Thales Alenia Space face à un "jeudi noir" pour les salaires

Une centaine de salariés de Thales Alenia Space ont manifesté ce jeudi à Toulouse pour demander une politique de revalorisation plus ambitieuse de leur rémunération. Alors que le géant du spatial a multiplié les succès commerciaux ces derniers mois et que l'inflation ne cesse de s'accélérer, les syndicats estiment qu'il s'agit d'un "rééquilibrage" nécessaire.
À Toulouse, une centaine de salariés de Thales Alenia Space ont participé à un jeudi noir pour les salaires.
À Toulouse, une centaine de salariés de Thales Alenia Space ont participé à un "jeudi noir" pour les salaires. (Crédits : Rémi Benoit)

"Minimum 120 euros par mois", ont inscrit les manifestants sur le bitume à l'entrée du site de Thales Alenia Space à Toulouse. Ils sont une centaine ce jeudi matin rassemblés devant le siège social de la coentreprise spatiale qui emploie 2.500 collaborateurs dans la Ville rose. Au même moment, des manifestations étaient organisées sur l'ensemble des sites français du groupe à l'appel d'un "jeudi noir" lancé par l'intersyndicale (FO/CFDT/CGT/CFE-CGC). Depuis le 27 janvier, chaque semaine, les salariés se mobilisent pour demander une politique de revalorisation plus ambitieuse de leur rémunération alors que doivent s'ouvrir les négociations annuelles avec la direction du groupe.

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Des rassemblements étaient organisés ce jeudi sur l'ensemble des sites de Thales Alenia Space en France. (Crédits : Rémi Benoit)

Inflation et hausse des commandes

Avant la crise, l'immense majorité des salariés bénéficiaient chaque année d'une augmentation de leur revenu. Mais depuis l'an dernier, "la direction a instauré une plus grande sélectivité. 58% des salariés ont eu zéro augmentation", regrette Marc Colombani, secrétaire du CSE central FO de Thales Alenia Space. Cette année, la direction propose 3,5% d'augmentation à compter du 1er juillet alors que les années précédentes les négociations s'appliquaient de manière rétroactive au mois de janvier. Insuffisant d'après le syndicaliste au vu de l'inflation galopante. La flambée des prix a frôlé les 3% en fin d'année d'après l'Insee et elle devrait s'accélérer dans les prochains mois pour atteindre en juin entre 3 % à 3,5 %.

Lire aussi 6 mnL'Insee table sur une inflation entre 3% et 3,5% d'ici fin juin

Surtout, les salariés estiment que cette politique est injustifiée au regard de la situation économique du géant spatial.

"Les commandes sont en augmentation de 60% en 2021 par rapport à 2020. Dernièrement, Thales a décroché de grands contrats institutionnels, notamment pour le programme Copernicus (849 millions d'euros, ndlr). Cela donne de l'oxygène au groupe pour les quatre à cinq ans qui viennent. En 2022, l'entreprise prévoit un chiffre d'affaires en progression de 15%. Elle a versé début décembre 128 millions d'euros aux actionnaires pour un acompte de dividendes", détaille Marc Colombani.

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Les salariés pointent l'inflation et les succès commerciaux remportés récemment par TAS. (Crédits : Rémi Benoit)

La direction prône "la prudence"

De son côté, la direction prône "la prudence" face à un marché "qui a démontré encore récemment une certaine instabilité et qui reste soumis à une rude compétition" :

"Les commandes mondiales semblent se stabiliser entre 12 et 15 satellites par an, ce qui est loin des niveaux recensés dans les années 2010 mais en amélioration par rapport aux années 2017 et 2018. En 2021, Thales Alenia Space a engrangé de beaux succès qui ont bien reflété le résultat de l'attractivité de ses produits mais il faut garder en tête que la majorité des commandes mondiales des deux dernières années ont servi le marché du renouvellement", précise le groupe à La Tribune.

D'autant, qu'après une vague de méga commandes pour Copernicus et Galileo, les deux constellations phares de l'Europe, Thales Alenia Space anticipe "le creux de la dynamique jusqu'au déblocage des prochains budgets de la prochaine ministérielle des pays membres de l'Agence Spatiale Européenne (prévue en novembre à Paris, ndlr)".

Au-delà du cas de Thales, les syndicats mettent en avant le grand donneur d'ordre du spatial "a une responsabilité auprès de l'ensemble de la filière", craignant que par mimétisme de faibles augmentations de revenus soient décidées chez les sous-traitants. "Il faut que toute la chaîne de valeur en bénéficie", plaide Florence Vassallo, représentante du personnel CFDT à Toulouse. La syndicaliste considère qu'il s'agit d'un "rééquilibrage" nécessaire vis-à-vis des efforts consentis ces derniers mois : "La productivité est maximale. Au-delà des heures supplémentaires, certains salariés s'arrêtent pour burn-out." Les syndicats comptent continuer de refuser l'ouverture des négociations sur les salaires sans engagement fort de la direction.

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Commentaire 1
à écrit le 18/02/2022 à 9:06
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"Thales Alenia Space" Et on parle d'une entreprise technologique de pointe ! De celle dont les médias font un emblème. Incapables de payer convenablement leurs salariés ! Alors je vous dis pas chez Leclerc ou Lidl hein. C'est plus des oursins qu'ils ...

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