Premier bilan chiffré des inondations : les dégâts évalués à 5M€ pour les entreprises de Haute-Garonne

Deux semaines après les inondations qui ont touché le grand Sud-Ouest, l'heure est désormais au premier bilan financier. Au-delà du drame humain, la catastrophe représente un coup sévère porté à l'économie locale, justifiant ainsi la mobilisation des acteurs régionaux.
Saint-Béat, le 20 juin 2013

Il aura donc fallu attendre jusqu'au samedi 29 juin pour qu'apparaisse au Journal Officiel l'arrêté de catastrophe naturelle concernant les départements de la Haute-Garonne, des Landes, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques. Une décision qui intervient tout de même dix jours après les inondations et crues subies par le Sud-Ouest alors même que lors de sa visite à Saint-Béat, François Hollande s'était engagé "à la plus grande réactivité". Quoi qu'il en soit, cette publication permet l'activation des garanties auprès des assurés concernant leurs biens. Résultat, se multiplient aujourd'hui expertises et devis afin de constater les dégâts et pertes rendant ainsi difficile l'estimation du coût engendré par les inondations pour les particuliers. "Quand on voit l'ampleur des dommages, on ne peut se hasarder à chiffrer le désastre, mais on sait d'ores et déjà que le coût sera colossal, avertit Alain Borderie, président de la Chambre des agents généraux d'assurance. Pour le moment, nous attendons que les sinistrés remplissent les devis et que les expertises soient terminées." Si l'on en croit la Fédération française des sociétés d'assurance, les experts devraient avoir une vision plus claire de la situation dans une quinzaine de jours, le temps de récolter tous les dossiers d'assurance.

Au lendemain des inondations, le chiffre de 500 M€ de dommages au niveau national avait été avancé par la FNSEA, syndicat agricole. C'est dire l'ampleur de la catastrophe. Dix jours plus tard, même si le bilan reste encore approximatif, les premières tendances commencent à se dessiner. En premier lieu, l'impact sur le tissu économique a été important. "Aujourd'hui, on évalue à 5M€ les dégâts causés sur les commerces et entreprises de Haute-Garonne", avance un responsable de la CCI de la Haute-Garonne. Idem du côté des biens publics et équipements collectifs où la saignée a été plus que conséquente. "Ce sont 20M€ de perte pour les biens des collectivités locales (voiries, ponts...), qui plus est non assurables, que l'on déplore", explique la députée PS Carole Delga. Pour les Hautes-Pyrénées, la facture s'élève même à 30M€.

Très touchée par les intempéries et les crues, Saint-Béat subit quant à elle des pertes évaluées par les services du Conseil général à 15M€ au point que fut envisagée pendant un certain temps la déviation du trajet du Tour de France. Aussi, quand le sénateur et conseiller général du canton de Saint-Béat, Bertrand Auban, s'émeut d'une facture qui risque de "s'élever à des dizaines voire des centaines de millions d'euros", pour la région, le politique sait de quoi il parle, lui l'élu d'un territoire qui a vu ses trois campings fermés. Au désastre économique, s'ajoute un traumatisme humain. "Il faudra beaucoup de temps aux sinistrés pour se remettre matériellement et psychologiquement, pronostique t-il. Des cellules psychologiques sont déjà mises en place."

Aide et solidarité
Pour rebondir, institutionnels, collectifs et compagnies d'assurance se mobilisent un peu partout dans la région. Et chacun s'agrippe à la moindre donnée positive à l'image d'Alain Borderie, président de la chambre des agents généraux d'assurance, qui, bon an mal an, pointe "le périmètre restreint des dégâts par rapport aux dommages causés par la tempête Xynthia". Par ailleurs, sur le front des aides, nombre de crédits ont été débloqués :

  • Le Conseil général : En déplacement à Saint-Béat le 20 juin dernier, Pierre Izard n'avait pas caché son émotion et avait assuré que le Conseil général se mobiliserait à hauteur de 12 M€ d'aide dont 2 M€ pour les professionnels.
  • Le Conseil régional : Lors de la dernière session plénière du jeudi 27 juin, l'institution a voté à l'unanimité une enveloppe de 5M€ à destination des travaux de reconstruction des bâtiments publics, infrastructures routières, entreprises... "Catastrophe exceptionnelle, dangers exceptionnels, c'est pourquoi notre solidarité doit être exceptionnelle", avait alors annoncé à la tribune Martin Malvy, tout en affirmant que le Conseil régional "pourrait aller plus loin en fonction des besoins".
  • Les CCI : Un fonds de solidarité exceptionnel de 3M€ a été mis sur pied par les Chambres de commerce et d'industrie en faveur des entreprises sinistrées sous forme d'avances remboursables. Il s'agit avant tout de subsides visant à soutenir le redémarrage de l'activité professionnelle. Le fonds se décompose entre les CCI de Toulouse (1M€), des Hautes-Pyrénées (500 k€), et des autres entités territoriales (1,5M€).
  • Les ministères de l'Économie et du Budget : Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve ont assuré un traitement bienveillant aux sinistrés de la part de leur service : "Les demandes de remise ou de modération d'impôts directs restant à payer feront l'objet d'un examen attentif au cas par cas."


Jérémy Lacoste et Anna Ezequel

Photo © Rémi Benoit

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