La situation de l'emploi en Midi-Pyrénées continue de se dégrader au mois de juillet avec une progression de 0,9 % sur un mois du nombre de demandeurs d'emploi en catégories A, B et C. Pôle Emploi recense 250 700 demandeurs d'emplois en Midi-Pyrénées, soit 5,4 % de plus que l'année dernière à la même époque. Le taux de chômage en Midi-Pyrénées atteint les 10 %. "Midi-Pyrénées se situe à peu près dans la moyenne nationale (9,7 %, NDLR), commente Joël Dubois, responsable du service études et statistiques à la Direccte Midi-Pyrénées. En revanche, la catégorie A est stable en Midi-Pyrénées alors que le nombre de demandeurs de cette catégorie a progressé au niveau national. Mais ce sont des résultats sur un mois dont on ne peut tirer beaucoup d'enseignements."

À rebours de la tendance, les secteurs de l'industrie aéronautique et des services marchands sont tous deux en progression. Selon Joël Dubois, "ces deux secteurs tirent l'emploi au premier trimestre". Concernant les prévisions pour la fin d'année 2014, Joël Dubois estime pouvoir "escompter une légère hausse de l'emploi intérimaire au deuxième trimestre". Celle-ci "pourrait permettre une progression de l'emploi dans la région."

Hausse des besoins en main d'œuvre
D'après une récente étude de Pôle Emploi sur les "besoins en main d'œuvre" en 2014, 87 100 recrutements devraient avoir lieu cette année en Midi-Pyrénées, dont 34 300 dans le bassin toulousain. Une augmentation de 6,1 % par rapport à 2013. Les chefs d'entreprise régionaux seraient-ils en train d'annoncer la reprise économique ? "En tout cas, c'est une tendance qui se confirme depuis plusieurs années, constate Pierre Brossier, responsable du service statistiques, études et évaluations de Pôle Emploi Midi-Pyrénées. En 2010, nous ne comptions en effet que 78 637 intentions de recrutements."

Cette évolution se traduit par des volumes d'intentions d'embauche relativement importants au sein des grands groupes, comme Airbus, Capgemini, ou même - dans un tout autre genre - McDonald's. Mais pas seulement. "On a souvent tendance à parler des recrutements opérés par les grands comptes, car ils sont sujets à un turn-over naturel, explique Pierre Brossier. Mais il faut bien comprendre que ce n'est pas là que se trouve le gros des embauches." En effet, près de la moitié des projets de recrutement concerne des entreprises de moins de dix salariés et 70 % émanent de sociétés de moins de 50 salariés. Contrairement à certaines idées reçues, les groupes de plus de 200 collaborateurs ne représentent d'ailleurs que 13 % des intentions d'embauche. En revanche, il est vrai que la propension à recruter est toujours beaucoup plus forte au sein des grandes entreprises (79 % d'entre elles sont recruteuses) qu'au sein des TPE de moins de 10 salariés (seulement 18 %).

Disparité des bassins d'emploi
Autre facteur à prendre en compte : le bassin d'emploi. Si la région, portée par son pôle aéronautique, affiche un réel dynamisme en termes de recrutements, les disparités sont palpables entre les différents départements de Midi-Pyrénées. "Le bassin toulousain est le deuxième de France, rappelle Pierre Brossier. Il rassemble 39 % des besoins de main-d'œuvre de Midi-Pyrénées. Et c'est à la fois notre richesse et notre problématique. Le phénomène d'aimant peut en effet être complexe à gérer. Quand on est à Souillac, à la tête d'une PME, et que l'on forme un chaudronnier qui part finalement quelques années plus tard à Toulouse, c'est forcément difficile à vivre."

Les secteurs qui peinent à recruter
Certains métiers restent aujourd'hui toujours en tension, l'offre ne rencontrant pas la demande. C'est notamment le cas des services à la personne, portés par des entreprises comme Babychou, Viveo ou O2, qui recrutent massivement mais peinent toujours à attirer les candidats. Même chose du côté de l'hôtellerie-restauration. La filière souhaite embaucher 10 000 personnes cette année, mais elle souffre d'un déficit d'image et d'une inadéquation entre ses besoins et la main-d'œuvre réellement disponible sur le marché. "Nous avons beaucoup de besoins, c'est vrai, mais nous recherchons avant tout du personnel qualifié, précise Guy Pressenda, président de l'Union des métiers et industries de l'hôtellerie Midi-Pyrénées. Malheureusement, les établissements ont beau chercher de tous les côtés, ils ne trouvent pas suffisamment de professionnels formés."

D'autres profils restent toujours très recherchés par les employeurs, au sein du secteur de l'industrie qui devrait recruter (hors agroalimentaire) près de 4 800 personnes cette année. Mais là encore, les talents se font souvent trop rares. "Il y a un gros travail de pédagogie à réaliser, notamment auprès des jeunes, estime Pierre Brossier. Il faut qu'ils comprennent que l'industrie, ce n'est pas la mine, et que l'on trouve plus facilement un emploi en Midi-Pyrénées quand on est chaudronnier que quand on a un bac + 5 en psycho."

Parmi les autres secteurs recruteurs en Midi-Pyrénées en 2014, il faut compter sur l'agriculture et l'industrie agroalimentaire (plus de 18 000 embauches programmées), avec des sociétés comme Vivadour, Euralis ou Nataïs. Mais aussi sur les services aux entreprises (18 700 postes), avec notamment Celad et Alten, et, dans une moindre mesure, le commerce (8 500 emplois), porté par la grande distribution. Avec 3 755 projets d'embauche et seulement 15 % des établissements potentiellement recruteurs cette année, le BTP, lui, est toujours à la peine. "Nous connaissons une décroissance continue de nos effectifs depuis 2007, se désole Thierry Le Friant, président de la Fédération régionale des travaux publics. 2 500 emplois ont déjà été perdus."

10 000 emplois dans 100 entreprises en Midi-Pyrénées
Dans ce contexte, la recherche d'emploi reste plus que jamais un jeu d'agilité. Pour mettre toutes les chances de leur côté, les demandeurs d'emplois doivent tenir compte des réalités du marché - y compris "caché" - et doivent rester connectés à l'actualité des entreprises. Ils peuvent ainsi commencer par se plonger dans les 10 000 offres d'emplois proposées par les 100 entreprises que nous avons rassemblées dans notre enquête, publiée dans le nouveau numéro d'Objectif News, en kiosque depuis le 2 septembre.

Alexandre Léoty et Adrien Serrière
©photo Rémi Benoit