Comment Airbus veut s'imposer en Inde

Avec 518 avions à livrer en Inde, Airbus détient actuellement 80 % des parts du marché aéronautique dans le pays, devançant largement Boeing. En 2014, le constructeur aéronautique a ouvert la filiale Airbus India et compte désormais 350 ingénieurs à Bangalore. Le constructeur basé à Toulouse cherche par ailleurs à créer un centre de formation des pilotes dans le pays.
Airbus compte 350 ingénieurs à Bangalore en Inde

Depuis quelques années, l'Inde est devenu le nouvel eldorado des constructeurs aéronautiques. "Le développement d'une classe moyenne supérieure, qui a désormais les moyens de voyager, a dopé le trafic domestique. Il a augmenté de 20 % en Inde rien que sur 2015, dépassant la progression observée en Chine. Pour les années à venir, les prévisions tablent sur 10 % de croissance annuelle du trafic aérien, soit le double de la croissance mondiale moyenne", remarque Frédéric Pochet, vice-président du développement et de la coopération internationale pour Airbus.

Les compagnies aériennes devront s'équiper pour faire face à cette explosion du trafic. Selon la dernière étude Global Market Forecast 2014-2033 réalisée par l'avionneur, l'Inde aura besoin de 1 291 avions d'ici 20 ans, dont 913 monocouloirs, 322 long courriers et 56 de très grande capacité (type A380). Des besoins estimés à 190 milliards de dollars.

Airbus loin devant Boeing en Inde

Pour l'heure, ce marché est dominé par Airbus. L'avionneur européen basé à Toulouse a livré 200 avions, soit 55 % de la flotte en service en Inde, alors qu'au niveau mondial le constructeur est au coude-à-coude (autour de 50 %) avec son grand rival, l'Américain Boeing. Et l'écart devrait continuer à se creuser dans les prochaines années : "Nous avons 518 avions à livrer, ce qui représente 80 % des parts de marché d'avions en Inde contre 20 % pour Boeing", relève Frédéric Pochet.

Airbus a notamment marqué les esprits en 2014 après avoir reçu une commande record de la compagnie indienne low cost IndiGo Airlines pour 250 avions A320neo d'une valeur de 26,5 milliards de dollars. "La plus importante commande unique en termes de nombre d'appareils jamais enregistrée par Airbus", s'était félicité l'avionneur.

Les premiers échanges commerciaux entre l'Inde et Airbus remontent au milieu des années 70 avec la livraison d'un premier avion à la compagnie publique Indian Airlines. En 2014, Airbus décide de créer une filiale indienne, Airbus India. Son but est de regrouper ses activités en Inde, "un marché stratégique, qui dispose de l'un des potentiels de croissance les plus élevés au monde dans le secteur de l'aviation", selon les dirigeants. Le site regroupe aujourd'hui 350 ingénieurs à Bangalore. C'est aussi dans cette ville qu'Airbus a lancé en novembre dernier un Bizlab, son accélérateur de startups.

"Bangalore est la capitale historique de l'aéronautique en Inde puisque c'est là que se trouve depuis plus de 50 ans le siège de la principale société aéronautique du pays, Hindustan Aeronautics Ltd (HAL). Depuis quelques années, Bangalore est également devenue la capitale des systèmes d'information et plus généralement du high-tech qui s'est développé là-bas. Ce sont ces raisons qui expliquent qu'Airbus s'y est implanté", explique Frédéric Pochet.

HAL collabore d'ailleurs depuis une vingtaine d'années avec Airbus et lui a livré plus de 5 000 portes d'avions pour les A330.

Bientôt un centre de formation de pilotes à New Delhi ?

Mais la coopération entre les entreprises européennes et indiennes vont au-delà de la vente d'avions. "L'ambition de l'industriel indien est de concevoir les pièces pour devenir un fournisseur à part entière", selon l'avionneur. Pour ce faire, Airbus compte 350 ingénieurs sur place.

Par ailleurs, le constructeur aéronautique cherche désormais à implanter sur place un centre de formation des pilotes. Le raisonnement est simple : pour faire face à l'explosion du trafic domestique, les compagnies aériennes indiennes vont devoir former en masse des pilotes. Des centres de formation dédiés ont commencé à voir le jour mais les industriels tentent aussi de se positionner sur ce marché prometteur.

Pour l'instant, ni la date, ni le lieu du site n'ont été officialisés par Airbus mais l'avionneur privilégierait "une ville à proximité des bases principales des compagnies aériennes telles que New Delhi ou Mumbai". Airbus pourrait lancer dans un premier temps un centre commun de formation avec un site existant adossé à une compagnie aérienne avant de créer en joint-venture un nouveau site à l'image de ce qui est en vigueur avec Singapour Airlines.

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