Aéronautique : la société toulousaine Atlantic Air Industries cherche un repreneur

Spécialisée dans la maintenance des avions régionaux, la société Atlantic Air Industries, basée à Francazal depuis 2012, connaît des turbulences financières. Placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Toulouse ce mardi 9 juin, elle cherche des repreneurs pour poursuivre son activité.
Le site de Francazal

On lui imaginait un avenir radieux. En 2013, Didier Bernardeau, le PDG d'Atlantic Air Industries, prévoyait même un chiffre d'affaires de 20 millions d'euros en 2020. Las, en 2014, les difficultés se sont accumulées et l'entreprise a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Toulouse ce mardi 9 juin.

Plusieurs raisons expliquent cette déconvenue. Arrivé de Nantes et Saint-Brieuc en 2012 pour assurer à son entreprise des perspectives de développement sur un site plus grand, Didier Bernardeau savait qu'il prenait un risque. "Venir à Francazal était une bonne décision, mais cette ancienne base militaire n'a pas été pensée comme un site industriel, constate-t-il aujourd'hui. Il y a de la place mais les charges fixes sont importantes. Le loyer annuel est de 600 000 euros. Trois hangars qu'il faut chauffer avec un équipement ancien et une mauvaise isolation." Sur ce point, Didier Bernardeau déplore le comportement de la Setfa (Société d'exploitation de Toulouse Francazal Aéroport), détenue par la SNC Lavalin (51 %), l'Aéroport Toulouse-Blagnac (36 %) et la CCI de Toulouse (10 %).

"Je ne règle pas mes comptes, mais la Setfa m'avait promis qu'elle rénoverait les bâtiment, assure-t-il. Or, il n'y a pas eu le début d'un commencement de travaux. On m'a dit que des problèmes administratifs empêchaient la SNC Lavalin d'investir sur le site de Francazal. Résultat : ils n'ont pas tenu leur promesse."

Contacté, Bertrand Bilger, le président de la Setfa, n'a pas donné suite à nos appels.

Un accident industriel

À cela se sont ajoutés deux accidents de parcours. Descendu à 22 personnes, l'effectif remonte à une centaine en 2014. Mais l'arrêt maladie d'un salarié difficilement remplaçable car "les profils de réparateurs sont rares à Toulouse où l'on sait construire des avions mais pas les réparer", entrave l'activité de la société. Plus grave, au cours de l'année, un contrat de réparation sur 3 avions devient un gouffre financier pour AAI. "Cela m'a couté deux fois plus cher que le forfait négocié au préalable, car plus nous démontions l'avion, plus nous y trouvions des pannes", regrette Didier Bernardeau. Coût de l'opération : 2 millions d'euros.

Faute de pouvoir réduire les charges fixes et en manque de trésorerie, l'ancien ajusteur, qui avait gravit les échelons jusqu'à reprendre la majorité des parts de Nantes Aéro en 2002, peine à faire face. Engagé dans un plan de sauvegarde le 18 décembre dernier, AAI a été entraînée dans un "cercle vicieux" qui l'a conduite au redressement judiciaire  avec un passif financier de 7 millions d'euros.

"Entreprise de maintenance aéronautique cherche repreneur"

Pour autant, Didier Bernardeau ne baisse pas les bras. "L'entreprise n'est pas condamnée. Nos clients ont continué à nous faire confiance. Si nous sommes intelligents sur les bâtiments et qu'un repreneur intervient, cela va remarcher."

Des Canadiens, des Chinois et des Européens se seraient montrés intéressés par une reprise de l'entreprise. Des propositions devraient être présentées à la mi-juillet. D'ici là, l'activité se poursuit sur le site de Francazal pour les 90 salariés. "Nous ne sommes pas en liquidation, ni en défaut de paiement des fournisseurs même si nous avons une dette, assure Didier Bernardeau. Rien n'est perdu, il faut travailler encore plus pour nos clients."

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Commentaire 1
à écrit le 09/06/2015 à 19:48
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A cet investisseur courageux! Il nous en faudrait plus comme lui!

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