Les architectes touchés par la crise, interview de Philippe Gonçalves, conseil régional de l'ordre des architectes

Lassitude des anciens, précarité des nouveaux : les architectes sont touchés par la crise et par la baisse des honoraires. Philippe Gonçalves, le président du conseil régional de l'ordre, dresse le portrait de la profession en Midi-Pyrénées et rappelle l'enjeu des procédures publiques d'appels d'offres pour maintenir le chiffre d'affaires du secteur. Interview.Comment se porte votre profession ?
Philippe Gonçalves

Lassitude des anciens, précarité des nouveaux : les architectes sont touchés par la crise et par la baisse des honoraires. Philippe Gonçalves, le président du conseil régional de l'ordre, dresse le portrait de la profession en Midi-Pyrénées et rappelle l'enjeu des procédures publiques d'appels d'offres pour maintenir le chiffre d'affaires du secteur. Interview.

Comment se porte votre profession ?

Nous comptons à ce jour 1.554 inscrits au conseil régional de l'ordre des architectes, dont 917 exercent en Haute-Garonne. Mais ce chiffre stable ne traduit pas la réalité de la profession. Nous observons d'une part une accélération des départs en retraite chez les séniors, par lassitude ou manque de perspective. A l'inverse, il y a une augmentation des installations en libéral des jeunes diplômés qui font ce choix faute d'embauche dans les agences. Jeunes diplômés et séniors sont donc les plus touchés par la crise et la baisse de commandes. La profession a par ailleurs accusé une baisse d'honoraires de 40 % depuis 5 ans.

Quelle en est la raison ?
La crise n'explique pas tout. En l'état, les procédures de marché public favorisent la chute des honoraires de la profession. En effet, les architectes sont mis en concurrence exclusivement en fonction des montants d'honoraires et c'est ce mode d'action qui a provoqué une chute des honoraires de 40 % à 50 % en cinq ans.

Quelle serait la solution ?
Nous demandons une sélection en trois temps, tout d'abord sur les compétences, les références et les moyens, suivie par une mise en compétition par oral ou lettre méthodologique. Et enfin seulement une négociation des honoraires avec le lauréat. A ce jour, la mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques nous a donné raison sur le sujet mais peu de maîtres d'ouvrages publics suivent ses recommandations.

Où se situe la commande en ce moment dans la région ?
Actuellement, seul le secteur du logement social donne encore quelques perspectives, ainsi que les grands pôles emblématiques de Midi-Pyrénées : le médical et l'ingénierie. Mais, dans ces secteurs très spécifiques, les maîtres d'œuvres privilégient des spécialistes et les appels d'offres sont peu ouverts. Sur le front des marchés publics, c'est aussi l'accalmie accentuée par le calendrier électoral. Le Conseil général a réduit sa voilure, seule la Région maintient une activité en réhabilitation, quant aux commandes émanant des communes, elles se délitent.

Propos recueillis par Béatrice Girard
© photo DR

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