affrontement des territoires, l'urbain contre le rural."

Également président de France Urbaine, l'élu a souhaité que l'État reconnaisse que les métropoles sont "le moteur économique des territoires" et cesse ainsi de "tout faire passer par le prisme francilien". "L'État doit doter les métropoles des outils et des moyens dont l'Ile-de-France bénéficie", a-t-il martelé.

Christian Desmoulins : "L'Occitanie a trois leviers de croissance..."

Christian Desmoulins ©photo Rémi Benoit

C'est l'un des grands cerveaux de la région. Fondateur de l'École des Mines d'Albi, polytechnicien, ancien président du directoire d'Actia Group, passionné par les questions de politique industrielle, Christian Desmoulins est président du Cercle des entreprises stratégiques d'Occitanie et ambassadeur régional pour l'Alliance pour l'industrie du futur. Il a dévoilé les résultats d'une étude qui lui a été commandée par l'État et la Région sur les relais de croissance de la région Occitanie.

"La région dispose de trois secteurs clés sur lesquels il faut bien entendu continuer d'investir : l'aéronautique-espace-systèmes embarqués, l'agriculture-agroalimentaire et le tourisme. Mais elle a aussi trois secteurs qui sont des leviers de croissance pour le futur : le numérique, la santé et probablement la transition énergétique."

Il a également plaidé pour que les différentes universités, que ce soit à Toulouse, Bordeaux ou Montpellier, fusionnent leur recherche pour booster l'innovation.

--> Retrouvez toutes les photos de l'événement sur le Facebook La Tribune Toulouse

Nouvelle Aquitaine / Occitanie : création d'un pôle numérique ?

sommet du grand sud

Marc Prikazsky et Alain Di Crescenzo autour d'Emmanuelle Durand-Rodriguez ©photo Rémi Benoit

L'un est président du Club des ETI de Nouvelle-Aquitaine, l'autre président de la CCI Occitanie. Marc Prikazsky et Alain Di Crescenzo ont échangé sur les points communs entre les deux régions (taille de la région, secteurs porteurs, PIB). Selon eux, le secteur de la mer est à investir. "Sur la mer, il y a tout a faire, c'est le dernier continent non exploité, il faut le faire intelligemment", préconise Marc Prikazsky. Les deux hommes d'affaires militent également pour une simplification de la fiscalité des entreprises. "Séparer la fiscalité individuelle du chef d'entreprise de celle de l'entreprise serait normal", assure Alain Di Crescenzo, qui souhaite aussi une simplification de la transmission d'entreprise "qui est chère et compliquée".

Le président de la CCI Occitanie a également lancé l'idée de la création d'un pôle numérique, un pôle de compétitivité commun Occitanie / Nouvelle Aquitaine dédié au numérique. "Il manque un grand pôle de compétitivité du numérique ou du digital. Le numérique n'est pas hors sol."

Alain Di Crescenzo : "Il n'est pas facile d'embaucher un chercheur dans une entreprise"

Sur la table ronde, Nadia Pellefigue a rappelé les dispositifs de soutien de la Région aux entreprises ©photo Rémi Benoit

Les liens entre recherche et entreprise ont été largement abordés lors d'une table ronde. Chantal Soulé-Dupuy, chercheuse à l'Irit et directrice de l'école doctorale Mathématiques, Informatique et Télécommunications de Toulouse a notamment regretté le peu d'embauches de doctorants dans les entreprises, ou pour de mauvaises raisons : "Une entreprise prend un doctorant parce que ça lui amène du crédit impôt recherche ou lui permet d'avoir le statut d'entreprise innovante. Trop peu pour bénéficier des réelles compétences de ce doctorant, et ça c'est typiquement français." Chef d'entreprise, Alain Di Crescenzo lui a répondu qu'"il n'est pas facile d'embaucher un chercheur, et il n'est pas facile de contractualiser avec un laboratoire de recherche. Il faut vraiment simplifier tout ça".

