Université, Bertrand Monthubert annonce un audit par le ministère de l'Enseignement supérieur le 17 juillet à Toulouse

Deux mois après une entrée remarquée sur la scène universitaire, Bertrand Monthubert, nouveau président de l'Université Paul Sabatier (UPS), explique comment il veut faire changer l'université. Après avoir suspendu le mode de financement du Plan Campus et refusé de signer la convention de financement de l'Idex, il annonce un audit du ministère à Toulouse le 17 juillet ainsi qu'une rencontre à Paris, le 19 juillet avec le conseiller spécial chargé des Investissements d'avenir.
Bertrand Monthubert, président de l'université Toulouse III Paul Sabatier



Deux mois après avoir annoncé la suspension du financement du Plan Campus (527 M€ pour les universités de Toulouse), le dossier est-il en panne ?

Pas du tout. Je peux d'ailleurs vous annoncer que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche a décidé de mener une mission d'audit dans les universités concernées par des partenariats public-privé (PPP) pour ce qui concerne le patrimoine immobilier universitaire. L'audit aura lieu le 17 juillet à Toulouse. Je partage avec le gouvernement le souci de savoir comment financer des projets de grande ampleur. Ma position concernant les PPP est très pragmatique et pas du tout idéologique. Pour moi, ce sont des montages financiers qui coûtent extrêmement chers. S'il avait été maintenu, il aurait obligé l'UPS à payer entre 600 K€ et 1 M€ de frais de maintenance à l'opérateur privé.
L'audit devra donc déterminer quelle sera la solution financière la plus intéressante : une loi Mop (maîtrise d'ouvrage publique), un consortium appuyé par la Caisse des Dépôts ou pourquoi pas un PPP, mais pour cette dernière hypothèse, il faudra que l'on me prouve son efficacité.

En refusant de signer la convention de financement de l'Idex, certains vous ont accusé de casser le jouet. Comment réagissez-vous à ces accusations ?
Je pense qu'ils n'ont pas compris... Comment casser un jouet qui est programmé pour dérailler ? A l'université, on n'est pas à l'armée ! Ici, les individus ont un regard critique et ils l'exercent. Pour arriver à mettre en place ce bel outil qu'est l'Idex, il faut arriver à entraîner l'adhésion. J'ai refusé de signer la convention de financement de l'Idex car les critiques sur la place toulousaine étaient extrêmement fortes au sein des laboratoires des universités. Elles portaient sur la gouvernance et sur l'utilisation des fonds (les diplômes étoilés, l'utilisation des chaires notamment). Je n'ai pas dit que je ne voulais pas d'Idex, j'ai dit qu'il fallait le réorienter.

Toulouse aura-t-elle un jour cet Idex qui promet la fusion des universités, des écoles d'ingénieurs et une dotation budgétaire de plus d'un milliard d'euros ?
Ce que je peux vous dire, c'est que depuis quelques jours, les discussions ont repris. Et cette fois dans un véritable esprit de concertation, en associant la communauté universitaire le plus largement possible, au sein de chaque établissement et entre les différents établissements. Une première réunion a eu lieu le 9 juillet, un site internet dédié à la concertation va ouvrir la semaine prochaine et les différents groupes de travail rendront leurs rapports fin septembre. Un vote, au sein de chaque établissement, aura lieu ensuite. Je suis très optimiste. On est passé d'une situation de tensions très fortes à une situation de concertation très positive. L'objectif est de signer la convention attributive qui définira les programmes prioritaires avec l'État d'ici le 31 décembre.

Concernant l'Idex, vous étiez opposé à l'idée d'attirer des chercheurs de renom, notamment avec des salaires élevés, pourquoi ?

L'attractivité oui, mais pas avec des sur-salaires... Dans une période où l'on doit être particulièrement vigilants sur l'utilisation des deniers publics, qui comprendrait que l'on donne des salaires extravagants à quelques personnes ? Je ne suis pas sûr que ce soit très apprécié de la communauté universitaire qui a surtout besoin d'emplois scientifiques et d'équipements. Il y a deux ans, Paris XVII a recruté un prix Nobel de physique. Et bien, il n'a pas eu de sur-salaire, il a été recruté comme prof de première classe, sans rien d'exceptionnel. En revanche, on lui a promis un environnement scientifique de très haut niveau, avec des labos qui tournent bien et des personnels très bien formés. Voilà ce qui compte !

Avez-vous rencontré Louis Gallois depuis qu'il est commissaire général aux investissements ?
Non, mais nous avons rendez-vous (tous les présidents d'universités et la nouvelle présidente du Pres Marie-France Barthet, NDLR) avec le conseiller spécial en charge des Investissements d'avenir, Bernard Carrière, à Paris le 19 juillet. C'est une réunion très importante puisque la ministre a parlé de remise à plat des Idex, à la fois sur la gouvernance et sur les programmes.

L'Université Paul Sabatier fait-elle partie des 23 universités en déficit en 2010 et 2011 et évoquées par Geneviève Fiorasso ?

Non, elle n'en fait pas partie. La situation budgétaire est fragile mais nous ne sommes pas en déficit. J'ai demandé un audit budgétaire qui sera remis en septembre. J'ai besoin d'avoir une vision très précise de l'état de nos finances pour préparer le prochain budget.

La situation budgétaire du ministère de l'Enseignement supérieur vous inquiète-t-elle ?

Oui, bien sûr, même si je ne suis pas surpris. A plusieurs reprises j'avais dénoncé, par exemple, le non financement du 10e mois de bourse. Et effectivement la Cour des comptes l'a noté. Aujourd'hui la ministre Geneviève Fiorasso se bat pour préserver le budget de l'enseignement supérieur et de la Recherche et elle le fait avec conviction. Mais il évident que nous n'attendons pas de miracle budgétaire. Nous ne nous faisons pas d'illusions. L'essentiel aujourd'hui est que l'utilisation du budget se fasse dans un esprit de justice. Et c'est pour cela qu'il faut être vigilant à ce que des dispositifs comme le PPP ne nous coûtent pas excessivement cher.

Propose recueillis par Emmanuelle Durand-Rodriguez

Photo © Université Toulouse III - Paul Sabatier

En savoir plus :

- Bertrand Monthubert, 42 ans, a été élu président de l'Université Toulouse III Paul Sabatier le 9 mai face au président sortant Gilles Fourtanier. Professeur de mathématiques, il est secrétaire national de l'enseignement supérieur et de la recherche au Parti Socialiste. Suppléant de Gérard Bapt, réélu député en juin dernier, Bertrand Monthubert était porte-parole d'Arnaud Montebourg lors des primaires socialistes en 2011.
- Le budget de l'Université de sciences Paul Sabatier s'élève à 350 M€ (dont 250 M€ de masse salariale)

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