Sanofi, les dessous d'un accord qui divise

La CFDT et la CFTC ont signé cette semaine avec la direction du groupe pharmaceutique un accord portant sur les mesures d'accompagnement du plan de restructuration de la R&D (départs volontaires et mutations). Une position décriée par le syndicat Sud Chimie. Finalement, 360 emplois devraient être maintenus sur Toulouse, contre 500 prévus dans le rapport Saintouil.

Incompréhension et colère règnent au sein du syndicat Sud Chimie du site Sanofi de Toulouse : le 14 janvier, la CFDT et la CFTC ont signé au niveau national l'accord portant sur les mesures d'accompagnement du plan de restructuration de la recherche et développement. Pourtant, la semaine dernière, lors d'un référendum organisé par la CFDT à Toulouse, les salariés ont dit non à 79 % à cet accord, portant sur les départs volontaires et des mutations.

"Trahison"
?
"La CFDT a trahi ceux qui se battent pour l'avenir de ce site", dénonce Laurent Besson-Imbert, représentant syndical de Sud Chimie à Toulouse. "En signant l'accord sur les mesures d'accompagnement, on valide implicitement la restructuration et les suppressions de postes." Le syndicaliste en veut surtout à la direction du groupe. "Elle a été habile : elle a englobé Toulouse dans une problématique nationale. Résultat : la CFTC, qui n'est pas présente à Toulouse, a signé cet accord qui nous concerne directement."

Côté direction, c'est le silence à Toulouse. Il faut appeler à Paris pour obtenir des commentaires sur cet accord. "C'est le résultat d'un travail et d'un échange de qualité entre la direction et les représentations syndicales. Le dialogue a été intense et constructif. Il y a eu 11 réunions depuis le mois de juillet", indique le service communication. Pour Laurent Besson-Imbert, c'est clair, "tout le monde, d'Arnaud Montebourg à la CFDT, se satisfait de cet accord. Plus personne ne se préoccupe de l'avenir du site." 364 emplois (au lieu des 500 préconisés dans le rapport Saintouil) devraient être maintenus à Toulouse, un chiffre que la direction ne valide pas, se contentant d'affirmer que "les préconisations du rapport ministériel ont été suivies". "Au nom d'un chèque de départ, on accepte la fin de la Recherche chez Sanofi", regrette le syndicaliste.

La CFDT se défend
À Toulouse, le délégué syndical CFDT Pascal Delmas se trouve dans une situation délicate. "Non, nous ne sommes pas satisfaits, oui, nous aurions aimé obtenir davantage, reconnaît-il. Mais nous avons négocié jusqu'au bout, nous avons fait tout ce qui était dans nos moyens. La CFDT est un syndicat qui s'est toujours prononcé en faveur de la négociation plutôt que du blocage", rappelle le syndicaliste. Il a du mal à comprendre l'accusation de "trahison" de Sud Chimie. "Pour Sud Chimie, le fait de négocier est déjà une trahison !"

Concernant le référendum organisé par la CFDT sur le site Toulouse (au cours duquel 79% des salariés se sont prononcés contre l'accord), Pascal Delmas précise que les salariés affiliés à Sud Chimie ont participé à ce vote, "alors qu'ils n'ont pas participé aux négociations. Nous avons fait preuve d'ouverture et de respect." Enfin, le représentant syndical accuse Sud Chimie de mauvaise foi concernant la présence du site de Toulouse dans un projet global : "Je rappelle que ce sont les Toulousains qui ont souhaité être intégrés dans le projet de restructuration national, car cela laisse plus de perspectives de reclassement pour les salariés. Sinon, on aurait assisté à la fermeture du site, tout simplement."

Ce qui a été négocié
Conformément aux préconisations du rapport Saintouil, trois plateformes (recherche, technologie et services) vont être créées et "accompagnées pendant 5 ans pour atteindre l'autonomie", affirme la direction. Faut-il comprendre que dans cinq ans, ces salariés ne travailleront plus pour la marque Sanofi ? Pas de commentaire du service communication parisien là-dessus. "L'avenir du site n'est pas pérennisé", répète Laurent Besson-Imbert. Ces trois plateformes doivent permettre de retenir sur Toulouse 364 postes, répartis comme suit :
Plateforme technologique : 233 postes
Plateforme recherche : 91 postes
Plateforme supports : 40 postes

Par ailleurs, l'accord signé souligne la priorité donnée au volontariat (soutien à la mobilité volontaire, dispositif de transition de fin de carrière). Un paragraphe, intitulé "L'accompagnement des salariés dont le licenciement n'aura pas pu être évité" témoigne de l'échec des syndicats sur le premier de leur combat : aucun licenciement.

Sophie Arutunian
© photo Rémi Benoit

En savoir plus :
À l'issue des élections professionnelles du jeudi 16 janvier, la CFDT reste la 1ere organisation syndicale du site de Toulouse avec plus de 42 % des suffrages, mais perd un siège en CE au profit de Sud Chimie qui passe à 36 %. La CGC obtient 13 % et la CGT 7,5 % des voix.

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