Compétitivité et industrie, l'UIMM défend ses propositions à Toulouse

Coût du travail, innovation, dialogue social, choc de compétitivité : ce matin, aucun terme n'a été tabou lors de la table ronde organisée par l'UIMM Midi-Pyrénées et Objectif News à l'espace Vanel, à Toulouse. André Benhamou (Liebherr Aerospace&Transportation), Jean Luminet (UIMM) et Jean Cazaubieilh (Continental Automotive) se sont exprimés sur leur vision de la compétitivité dans l'industrie, notamment dans l'aéronautique, où tout ne fonctionne pas aussi bien qu'il n'y paraît.La compétitivité oui, mais quelle compétitivité ?
Paul Périé, André Benhamou, Jean Luminet et Jean Cazaubieilh

Coût du travail, innovation, dialogue social, choc de compétitivité : ce matin, aucun terme n'a été tabou lors de la table ronde organisée par l'UIMM Midi-Pyrénées et Objectif News à l'espace Vanel, à Toulouse. André Benhamou (Liebherr Aerospace&Transportation), Jean Luminet (UIMM) et Jean Cazaubieilh (Continental Automotive) se sont exprimés sur leur vision de la compétitivité dans l'industrie, notamment dans l'aéronautique, où tout ne fonctionne pas aussi bien qu'il n'y paraît.

La compétitivité oui, mais quelle compétitivité ? C'est la question posée par Jean Luminet, ce matin devant les 70 personnes venues assister à cette matinale : "Trop souvent, les médias associent la compétitivité à la seule question du prix ! Oui, la question du coût du travail est centrale mais ce n'est pas la seule. Il y aussi l'innovation technologique, le temps de travail, les liens écoles-entreprises, etc."

Pour André Benhamou, président de la filiale toulousaine de Liebherr Aerospace, il est important de "parler de l'industrie de façon positive, de redorer son blason". Jean Cazaubieilh (directeur de Continental Automotive à Foix) estime de son côté que la difficulté de l'industrie actuelle est de rayonner à l'international. Tous se mettent d'accord pour constater que le secteur aéronautique, qui jouit d'une très bonne image en Midi-Pyrénées, souffre du manque d'ETI (entreprises de taille intermédiaire) pour assurer la montée en cadence.

"La supply chain ne suit pas les donneurs d'ordre"
Tout ne va pas si bien dans l'aéronautique ! C'est André Benhamou qui ose s'attaquer le premier au secteur le plus développé et le plus porteur de la région (Midi-Pyrénées est la 3e région la plus exportatrice au niveau national. Sans l'aéronautique, elle serait à la 17e place. Le groupe Airbus réalise à lui seul 22 milliards d'euros d'exportations). "La filière, telle qu'elle est structurée, n'assume pas les montées en cadence car la supply chain ne suit pas les donneurs d'ordre. On passe des grands groupes aux petites PME. Il y a un manque crucial d'ETI pour nous adapter à une industrie mondialisée", estime le président de la filiale toulousaine de Liebherr Aerospace.

"Il faut faire comme en Allemagne, créer un réseau d'entreprises et avancer en pool. Notre système ne nous donne pas l'agilité nécessaire", renchérit Jean Cazaubieilh. L'amélioration des relations entre les entreprises de rang 1, 2 et 3 est nécessaire pour Jean Luminet "afin d'améliorer la visibilité de tous". Par ailleurs, des ETI ayant leurs propres produits et leur propre R&D "pourraient exporter et conquérir d'autres marchés, en Inde ou en Chine", affirme André Benhamou.

"Une offre de formation mal adaptée"

Autre problématique de l'industrie, en Midi-Pyrénées comme ailleurs, "l'inadéquation entre l'orientation, l'offre de formation et les besoins de l'Industrie" selon Jean Luminet qui pointe un paradoxe bien connu. "Il y a plus de 220 000 demandeurs d'emploi dans la région alors qu'il existe des milliers de postes non pourvus (4 000 à pourvoir en 2013) dont 42% d'ingénieurs, 35% de techniciens et 23% d'ouvriers." Il préconise la promotion des entreprises et des métiers industriels, le développement des liens écoles-entreprises et le renforcement de l'attractivité de l'alternance auprès des jeunes et des PME.

André Benhamou affirme qu'il faut avant tout "redorer le blason de l'industrie, en parler en termes positifs". "L'industrie présente d'incroyables opportunités et de formidables métiers", confirme Jean Cazaubieilh, qui a mené depuis 3 ans "un effort sur la formation" dans son usine de Foix "pour adapter les compétences aux nouveaux métiers".

"Les nouveaux marchés ne sont ni en France ni en Europe"

L'export, force ou faiblesse de l'industrie Midi-Pyrénéenne ? La région est la seule de France en forte croissance et sa balance du commerce extérieur est excédentaire en 2012 avec 11 M€ d'exportations (+36 % par rapport à 2011), et 7M€ d'importations (+14 %). Insuffisant pour Jean Luminet, "même si on tire notre épingle du jeu grâce à l'aéronautique". Pour André Benhamou le verdict est sévère : "nous ne sommes pas au niveau quand on va à l'export".

La solution ? S'implanter sur les marchés où il y a des besoins. "Aujourd'hui, c'est en Inde que l'industrie automobile doit d'implanter. Pas en France ni même en Europe", cite en exemple Jean Luminet. "Il faut mettre notre filière en ordre de marche pour accéder à la Chine, la Russie", confirme André Benhamou. Et pour cela, si la France ne peut pas lutter en matière de coût du travail, "il faut travailler plus et mieux" continue le directeur général de Liebherr Aerospace&Transportation. Cela implique de "se différencier sur les produits, les services. Opérer une montée en gamme." Il préconise également de s'implanter dans les pays où le marché existe : "il faut investir dans les pays en question. Produire là où le produit est vendu."

"Les idées ne sont pas que dans la tête des managers"
Autre thématique abordée ce matin et où les efforts semblent incontournables : le dialogue social. Jean Luminet propose d' "améliorer l'efficacité et la qualité du dialogue social à tous les niveaux : national, branche professionnelle et entreprise" via notamment la représentativité et l'indépendance financière des partenaires sociaux et la priorité donnée à la négociation collective plutôt qu'aux contrats individuels de travail. Pour le président de l'UIMM Midi-Pyrénées, "il faut sortir de la confrontation permanente avec les partenaires sociaux".

"Il faudrait commencer par partager les mêmes objectifs" semble s'agacer Jean Cazaubieilh qui précise que "les partenaires sociaux doivent être impliqués dans la démarche d'amélioration de l'entreprise". Au delà des relations avec les syndicats, André Benhamou plaide pour un travail participatif au sein de l'entreprise "qui permet plus de souplesse, d'amélioration continue". "Les bonnes idées ne sont pas que dans la tête des managers", affirme-t-il.

Sophie Arutunian
© Rémi Benoit

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