Il est extrêmement rare que les Laboratoires Boiron décident d'ouvrir leurs portes aux journalistes. "La dernière fois, c'était il y a 20 ans pour les 30 ans du site", relève Anne-Laure Weiner, directrice de Boiron Toulouse. Officiellement, ce mardi 10 avril, le groupe a décidé d'organiser une visite de presse pour ses 50 ans d'existence dans la Ville rose. "Les Laboratoires Boiron ont vu le jour en 1932. Après la création des sites de Paris et de Lyon, où vivaient les frères Boiron, Toulouse a été en 1968 la première véritable succursale régionale de l'entreprise", décrit Anne-Laure Weiner. Aujourd'hui, Boiron est le leader mondial de l'homéopathie (617 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2017) avec des best-sellers tels que Arnica pour les hématomes ou Oscillococcinum contre le rhume. Le groupe dispose de 4 usines de production et 29 sites de distribution en France.
920 pharmacies desservies
À lui seul, le site de distribution de Toulouse (45 salariés) délivre 33 000 médicaments par jour. "Nous travaillons avec 920 pharmacies implantées dans neuf départements : Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Ariège, Aude, Aveyron, Gers, Lot et Lot-et-Garonne", énumère la directrice de Boiron Toulouse.
Site de distribution de Boiron à Toulouse (Crédit : Rémi Benoit).
Première étape, les pharmacies commandent les médicaments par le logiciel de télétransmission ou par téléphone. Ensuite place à la préparation des commandes. Les salariés sillonnent les différentes étagères et remplissent dans un bac la liste de tubes de médicaments commandés.
Le service client prend les commandes et renseigne les pharmacies (Crédit: Rémi Benoit).
Préparation des commandes (Crédit : Rémi Benoit).
Des préparations créées en laboratoire
Le site de Toulouse n'est pas une usine de fabrication de médicaments mais réalise tout de même 1200 préparations dites magistrales. "Certaines commandes demandent un traitement médical sur mesure pour un patient avec des formules complexes que nous n'avons pas en stock. Dans ce cas, nous allons créer le médicament en laboratoire", détaille Anne-Laure Weiner. Pour expliquer la principe de fabrication de l'homéopathie, la directrice prend un exemple :
"Pour mettre au point l'Arnica, il faut d'abord réaliser une teinture mère. La plante (en l'occurrence l'Arnica des montagnes) macère dans un mélange d'eau et d'alcool pendant 10 à 30 jours. Ensuite, on prélève 1/100e de la solution qu'on dilue. Pour l'Arnica 9CH, il y a neuf étapes de dilution. Enfin, on imprègne la solution dans des granules", poursuit-elle.
En laboratoire, le site de Toulouse fabrique les préparations complexes qui n'existent pas en stock (Crédit : Rémi Benoit).
"50% des Français utilisent l'homéopathie"
Depuis l'invention du concept d'homéopathie au 18ème siècle, cette pratique ne cesse de diviser la communauté scientifique. Dernier exemple en date, le 19 mars dernier, dans une tribune publiée par Le Figaro 124 médecins ont classé l'homéopathie parmi les "fake médecines" et réclament le déremboursement des médicaments (la moitié des produits Boiron sont pris en charge par la Sécu).
"Une enquête Ipsos datant de 2015 a estimé que la moitié des Français ont déjà eu recours à l'homéopathie pour se soigner. L'étude Epi3 menée par un cabinet indépendant et financée par Boiron montre également que 25 % des généralistes en prescrivent et même 75% des sages-femmes. Cette même étude menée auprès de 820 médecins et 8500 patients montre que l'homéopathie permet de prescrire deux fois moins d'antibiotiques, trois fois moins de psychotropes tout en coûtant 35% moins cher à la Sécurité sociale et en obtenant la même évolution au niveau de la santé", rétorque Anne-Laure Weiner.
Anne-Laure Weiner, directrice de Boiron Toulouse (Crédit : Rémi Benoit).
(Crédit : Rémi Benoit).
Sujets les + commentés