« L'offensive d'Air France en régions se poursuit au départ de Toulouse. » La phrase d'accroche de la compagnie aérienne traduit bien l'état d'esprit dans lequel se trouvait son nouveau PDG Alexandre de Juniac, ce lundi matin à la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse 31. Mesuré, mais combattif. Lors d'une conférence de presse réunissant journalistes mais aussi représentants du monde économique, notamment du secteur aérien, il a présenté la future base d'Air France installée à l'aéroport de Toulouse Blagnac. Opérationnelle au 1er avril prochain, elle permettra à la compagnie d'ouvrir 16 nouvelles destinations, venant s'ajouter aux 12 existantes. Malaga, Athènes, Bruxelles, Genève, Hambourg, Malte, Naples, Prague, Séville, Berlin, Venise, Vienne, Casablanca, Marrakech, Istanbul et Tunis viennent se rajouter au départ de la Ville rose. « 12 nouvelles destinations en Europe, 1 en Turquie et 3 au Maghreb », résume Alexandre de Juniac. Par ailleurs, 7 vols hebdomadaires supplémentaires vers Paris Charles de Gaulle et 4 vers Paris Orly seront proposés.

Concrètement, l'organisation même de la compagnie va changer à Toulouse et s'appuiera sur « les meilleurs schémas d'exploitation des low cost » selon les termes d'Alexandre de Juniac. Au quotidien, les avions, tous de la famille A320, seront utilisés 11h30 au lieu de 8h15. Les temps de demi-tour seront réduits lors des escales. Dix appareils seront basés à Toulouse, tout comme 350 personnes (120 pilotes et 230 hôtesses et stewards) qui quitteront leur lieu de travail actuel pour être localisés dans la Ville rose. Ils y débuteront leur service. Les équipages volontaires effectueront davantage d'heures de vol sur un nombre de jours plus limité, conformément à l'accord bouclé vendredi dernier avec les syndicats. "Le côté le plus spectaculaire pour les voyageurs sera sans doute notre déménagement du hall B vers le hall C, où nous opérerons désormais", indique Christian Lahccen, directeur régional d'Air France.

« Le coût opérationnel baissera d'environ 15 % au km, afin de rétablir la rentabilité des lignes, assure Bruno Matheu, directeur général délégué commercial. Notre offre en volumes de sièges va augmenter de 24 % et nos fréquences de 11 %. Nous visons 800 000 passagers supplémentaires par an à Toulouse, soit une croissance de 10 % pour l'aéroport. » Le positionnement tarifaire se veut lui aussi agressif : les vols seront disponibles (ouverts dès cet après-midi à la réservation) à partir de 50 € TTC l'aller, « avec la même gamme de services », insiste Bruno Matheu. Un taux de remplissage de 66 % est espéré pour l'ensemble des bases en année pleine.

Pour Air France, cette annonce, attendue depuis de longs mois, est capitale. La compagnie s'est lancée dans une stratégie offensive avec le lancement de 4 bases : Marseille, lancée en septembre, Toulouse et Nice qui ouvriront en avril et Bordeaux à une date encore indéterminée. « Nous pourrons ainsi répondre à la concurrence des low cost, du train et mieux satisfaire les attentes de nos clients qui désiraient des produits moins chers et plus simples », affirme le PDG d'Air France. Ce dernier est en revanche resté très évasif sur les mesures qui attendent la compagnie dans les prochains mois. Endettée à hauteur de 6,5 milliards d'euros, Air France doit opérer un redressement financier et faire évoluer sa structure, avec un réseau court et moyen courrier déficitaire. D'après Alexandre de Juniac, janvier d'abord, mais surtout mai et juin (après l'élection présidentielle, donc) devraient apporter quelques réponses.

De nombreux représentants de la vie économique régionale étaient présents lors de cette annonce : Alain Di Crescenzo, président de la CCI Toulouse 31 qui possède 25 % des parts de l'aéroport, Christian Desmoulins, président du directoire d'Actia Group, Georges Colson, président du conseil de surveillance du voyagiste Fram, Olivier Sadran, co-président de Newrest, Philippe Robardey, président du Medef 31, Jean-Michel Verhnes, président du directoire de l'aéroport...

Mikaël Lozano

En photo : Bruno Matheu, directeur général délégué chargé du commercial d'Air France, Alexandre de Juniac, PDG d'Air France, Christian Lahccen, directeur régional d'Air France (© Rémi Benoit)