Lors de la discussion, Benjamin Gandouet, directeur Oncopole à Toulouse Métropole, a annoncé que des mesures sont prises pour favoriser l'émergence de startups dans la santé : "Nous sommes en train de répertorier leurs besoins et leurs attentes. Il faut que chacun ait une meilleure compréhension de l'écosystème qui l'entoure. Il faut aussi fédérer et animer l'ensemble des acteurs du secteur. Jusqu'alors, la Région et la Métropole ont beaucoup soutenu le secteur académique. Maintenant, il faut soutenir le volet industriel".

Startups et territoires : "La fidélité des collaborateurs est un avantage concurrentiel"

sommet

Benoit Panel, Célia Belline, Pierre-Olivier Bessol ©photo Rémi Benoit

"Aux États-Unis, le turn-over d'une entreprise à une autre est fréquent. Il n'y a pas de fidélité dans l'entreprise. En France, les chercheurs-ingénieurs sont fidélisés par le cadre de vie. C'est un véritable atout pour l'innovation. La possibilité de conserver sur son territoire des collaborateurs est un véritable avantage concurrentiel." La startuppeuse Célia Belline (PDG de Cilcare à Montpellier) a témoigné de l'importance de l'ancrage territorial des startups. Un point de vue partagé par Benoit Panel, président de Yescapa Bordeaux :

"Pour une startup, s'implanter en région est bien plus facile qu'à Paris. Il y a moins de concurrence, plus de soutien des collectivités et des institutions. Les startups deviennent plus attractives, surtout dans le Sud de la France."

"Il ne faut pas perdre de vue qu'on ne crée pas une startup uniquement par plaisir. Il y a derrière une véritable volonté de devenir compétitif et d'avoir un vrai modèle économique pour rivaliser avec les grands groupes", a complété Pierre-Olivier Bessol, vice-président IoT Valley à Labège et président d'Ubigreen. L'objectif de l'IoT Valley est de créer dans le Sud-Ouest un écosystème de grands comptes, startups, laboratoires, organismes de formations et logements et une référence mondiale ou au moins européenne de l'Internet des objets. L'originalité de l'IoT Valley est de favoriser à la fois les startups avec l'accélérateur Connected Camp et d'embarquer des grands comptes (Daher, BNP Paribas, CGI, EBV électronique, Engie, GA, Intel, Microsoft, Samsung, Sncf, etc.) dans l'aventure avec une offre d'open innovation.

LGV : ça chauffe !

Paul Périé, Jean-Louis Chauzy, Carole Delga, Bernard Uthurry, François Simon ©photo Rémi Benoit

Débat animé autour de la LGV ! Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a mis les choses au clair suite aux propos de Guillaume Pépy, président de la SNCF, la semaine dernière : "Avec tout le respect que j'ai pour la SNCF, son président n'est pas décisionnaire. C'est l'État qui décide. Notre développement n'a pas vocation à s'arrêter à Bordeaux et Marseille !" Très applaudie, Carole Delga a réaffirmé qu'elle ne "lâcherait rien" sur ce dossier. Elle était soutenue par le président du Ceser Jean-Louis Chauzy, mais mise en contradiction par l'écologiste François Simon, qui est en faveur d'un réaménagement des voies actuelles plutôt que pour la LGV. Bernard Uthurry, vice-président du Conseil régional de Nouvelle Aquitaine, a répété que le prolongement de la LGV était "une absolue priorité".

--> Un compte rendu plus détaillé de ces échanges vous sera proposé sur le site de La Tribune Toulouse demain, vendredi 24 mars !

Transports du futur : une ligne Hyperloop d'ici 5 ou 10 ans ?

sommet du grand sud

Omar-Pierre Soubra, en direct de Denver ©photo Rémi Benoit

Spécialiste des transports du futur, Omar-Pierre Soubra, directeur de la communication et du marketing stratégique chez Trimble, était en direct de Denver, où il travaille. Pour lui, "vu du Colorado, l'Occitanie est un écosystème très intéressant pour les transports du futur. Ce n'est pas pour rien qu'Hyperloop s'est installé à Toulouse : ils viennent chercher les talents." Même si les obstacles technologiques sont "très importants", il estime que "l'on peut imaginer une première ligne Hyperloop entre Toulouse et Montpellier dans 5 ou 10 ans !"

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