CLS veut connecter des millions d'objets avec le successeur d'Argos

En 2022, la société CLS lancera une nouvelle constellation d'une quinzaine de satellites. Cet Argos "nouvelle génération" a pour objectif de localiser et récolter des informations sur des troupeaux de chameaux en Afrique, des bateaux pirogues en Asie ou des conteneurs transportés en mer.
10 000 animaux sont suivis via une balise par CLS.
10 000 animaux sont suivis via une balise par CLS. (Crédits : Andrew Durocher)

Depuis près de 40 ans, les célèbres balises Argos permettent de suivre des objets, des animaux sauvages ou des bateaux de pêche industrielle. C'est CLS (pour Collecte localisation satellites), filiale du Cnes basée à Ramonville près de Toulouse qui est chargée d'observer ces balises."Nous en suivons 25 000 dont près de 10 000 animaux. Il s'agit de localiser leur position mais aussi de récolter des informations. Avec un capteur, on peut aussi mesurer la température d'un animal", explique Jean Muller, responsable du programme Argos.

"Nous allons changer d'échelle"

 Dans quatre ans, CLS lancera "Argos for next generation", une nouvelle constellation d'une quinzaine de petits satellites. "Nous allons changer d'échelle, estime-t-il. Avec nos six satellites, nous pouvions récupérer quelques milliers ou dizaines de milliers de messages par jour, là on parle de millions de messages quotidiens." Cette plus grande flotte permettra aussi d'améliorer le temps de revisite, autrement dit le nombre de passages du satellite au-dessus d'une balise Argos, qui va passer d'une fois par heure à moins de 15 minutes. "Les bateaux pourront connaître leur position presque en temps réel", ajoute-t-il.

Les satellites communiqueront avec des balises Argos dernier cri qui seront hydrides.

"C'est une puce de 7 mm de côté dans laquelle on va embarquer le réseau de téléphonie GSM pour que le bateau de pêche puisse communiquer depuis le port mais aussi un modem Argos pour communiquer loin des côtes. Le réseau GSM ne fonctionne qu'à quelques dizaines de kilomètres des côtes. De même, on pourra embarquer un réseau d'objets connectés comme Sigfox ou Lora", décrit Jean Muller.

Suivre les troupeaux de chameaux et les bateaux de pêche artisanale

Avec cette nouvelle technologie, CLS veut s'attaquer à de nouveaux marchés :

"Nous voulons équiper les bateaux de pêche artisanale utilisés en Afrique et Asie du Sud-est. Nous allons y ajouter une LED qui s'allume en cas d'alerte météo pour leur dire de rentrer au port. Cela permet aux États de sécuriser les pêcheurs en cas de naufrage", poursuit-il.

Côté animaux, la société cible les troupeaux d'élevage comme les rennes en Russie, les chameaux en Afrique, des moutons en Europe ou encore des bovins en Amérique latine. L'enjeu pour les services gouvernementaux se situe ici davantage au niveau de la sécurité alimentaire, ces animaux servant à nourrir les populations. Par ailleurs, CLS veut équiper les conteneurs transportés en mer. Au-delà de la localisation, ils pourront s'envoyer des informations entre eux. L'ajout d'un détecteur de lumière permettra également de repérer si le conteneur a été ouvert pendant le trajet en mer.

Des balises dix fois moins chères

 D'ici le mois de juin, CLS va choisir les industriels qui seront chargés de concevoir, produire et lancer les satellites. Le coût du projet et son financement seront connus à l'issue de cette sélection.

"On hésite entre la gamme nano (satellites de moins de 50 kg) ou de microsatellites (entre 50 et 150 kg), avance Jean Muller. Les nanosatellites coûtent beaucoup moins chers mais leur durée de vie n'est que de 3-4 ans. Les microsatellites coûtent plus chers mais ils peuvent transporter une charge utile. Donc on peut partager les coûts de lancement du satellite avec d'autres entreprises. On est vraiment dans le 'New Space'"

L'autre changement majeur dans le modèle économique est que jusqu'ici CLS suivait "10 000 animaux et presque autant d'espèces". Chaque balise devait être adaptée pratiquement de manière artisanale. En ciblant les grands troupeaux d'élevage, la société espère industrialiser ce processus et faire chuter le prix des balises, décrit Jean Muller : "Aujourd'hui, une balise pour les animaux peut coûter 10 000 euros pièce, les nouvelles balises seront au minimum dix fois moins chères".

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