Réforme territoriale : Midi-Pyrénées / Languedoc-Roussillon, le match de deux économies

Alors que Midi-Pyrénées affiche fièrement ses performances en aéronautique, Languedoc-Roussillon mise sur la e-santé. Secteurs d'activité, revenus moyens, taux de chômage : quels sont les éléments marquants des économies de Midi-Pyrénées et de Languedoc-Roussillon ? Selon la nouvelle carte de France présentée lundi soir par François Hollande, ces deux régions devraient former un seul et même ensemble d'ici au 1er janvier 2017. Tour d'horizon "économique" des deux territoires.
À chaque région son atout économique : l'aéronautique pour Midi-Pyrénées, la santé pour Languedoc-Roussillon.

Si la réforme territoriale proposée par le président de la République François Hollande était votée en l'état, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon fusionneraient, donnant naissance à une nouvelle région de plus de 5,5 millions d'habitants. Composée de 13 départements, elle couvrirait 72.000 km2, ce qui en ferait la deuxième plus grande région de France, en termes de superficie, derrière l'ensemble formé par Poitou-Charentes, Centre et Limousin. Une nouvelle entité, constituée de deux régions dont l'activité économique présente autant de différences que de points communs. Passage en revue des points forts et des points faibles de chacune d'elles.

L'industrie aéronautique et spatiale

Sans aucun doute, la force de Midi-Pyrénées reste l'industrie aéronautique et spatiale. Ainsi, selon l'Insee, Midi-Pyrénées est l'une des rares régions où l'emploi industriel progresse : + 0,3 % en 2013 par rapport à l'année précédente, ce qui représente 500 salariés supplémentaires. C'est d'ailleurs grâce à l'industrie, particulièrement la filière aéronautique et spatiale, que Midi-Pyrénées a été frappée par la crise de 2008 de façon moins prononcée que les autres régions, selon l'institut national de la statistique.

En revanche, le Languedoc-Roussillon perd 1.000 emplois dans l'industrie en 2013, soit un repli de - 1,4 % sur un an. "Cette nouvelle baisse de l'emploi industriel confirme une tendance amorcée depuis une dizaine d'années", relève l'Insee.

La santé
Le secteur économique important en Languedoc-Roussillon : la santé. La région compte 1.200 établissements sanitaires et médico-sociaux. Près de 102.000 Languedociens travaillent dans ce domaine, concentrant ainsi plus de 10 % de l'emploi total sur le territoire. En plus des salariés, plus de 22.500 professionnels de santé, médecins ou infirmiers, exercent leur activité en libéral. Un point fort qui permet d'envisager des synergies avec Midi-Pyrénées, notamment avec l'Oncopole de Toulouse.

À noter également que, dans le secteur de la santé, les deux régions sont touchées par le plan de restructuration de Sanofi, annoncé à l'été 2012. Depuis le 1er juin, 145 salariés du site de Montpellier ont accepté un départ volontaire. Le groupe pharmaceutique prévoit d'y supprimer 200 emplois au total. À Toulouse, 360 postes devraient être sauvegardés sur plus de 600. Les salariés des deux sites ont mené depuis 2 ans de nombreuses actions communes.

Le numérique
Le développement de la santé, plus particulièrement la e-santé, pourrait s'opérer grâce au numérique, considéré comme une filière d'avenir à la fois en Midi-Pyrénées et en Languedoc-Roussillon. Dans la première région, le secteur pèse 2,5 Md€ de chiffre d'affaires et 38.000 emplois directs. Un écosystème performant se développe et porte la candidature de Toulouse au label "French Tech".

Montpellier prétend également à l'obtention du label. Objectif : développer la croissance des entreprises numériques et encourager leur rayonnement, notamment à l'étranger. Le label "French Tech" sera décerné à l'automne, et les villes choisies recevront une enveloppe de 215 M€. L'initiative est financée dans le cadre du programme d'investissements d'avenir et menée par le ministère du Redressement productif, plus précisément par Axelle Lemaire, secrétaire d'État chargée du Numérique.

Les métropoles
Toulouse et Montpellier ont ce point commun qu'elles sont les moteurs de toute la région qui les entoure. 70 % des industries numériques de Languedoc-Roussillon sont concentrés à Montpellier. Le CHU de Montpellier, lui, est le plus gros employeur de la région, avec 11.500 employés.

Même constat pour Toulouse, la 4e ville de France. Le bassin toulousain représente la moitié des effectifs salariés de la région. L'aéronautique, bien sûr, est fortement implanté dans la Ville rose et ce secteur porte l'industrie de tout Midi-Pyrénées. Airbus ou Thales y sont les principaux employeurs. Martin Malvy affirme qu'il est convaincu que "Toulouse sera la capitale de la nouvelle région, car c'est la 4e ville de France".

