Y aura-t-il un pilote dans l'avion en 2050 ?

Plus automatisés et plus fiables, les avions du futur se passeront-ils un jour de pilote humain ? L'Académie de l’air et de l’espace étudiera la question lors d'un congrès en juin prochain. L'enjeu : réduire le nombre d'accidents en vue d'un accroissement du trafic aérien.
Des pilotes de la compagnie Air France

Les pilotes de ligne s'appelleront-ils tous Georges en 2050 ? Ainsi surnommé par de nombreux aviateurs, le pilote automatique peut prendre en charge une part croissante des phases des vols, du décollage à l'atterrissage.

"Le pilote automatique permet d'élever les taux de réussite et d'améliorer les performances, explique Alain Garcia, vice-président de l'Académie de l'air et de l'espace et ancien directeur général technique d'Airbus. Sur les avions modernes, l'aide au freinage permet par exemple d'assurer une meilleure sécurité pour l'atterrissage et d'optimiser le roulage au sol. Cela permet d'économiser du carburant et d'augmenter les taux d'utilisation des pistes."

Si Georges est si efficace, à quoi servent les pilotes en chair et en os ? "C'est le cœur du sujet, reconnaît Alain Garcia. Les systèmes automatiques sont conçus pour gérer de nombreux scenarii, mais l'intervention humaine reste nécessaire dans certains cas. Toute la question est de savoir jusqu'où peut aller l'automatisation."

Après un premier colloque consacré au visage de l'aviation à l'orée 2050, l'Académie de l'air et de l'espace compte répondre à cette question lors d'un colloque international les 1er et 2 juin à Toulouse.

Réduire le taux d'accident

L'enjeu est d'importance. D'ici à 2050, le trafic aérien pourrait être multiplié par quatre. Au taux actuel d'un accident pour un million de vol, le nombre de catastrophes va mécaniquement augmenter. "Pour conserver l'image sûre de ce moyen de transport, il faut donc diminuer le taux d'accidents, constate Alain Garcia. L'automatisation des vols peut être une solution."

Dans les années 80, l'automatisation des commandes de bord avait permis de réduire de trois à deux le nombre de pilotes. "En montant la fiabilité des systèmes, on pourrait réduire ce nombre, assure Alain Garcia. Et, dans l'absolu, avoir des vols sans pilote."

Pour étudier la faisabilité d'un tel projet, l'Académie de l'air et de l'espace a établi six scenarii en forme de feuille de route.

  • Scénario 1 : Intégration progressive des automatismes dans les commandes de vol.
  • Scénario 2 : Réduction du nombre de membres d'équipage de trois à deux pour les très longs courriers, grâce à un pilote automatique suffisamment fiable.
  • Scénario 3 : Conception d'un avion autonome piloté par un seul pilote assisté par une aide au sol lors de vols court courrier.
  • Scénario 4 : Extension de ce dispositif pour les vols moyens et longs courriers.
  • Scénario 5 : Suppression de l'aide au sol rendue inutile par des systèmes automatiques embarqués suffisamment fiables. Un pilote resterait à bord pour assumer le rôle de commandant de bord.
  • Scénario 6 : Suppression des pilotes dans les avions de marchandises.

"Avec un programme dynamique, on pourrait arriver au scénario 5 en 2050-2070, estime Alain Garcia. Il semble raisonnable de considérer ces scénarios pour analyser leurs conséquences. Le colloque de juin prochain doit permettre d'évaluer les besoins en formation pour les pilotes et en matériel."

Adapter la machine aux capacités humaines

Le rôle de l'homme dans l'avion est appelé à changer. Tout en restant maître à bord, le pilote devra être davantage superviseur qu'opérateur grâce à des systèmes automatiques considérés comme des "prothèses intelligentes amplifiant ses capacités physiques et cognitives".

Pour arriver à cela, une réflexion sur le matériel est nécessaire car les pilotes doivent faire face à des machines toujours plus complexes. "Il faut inverser cette tendance, conclut l'ancien directeur technique d'Airbus, et concevoir des automatismes capables de s'adapter aux limites des capacités humaines."

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