Midi-Pyrénées : c'est officiel, les femmes gagnent 28 % de moins que les hommes

Pour la première fois, l'Insee Midi-Pyrénées publie une étude régionale consacrée aux inégalités salariales entre hommes et femmes. Résultat : le revenu annuel net moyen des femmes salariées du territoire est inférieur de 28 % à celui des hommes. Un phénomène qui s'atténue depuis cinq ans, mais pas pour les salariés les plus modestes.
L'inégalité salariale concerne l'ensemble des secteurs d'activité

C'est une grande première. Le partenariat tissé entre l'État, l'Insee Midi-Pyrénées et la Délégation régionale aux droits des femmes et à l'égalité est à l'origine d'une étude entièrement consacrée aux inégalités salariales entre hommes et femmes. "Il était d'autant plus important de faire un focus sur notre région que nous faisons partie des neuf "territoires d'excellence" français engagés par le ministère des Droits des femmes dans la lutte contre les inégalités", estime Catherine Hugonet, déléguée régionale aux droits des femmes et à l'égalité.

Des écarts à tous les étages

L'étude dévoilée aujourd'hui démontre qu'en 2010, les femmes salariées du secteur privé de Midi-Pyrénées ont perçu un revenu annuel moyen de 15.870 euros. "C'est 28 % de moins que les hommes, constate Martine Tornero, chargée d'études à l'Insee. Quant au salaire horaire net moyen des femmes, il est inférieur de 21 % à celui des hommes. Ces écarts sont liés en partie à un volume d'heures supplémentaires plus faible chez les femmes, mais aussi au temps partiel, qui les concernent à 37 %, contre 14 % pour les hommes."

L'inégalité s'illustre particulièrement au bas de l'échelle salariale, où les femmes occupent une position largement majoritaire. Mais le phénomène se retrouve également à l'autre bout de la chaîne. "Nous notons de fortes inégalités femmes-hommes chez les salariés les mieux rémunérés, note Martine Tornero. D'ailleurs, les femmes cadres se hissent plus difficilement que les hommes à de très hautes fonctions."

Ces écarts de salaire se creusent tout au long de la carrière. "Chez les salariés âgés de moins de 26 ans, les écarts observés sont relativement faibles, à environ 8 %, précise Martine Tornero. En revanche, chez les 50 ans et plus, ils dépassent les 26 %. Entre les deux, les femmes voient leur évolution professionnelle freinée par des "ruptures" dans leur parcours : maternités, congés parentaux, temps partiel..."

La question de la discrimination

Au-delà des chiffres se pose la question de la discrimination. "Certains écarts de salaires sont "expliqués" par les variables d'étude, que ce soit le temps partiel, les heures supplémentaires ou encore les secteurs d'activités choisis, explique Jean-Philippe Grouthier, directeur régional de l'Insee. Mais "expliqué" ne veut pas dire "justifié" ou "non-discriminatoire". Pourquoi certaines femmes s'orientent davantage vers des métiers moins rémunérateurs ? C'est une vraie question. Les inégalités sont liées à une multiplicité de facteurs en amont. Des questions de formation, de choix d'investissement personnel et professionnel... Il existe parfois une forme de discrimination véhiculée par la société."

Une amélioration encore inégalitaire

Depuis cinq ans, les inégalités entre hommes et femmes semblent cependant s'atténuer légèrement. Mais le phénomène est moins lié à un véritable rééquilibrage salarial qu'à une augmentation plus rapide du volume d'heures travaillées par les femmes. Autre réserve : cette amélioration ne concerne pas les salariées les plus modestes. "La réduction des inégalités ne touche en réalité que les mieux rémunérés", confirme Martine Tornero.

Après le constat, l'action ?
Le constat posé, reste à mettre en place des actions concrètes. "Les entreprises ont l'obligation légale d'engager des démarches destinées à améliorer les situations", rappelle Catherine d'Hervé, directeur régional de la Direccte Midi-Pyrénées. Mais dans les faits, il est très rare que des procès-verbaux soient dressés. Et pour cause : il est souvent difficile de faire la part des choses entre les différences de parcours professionnels liés au poids des représentations sociales et les véritables discriminations. "Nous devons faire avancer les choses, estime Jean-Philippe Grouthier. C'est notre priorité à tous."

Alexandre Léoty
© photo Rémi Benoit

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