Le tourisme
L'activité économique des régions englobe d'autres secteurs. Par exemple, l'activité touristique. En Languedoc-Roussillon, elle est en hausse en 2013, selon l'Insee. 8,5 millions de touristes ont séjourné dans les hôtels et les campings de la région. Au total, cela correspond à 34,3 millions de nuitées, soit une augmentation de 1,8 % par rapport à la saison 2012. "Languedoc-Roussillon maintient ainsi son 4e rang en terme de nuitées, derrière l'Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Rhône-Alpes", écrit l'institut national de la statistique. Dans le détail, la région est la première destination choisie par les campeurs.

Le bilan n'est pas du tout le même en Midi-Pyrénées. La fréquentation touristique des hôtels et des campings chute de 4% en 2013 par rapport à l'année précédente. Le secteur a été particulièrement touché par les inondations du mois de juin, qui ont ravagé le sud de la région, dont Lourdes.

La viticulture
Les conditions météorologiques ont également eu un effet néfaste sur la production de vins en Midi-Pyrénées. Celle-ci est en retrait de 33 % entre 2012 et 2013. À l'inverse, chez son voisin languedocien, "le bilan de la vendange 2013 est positif tant en volume qu'en qualité", souligne l'Insee. La production viticole de la région, qui compte 236.000 hectares de vignes, a fortement progressé, "portant sa part dans la production nationale à 32 % contre 29 % en 2012". Certes, le Languedoc-Roussillon a été touché par un printemps long et pluvieux, mais a bénéficié d'une météo favorable en septembre et octobre, ce qui a permis une maturation régulière des raisins.

En fusionnant avec Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon conforterait son statut de premier bassin viticole français.

La construction
Concernant la construction, en revanche, personne ne tire son épingle du jeu. Les difficultés du secteur persistent dans les deux régions. En Midi-Pyrénées, tout d'abord, le net repli des autorisations de constructions en 2012 se traduit par un recul de 23 % du nombre de logements mis en chantier en 2013. Le secteur a perdu 2.300 salariés l'année dernière (- 3,6 % en un an).

C'est un peu plus qu'en Languedoc-Roussillon, où les pertes d'emplois dans la construction s'élèvent à 2.100 en 2013. Le secteur connaît ainsi "sa sixième année consécutive de baisse", rapporte l'Insee de la région. Depuis 2008, 11.900 postes y ont été supprimés.

Le revenu moyen
Globalement, un Midi-Pyrénéen est mieux rémunéré qu'un Languedocien. Selon les données Dads (Déclaration annuelle de données sociales) 2010, Midi-Pyrénées est la 5e région où l'on gagne le mieux sa vie, à savoir 31.547 € brut par an, derrière l'Ile-de-France, Paca, Rhône-Alpes et l'Alsace. Languedoc-Roussillon, de son côté, se situe dans le milieu du palmarès avec un salaire moyen annuel de 30.576 € brut.

Le taux de chômage
Au regard des chiffres du chômage, pas de "vainqueurs", mais un grand perdant. Le Languedoc-Roussillon est la région métropolitaine la plus touchée par le chômage. Fin 2013, 13,9 % de la population active n'a pas de travail, contre 9,8 % au niveau national. Le département des Pyrénées-Orientales est même celui présentant le plus fort taux de chômage (14,6 %). Au total, 266.000 Languedociens sont demandeurs d'emploi. Conséquence : la moitié de la population en Languedoc-Roussillon bénéficie de prestations de la caisse d'allocations familiales (Caf), selon l'Insee. Et près d'une personne sur 5 vit en-dessous du seuil de pauvreté, contre une sur 7 au niveau national.

Midi-Pyrénées enregistre aussi un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, soit 10 %. Dans les deux régions, les seniors de plus de 50 ans sont les plus touchés.

Le climat politique
Certains font un lien entre le fort taux de chômage et la montée du Front National. Lors des récentes élections européennes, le 25 mai dernier, le candidat FN Louis Alliot est arrivé en tête avec 24,71 % des voix dans la circonscription du Sud-Ouest, dont font partie Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Aux municipales de mars, la ville de Béziers avait été l'un des symboles de l'ascension du parti d'extrême-droite avec la victoire de Robert Ménard.

En revanche, notons que, comme la quasi-totalité des Régions françaises, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon sont dirigées par des socialistes. Les présidents de Conseils généraux, dans les 13 départements, sont également à gauche.

Marie Vivent
© photos Rémi Benoit

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